La croix de cimetière
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Le rapport entre les morts et les vivants se modifie durant tout le haut Moyen Âge. A partir du IXe siècle, rompant avec l’exclusion antique des défunts hors les murs de la cité, le Moyen Âge va faire cohabiter les vivants et les morts sous l’autorité de l’Eglise.
L’espace cémétérial devient progressivement indissociable de l’église. Les morts étaient inhumés à la fois dans l’église, contre ses murs et alentour. Pendant des siècles église et cimetière demeurèrent des lieux contigus, complémentaires et indissociables.
Il est difficile à l’homme contemporain, selon notre sensibilité d’aujourd’hui, de saisir les odeurs, les émanations, en un mot l’insalubrité occasionnées par ce remue-ménage.
La place actuelle située devant l'église du bourg, à l'ouest, occupe l'emplacement de l'ancien cimetière qui se situait là jusqu'en 1873-1874.
Dès le deuxième tiers du XVIIIe siècle l’état de chose séculaire de phénomènes observés dans les tombeaux ( bruits, émanations pestilentielles ) est à nouveau dénoncé, non plus comme des manifestations du diable mais des phénomènes naturels et néanmoins fâcheux auxquels il faut remédier.
L’idée finira par s’imposer que si l’on faisait « une fosse à chaque mort et ce dernier ne sentira plus rien ». Cet argument initial de salubrité et d’hygiène publiques revêtira par la suite une dimension de dignité et de piété.
Une « Déclaration du roi concernant les inhumations » sur la prise en compte hygiéniste des cimetières est édictée en 1776.
Mais c'est le décret du 12 juin 1804 (ou 23 prairial an XII), prit par Napoléon I er qui devait assurer, à quelques modifications près jusqu’à nos jours, la réglementation des cimetières et des funérailles.
Il confirmait notamment l’interdiction d’enterrer dans les églises et dans les villes et posait ensuite le principe que les corps ne devront plus jamais être superposés mais toujours juxtaposés.
A Buxerolles c’est bien après ce décret napoléonien que le cimetière fut transféré des abords de l’église à son emplacement actuel très à l’écart du bourg.
Une commission fut d’abord chargée le 4 juin 1871 d’examiner la question du déplacement pour raison d’insalubrité publique et s'avérant trop petit. Une étude est confiée en 1872 à l'architecte Ferrand pour ériger une croix et construire le mur de clôture et le portail. Ce projet ne semble pas avoir été retenu. Malgré tout, le conseil municipal confirme sa décision le 30 mars 1873, et le transfert a lieu au cours de l'année 1874 .
De lieu placé au centre de la communauté des vivants, le plus souvent autour des églises, le cimetière à la périphérie est désormais devenu un lieu à part, de visite aux morts.
Les extrémités des branches de la croix se terminent par un élargissement en forme de flèche.
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