Une richesse discrète au pays des buis
à découvrir par l'image
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A la croisée des chemins

La commune de Buxerolles ( Vienne ) s'honore de posséder sur son territoire trois maisons de maître répondant aux caractéristiques d'un logis appartenant à un gentilhomme des champs.
Au cours des aléas de l'histoire ces demeures et les terres attenantes qui faisaient partie au départ d'un ancien fief passèrent entre les mains de roturiers enrichis dans le commerce, la justice, l'administration, les finances voire de professeurs et médecins...

Il s'agit des domaines de
La Loubantière, de La Charletterie situés sur le plateau et de Clotet sis dans la vallée.

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- Carte IGN 1727 E, série bleue, POITIERS, 1: 25000.


D'un manoir à l'autre
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Le terme manoir vient du latin " manere " qui signifie demeurer un certain temps. C'est l'habitation du propriétaire d'un fief, non fortifiée et située à l'extérieur d'une ville. Ce n'était en aucun cas un édifice à vocation militaire, puisqu'il il était interdit au vassal maître des lieux de l'équiper de tours. C'était généralement dans un hameau la construction la plus vaste, la plus belle et la mieux équipée, entourée des terres de son domaine que " ses " paysans cultivaient.


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La Loubantière


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La Charletterie
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Clotet

La bâtisse appelée aussi gentilhommière qualifiera, par extension, une résidence de maître ou d'agrément de caractère, d'une certaine importance par rapport aux autres habitations du territoire.
A la tête d'un domaine agricole, ces demeures se distinguaient des fermes par leur architecture, qui devait signifier le rang de leur propriétaire. Bien que selon les spécialistes il n'y a pas de style proprement poitevin on peut décerner quelques constantes dans ces édifices des XVIII-XIXèmes siècles : une certaine recherche de la symétrie, l'emploi de la pierre de taille en disposition " crénelée " ( ou dentelée ) pour marquer les angles des façades, des cheminées et entourer les baies...

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La Loubantière * Clotet

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La Charletterie

Au pays des buis, le logis, largement clos de murs et dans son écrin de verdure, est de type rectangulaire, et coiffé d'une toiture à quatre versants couverte d'ardoises.
Un étage surmonte un rez-de-chaussée ; des lucarnes donnent du jour, de l'aération et/ou permettent l'accès aux combles.
La façade possède de grandes ouvertures.
Une chapelle pouvait exister.
L'habitation du fermier ou du métayer est située dans la cour du manoir ; les granges et communs couverts en tuiles romanes complètent l'ensemble du domaine.

Historiquement, le manoir étant l'expression des droits et des prérogatives attachés au fief, le droit de posséder un colombier était un de ces droits lié à l'exercice des " droits utiles ordinaires ".
Faut-il rappeler qu'avant l'abolition des privilèges, nuit du 4 août 1789, la possession d'un pigeonnier était liée au pouvoir seigneurial. Le colombier était un signe extérieur de richesse puisqu'il témoignait de la puissance du seigneur par sa taille et le nombre de ses boulins. La Révolution ayant aboli l'élevage de pigeons en tant que droit seigneurial, le pigeonnier perd ses lettres de noblesse.
Si les pigeons occupèrent pendant longtemps une place si importante c'est que la colombine, ou fumier de pigeon, était utilisée comme engrais pour les cultures exigeantes en raison de leur teneur en azote et en acide phosphorique. Chaque pigeon en produisait deux à trois kilos par an.
Ce fumier était si important économiquement qu'il pouvait entrer, au titre de dots, dans les contrats de mariage dans certaines régions comme le Quercy. Le pigeon était également considéré comme un mets de choix ; il apportait des compléments à une alimentation composée surtout de céréales.
On distingue les
pigeonniers " à pied ", séparés du corps du logis, dont les nids appelés boulins étaient disposés jusqu'au sol des fuies dont les boulins ne recouvrent qu'une partie des parois, le reste étant à usage de grenier, poulailler, entrepôt...
Sur notre territoire buxerollois les deux modèles se retrouvent. Le type de pigeonnier-tour à toiture conique en poivrière se retrouve à la Loubantière ( 1528 ) et à la Charletterie ( XVIIe siècle ). A Clotet, le pigeonnier, beaucoup plus récent, est une construction carrée coiffée d'une toiture pyramidale à quatre pentes.

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La plupart des photos ont été prises depuis le domaine public ( la rue, les chemins, les espaces verts ... ) afin de respecter la liberté et l'intimité des habitants.
Cependant, monsieur Ernst-Wilhelm PROESCHOLDT nous a aimablement ouvert les portes de sa propriété de Clotet ; qu'il soit ici vivement remercié.

L’intérieur des domaines n'étant généralement pas accessible ( propriétés privées ) tous ceux qui en d'autres temps auraient eu la chance d'apprécier de visu les beautés patrimoniales qu'ils recèlent seront frustrés par ce site qui n'a pu les mettre en valeur.
Compte tenu de ces limites, ce travail espère malgré tout permettre au visiteur internaute
une bonne (re)découverte virtuelle de ces trésors cachés du pays des buis...

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