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Images de la luxure
Eglise Saint-Pierre de la Tour, Aulnay de Saintonge, Charente-Maritime.
LUXURIA / CASTITAS
Si l'être humain veut essayer de s'élever dans la fameuse " échelle du salut ", c'est-à-dire progresser jour après jour, il doit faire attention dans son existence quotidienne à ne pas laisser libre cours à des comportements les plus déréglés. Il doit savoir dominer certaines pulsions extrêmes. Ce thème de la maîtrise des passions est largement traité dans l'imagerie romane.
L'un des moyens les plus usuels retenus par l'Église pour combattre la luxure a été de stigmatiser ce péché capital dans les représentations de l'enfer, au tympan des portails du jugement dernier. Ainsi, la disqualification directe d'un comportement sexuel comme la luxure peut-être signifiée par son châtiment. La femme est ainsi punie par où elle a péché. Au Moyen Âge les scènes des transgressions sont globalement des images de norme, elles sont là à titre moralisateur. Elles sont produites par les commanditaires dans une logique didactique reposant sur l'image du mal. En un sens de telles figurations feraient partie de l'ordre.
Le maintien de l'ordre passe ici par l'image de ce qu'il ne faut pas faire. L'autorité médiévale estime que les comportements conformes aux valeurs normatives - les modèles - sont plus aisément favorisés par la représentation de ce qu'il n'est pas permis de faire - les contre-modèles. Dans cette perspective l'anormal semble pouvoir renvoyer à la norme édictée par l'Eglise, source majeure des valeurs morales.
Dans le contexte chrétien de l'époque où la bonne sexualité ne se mesure pas au plaisir des partenaires, l'union matrimoniale réussie est procréatrice.
☞ Représentations traditionnelles de la luxure
Les êtres humains aux prises avec les passions sont représentés par une femme nue dont les seins sont mordus par des serpents.
Ce sont des illustrations du thème " nourrir ses passions " ( en général, symbolisation du thème de la luxure).
Abbaye Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne, Corrèze.
À gauche du porche de Beaulieu, sur le contrefort ouest, trois vices sont représentés en bas-reliefs :dont la luxure avec la femme aux seins et au sexe dévorés par des serpents et un crapaud.
Tympan de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun, Saône-et-Loire.
Parmi les damnés on observe cette femme à la poitrine dévorée par des reptiles.
Eglise de Mailhat, Puy-de-Dôme.
Image classique des serpents s'abreuvant aux seins d'une femme dévêtue.
Cloître de l'abbaye de Lavaudieu, Haute-Loire.
Une évocation de la luxure avec le femme tétée par des salamandres au lieu de serpents.
Porte des Comtes Basilique Saint-Sernin, Toulouse, Haute-Garonne.
La luxure au féminin : évocation traditionnelle d'une femme nue allaitant deux serpents.
Abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes, Deux-Sèvres.
Encore une illustration classique sur la façade de l'église.
Eglise Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux, Deux-Sèvres.
Un des chapiteaux ouvragés de la façade illustre bien le thème " nourrir ses passions "avec ces serpents tétant une femme luxurieuse.
Maison-Dieu de Montmorillon, Vienne.
Une femme nue allaitant des serpents ; cette sculpture peut être vue comme une illustration de la luxure.
Eglise Saint-Hilaire, Melle, Deux-Sèvres.
Ici la femme est tétée par d'autres êtres fantastiques. 
Eglise de Limalonges, Deux-Sèvres.
Encore une illustration dans une petite église rurale.
☞ Saynètes illustrant des comportements luxurieux
Abbatiale Sainte-Foy, Conques, Tarn-et-Garonne.
Evocation de la luxure ou de la femme adultère liée par le cou avec son amant.
Abbaye Saint-Pierre, Moissac, Tarn-et-Garonne.
Un diable obèse et pieds griffés côtoie une femme à la poitrine et son anatomie intime sucées par des serpents ; figuration classique de la punition d'une conduite luxurieuse.
Basilique de Vezelay, Yonne.
Chapiteau de la nef évoquant la luxure. 
Portail central de l'abbaye Saint-Vincent, Nieuil sur-l'Autise, Vendée.
La luxure : une femme, étendue sur un lit, semble attirer par son vêtement un homme une main sur un feuillage. 
Portail central de l'abbaye Saint-Vincent, Nieuil sur-l'Autise, Vendée.
Sur la seconde face très érodée l'homme tente de s'échapper en abandonnant le vêtement que la femme toujours étendue avait saisi.
Eglise priorale de Foussais-Payré, Vendée.
Une représentation de la luxure : un couple à l'angle droit de la corbeille se livre à des attouchements sexuels ; à gauche un homme d'église brandit d'une main une croix et de l'autre un attribut du pouvoir.
Eglise priorale de Foussais-Payré, Vendée.
