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L'avarice et la luxure dans l'art roman
L'avarice et la luxure dans l'art roman
  • © 2024 joël jalladeau Courriel 0

L'avarice et la luxure dans l'art roman

Une mise en scène de la foi médiévale

LE THEME DE L'ECHELLE DU SALUT

Il s'agit d'une échelle mystique illustrant la foi médiévale dans la lutte du bien et du mal.

* L'une des illustrations les plus célèbres de l'Hortus deliciarum, encyclopédie réalisée entre 1159 et 1175 par Herrade de Landsberg, est celle de l'échelle des Vertus.

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Hortus deliciarum, Herrade de Landsberg, XIIe siècle ©oberlin
https://www2.oberlin.edu/images/Art310/10644.JPG


Le miniaturiste qui illustra l’Hortus deliciarum essaya de donner une représentation plastique de la foi médiévale. L’échelle signifie l’ascension des vertus et le religieux exercice de la sainteté, qui permettent d’obtenir la couronne de la vie éternelle. Cette échelle, beaucoup s’appliquent à la gravir, mais blessés par les flèches que lancent les diables, ils abandonnent, séduits et tirés vers le bas par les vices qui sont restés sur la terre. Il s’agit par cette évocation d’amener les fidèles à une vie exemplaire. Sur les divers échelons on rencontre notamment les personnes attirées par les parures, les belles demeures, les chevaux et les boucliers. Une femme se tourne vers un jeune clerc qui lui fait miroiter de l’argent. Un religieux non insensible aux corbeilles d’or, un ermite, négligeant la prière, chute sur terre des hauteurs où il était parvenu. En revanche, une femme qui a essayé de mener une vie exemplaire, s’élève, protégée par les anges, vers la couronne qui l’attend au sommet de l’échelle. Le salut est difficile à gagner car l’existence humaine est pavée de tentations qui mènent l’homme à sa perdition. Le diable cherche à faire chuter l'homme.
* Dans la sculpture une représentation saintongeaise de l'échelle du salut peut être trouvée de chaque côté de la baie absidiale de l’église d’Aulnay-de-Saintonge ( Charente-Maritime ) .

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On observe un décor d’entrelacs végétaux dans lesquels sont inscrits de petits personnages vus de profil. Ces hommes semblent chercher à s’extraire des rinceaux de feuillages au sein desquels ils se débattent afin de progresser toujours plus haut.
Dans la mesure où ces rinceaux peuvent être considérés comme des chemins de vie semés d’épreuves et d’embûches et parcourus de tensions c’est une symbolisation de l’existence humaine médiévale en quête d’elle-même et du divin qui nous est proposée par cette «  échelle du salut ».  Il s’agit pour le commanditaire et l’imagier d’exalter les vertus de la vie spirituelle afin de progresser vers la cité céleste. Les dimensions sensibles retenues doivent être susceptibles de suggérer de la pensée et de conduire vers le spirituel. Si les pierres romanes révèlent un vif intérêt pour les choses de la terre, les rêves et les peurs des hommes, la quotidienneté et la violence, l’imaginaire prédominant du temps et le corps dans tous ses états, comme nous l'avons vu dans des sites précédents, elles traduisent naturellement les valeurs religieuses, l’emprise du monde d’en haut et la quête du salut. A l’époque romane le corps en tant que tel n’existe pas. L’âme lui est toujours étroitement associée et le souci de l’au-delà est largement partagé.

LE COMBAT DES VERTUS ET DES VICES DANS LA SCULPTURE

Sculpter dans la pierre comme le faisaient les miniaturistes était malaisé. Aussi, les artistes représentèrent-ils les combats singuliers entre les Vertus et les Vices associés de manière uniforme.
En bref, ils figurèrent le dénouement du drame en sculptant toutes les Vertus, sous forme de vierges accoutrées comme des guerriers, armées de pied en cap, triomphant des Vices représentés sous forme de petits monstres à leurs pieds. Ces figures ne peuvent être que des représentations allégoriques de la condition humaine. Elles veulent évoquer la réalité la plus intime du croyant engagé en permanence dans une lutte intérieure entre le bien et le mal. En d’autres termes, c’est le combat des Vertus et des Vices qu’évoquent ces parlantes images offertes aux fidèles afin qu’ils n’oublient pas que la vie humaine est une lutte de tous les instants.

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Voussure supérieure de l'arcature centrale de l'étage de la façade.
Eglise priorale Saint-Nicolas, Civray, Vienne.


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Chapiteau du cloître monastère de Sant Cugat del Valles, Catalogne.


IMAGES ROMANES DE L'AVARICE ET DE LA LUXURE
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Un vice terrassé essaie de rejeter la lance qui le transperce.

Après avoir précédemment évoqué le combat des Vertus et des Vices dans l'art roman de la Saintonge et du Poitou ( http://jalladeauj.fr/vertusetvicesromans/ ), essayons de redécouvrir ici, sur la base de l'échelle mystique proposée au fidèle chrétien médiéval, comment les sculpteurs essayèrent de donner une forme concrète à la dénonciation de deux péchés capitaux :l'avarice et la luxure.

Par quels types d'illustration des comportements les artistes ont-ils cherché à évoquer ces vices dans la pierre ?

Pour sa part, le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-le-Duc ( 1856 ) donne, par exemple, une image de l'avarice :
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L'Avarice (est une des belles sculptures de cette époque (1170 environ). Les cheveux épars sous un lambeau d'étoffe, la main gauche crispée, crochue, elle est assise sur un coffre qu'elle a fermé violemment de la main droite; sous ses pieds sont des sacs pleins d'écus. L'Avarice est ici personnifiée ...

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