La tour Gauzlin
Il est intéressant de noter ici que la forme et le modelé des lions (ou lionnes) sont rendus avec un soin extrême et qu'ils ne sont pas effrayants. Par ailleurs, leur queue s'enlace avec des rinceaux d'acanthe qui sortent de la bouche d'un homme.
L'acanthe, déjà, chez les Grecs, symbole d'immortalité, est associée, dans le monde roman à la Résurrection.
Dans le Physiologus, bestiaire alexandrin du IVe ou Ve siècle, fort lu et maintes fois copié dans le cours du Moyen Age, le lion a des comportements qui peuvent en faire un symbole du Christ. Il efface sa trace avec sa queue, comme le Christ masque sa divinité en s'incarnant. Il dort les yeux ouverts, comme le Christ, en ce qu'il est Dieu, ne cesse de veiller même lorsque son corps dans le Tombeau. Origène (théologien du IIIe siècle) soutient que le souffle du lion sur ses petits morts-nés les rappelait à la vie. Enfin, il avait la réputation (pas toujours confirmée par les martyrs chrétiens du monde romain) d'être miséricordieux, généreux, épargnant les adversaires qu'il avait vaincus.
Cela ne nous permet cependant pas de donner une interprétation de ce chapiteau. Des éléments demeurent obscurs: les visages d'hommes sur les côtés (l'un barbu, l'autre moustachu), les têtes humaines sur lesquelles s'appuient les pattes de six des huit lions, etc. Les images demandent à être maniées avec infiniment plus de prudence que ne se le permettent certains trapèzistes du symbole.
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