La Chasteté armée d'une épée pourchasse la Luxure représentée sous la forme d'un personnage relevant manifestement ses vêtements....
Ancienne église priorale de Saint-Myon, Puy-de-Dôme.
Encore une évocation de la luxure ? Une femme aux jambes relevées vers le haut
semble repousser un homme. Deux têtes de serpents - symbolisant la tentation - encadrent son visage.
Abbaye-aux-Dames, Saintes, Charente-Maritime.
Un chapiteau différent des autres : ici c'est la condamnation de la luxure au masculin qui est évoquée
Le damné est dévoré par où il a péché : le sexe.
Eglise de Biron, Charente-Maritime.
Une nouvelle condamnation de la luxure au masculin est évoquée sur ce chapiteau extérieur du portail.... Être diabolique dévorant les organes sexuels d'un homme ayant succombé aux délices de la chair.
Porte des Comtes à la basilique Saint-Sernin, Toulouse, Haute-Garonne.
La luxure au masculin se retrouve aussi en Occitane : deux diables labourent le bas-ventre d'un homme avec des instruments de supplice en raison de ses excès sexuels.
☞ Varia
U
Ancienne abbatiale Saint-Martin de Plaimpied, Cher.
Le sujet de la sirène pisciforme présentait de nombreux avantages : un thème à haute valeur esthétique et ornementale qui se prêtait à tous les traitements ; un thème utilisable par les clercs qui y trouvaient matière à sermons sur les dangers de la séduction féminine.
La sirène, belle, séductrice, luxurieuse pouvait s'appréhender comme l'archétype de la féminité dans tout ce qu'elle pouvait représenter de dangereux selon l'éthique dominante de l'époque que révèle la littérature du temps. Or, les textes médiévaux sont pour une grande part l’œuvre de religieux écrivant pour d’autres clercs formés pour avoir une défiance envers la gent féminine, la nudité des corps et les comportements sexuels. La luxure étant un péché inséparable de la femme dans la pensée chrétienne du temps !!!
Eglise de Vouvant, Vendée.
Une sirène à double queue à l'abondante chevelure. Aux angles du chapiteau deux personnages lui tiennent la queue pendant que des serpents viennent lui téter la poitrine.
Collégiale Saint-Etienne de Dun-sur-Auron, Cher.
La sirène pisciforme, à ceinture, les seins tombants, est dans une attitude particulièrement lascive.
Ancienne abbatiale de Saint-Genou, Indre.
Singe monté sur un porc. Au second degré on a pu voir une évocation du péché de luxure…
Eglise de Bourbon-l'Archambault, Allier.
Chapiteau dit de la luxure : Deux personnages montés sur un bouc jouent du cor en entourant un diable cornu.
Abbatiale Saint-Austremoine, Issoire, Puy-de-Dôme.
Une représentation auvergnate du même type de la luxure.
** Même à l’époque médiévale les hommes et les modes franchissent les frontières des provinces. Des échos du thème peuvent être perçus dans certains foyers éloignés comme ici de l'autre côté des Pyrénées.
Eglise Santa Maria La Real de Sangüesa, Navarre Espagne.
Représentation de la luxure sur une voussure du tympan du Jugement dernier. 
Eglise Santa Maria La Real de Sangüesa, Navarre Espagne.
Sur un écoinçon du tympan du Jugement dernier une femme est tétée par des serpents et un crapaud.
Chapiteau de la cathédrale de Saint Jacques de Compostelle, Galice, Espagne.
La femme sucée par des batraciens devant des serpents.
Galerie sud du cloître de la cathédrale de Gerone, Catalogne, Espagne.
Des reptiles mordent la poitrine de deux femmes.
Cloître du monastère de Sant Pau del Camp, Catalogne, Espagne.
Un énorme batracien tète les seins de la femme lubrique à la longue chevelure, vêtue d'une jupe plissée
Détail : le crapaud sur la poitrine tombante de la femme à titre de punition.
Eglise Saint-Léger-de-Montbrillais, Vienne.
A droite de la porte, un chapiteau évoque le vice : une femme allaite deux crapauds pendant qu'elle est surveillée par un serpent.
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Références
* Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-le-Duc ( 1856 )
https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=Dictionnaire+raisonn%C3%A9+de+l%27architecture+fran%C3%A7aise+du+XIe+au+XVIe+si%C3%A8cle%2C+par+Eug%C3%A8ne+Viollet-le-Duc+%28+1856+%29
* BNF Les essentiels
https://essentiels.bnf.fr/fr/image/6d742bb6-8c59-410e-9daa-200c1ef7852f-allegories-lintemperance`
* Hortus deliciarum, Herrade de Landsberg, XIIe siècle ©oberlin
| https://www2.oberlin.edu/images/Art310/10644.JPG |
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