Echos romans extérieurs
au Poitou et à la Saintonge
__________
Même à l’époque médiévale les limites du Poitou et de la Saintonge ne constituent pas des obstacles à la propagation des courants artistiques. Les hommes, les modes franchissent les limites des provinces.
Compte tenu de l’existence de ces courants d’échanges, des échos aux floraisons romanes saintongeaise / poitevine peuvent être perçus à leurs marges, voire dans des provinces plus éloignées. Le thème peut ainsi se rencontrer éparpillé en quelques autres provinces romanes.
✏︎ Echos entre zones de contact.
Deux types peuvent être observés : sous forme de sculptures mais aussi de peintures murales.
☞ Des combats des vertus et des vices dans la sculpture des portails.
** En Guyenne romane
. A Saint-Nicolas de Blasimon (Gironde ) les scènes de combat ne sont plus que quatre ; mais la splendeur des formes des figures guerrières est remarquable.
Les voussures du portail en arc légèrement brisé présentent une psychomachie mais celle-ci n’est pas associée aux thèmes traditionnels.
C’est encadré par des scènes de chasse et des feuillages stylisés que l’on trouve le combat des Vertus et des Vices. A cette fin de l’âge roman, sans doute peut-on émettre l’hypothèse d’un éloignement du sermon saintongeais en tant que tel et une accentuation de la dimension plastique des sujets ?
Le nom des Vertus n’apparaît pas sur la bordure supérieure des claveaux. Les têtes ont été, ici encore, décapitées.
© Michel Vincendeau
Fétail :une Vertu droite et mince piétine un Vice. On observe l’allongement et l’élégance admirables des formes. Quelle virtuosité possédait l’imagier à l’origine de ces magnifiques représentations !!!
Plan rapproché sur un Vice à buste humain et visage monstrueux.
. Le beau portail de l’église Notre-Dame de Castelviel (Gironde) possède une représentation bien particulière de la lutte entre le bien et le mal.
Le portail richement sculpté comporte une diversité de sujets qui le distancie du strict programme iconographique du « sermon saintongeais ».
Le portail comporte cinq voussures représentant de l’extérieur vers l’intérieur un zodiaque, le combat classique opposant des figures féminines guerrières à des vices monstrueux et aussi l’affrontement d’hommes et d’animaux sur l’autre moitié de la même voussure. On trouve, ensuite, sur les autres des personnages tirant sur une corde, des feuillages stylisés, des rosaces et entrelacs.
© wikimedia
C’est la moitié gauche de la voussure qui comporte trois figures guerrières traditionnelles foulant aux pieds de petits monstres. Surplombant les personnages tirant une corde ces trois Vertus ont des attitudes différentes : la plus proche de la clé de l’arc combat à l’épée alors que les deux autres transpercent les Vices de leur lance.
Plan rapproché sur un Vice « engoulant » la lance de la Vertu qui le domine.
** En Anjou roman
Ancienne abbaye Saint -Aubin, Angers, Maine-et-Loire.
Détail du portail du réfectoire.
Une Vertu plante son épée dans le corps d’un Vice.
On observe - comme à Fontaines d’Ozillac- le bouclier décoré de manière plutôt fantaisiste.
© France-romane
☞ Des combats des Vertus et des Vices sous forme de fresques.
A titre d’exemples on présentera les peintures murales de Tavant et de Nohant-Vic.
** En Touraine romane à la crypte de l’église Saint-Nicolas de Tavant, Indre-et-Loire.
Parmi les célèbres fresques de la crypte on peut observer une Vertu isolée portant un écu et transperçant de sa lampe un Vice.
© tripadvisor |
Les seins mordus par des serpents : probablement une représentation de la Luxure transpercée par une lance.
Fresques de la crypte.
© amolevenuvolete.it
** En Berry roman.
A l’intrados de la baie d’accès à la nef, de l’église Saint-Martin de Nohant-Vic, Indre, deux Vertus armées transpercent des Vices de leur lance.
✏︎ Echos de foyers extérieurs lointains.
** Chapiteau du chœur de Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme.
Sur cette face on observe le combat de la Charité/Largitas, portant l’épée et de l'Avarice serpent au poing, bouclier contre bouclier.
A leurs pieds le pot à anses d'Avarice. A gauche un soldat, mentonnière fermée, porte un écritoire relatant la lutte du démon contre les vertus.
Sur cette autre face, deux personnages combattent en armure debout et deux êtres nus à terre tirant la langue d’un air vaincu.
Les personnages en armure rappellent le combattant de la face opposée de la corbeille du chapiteau sur le thème de la charité contre l’avarice.
En revanche, ils ne sont plus armés d’une épée mais tiennent des lances ornées d’une bannière qu’ils plantent dans les Vices.
Les inscriptions qui commencent sur le tailloir et se terminent sur les boucliers ne laissent pas de doute quant à l’interprétation « LARGITAS (mais écrit en inverse SAT) » à gauche, et « CARITAS à droite. Les Vertus - Largesse et Charité- triomphent du péché d’avarice.
Le Suicide de la colère est représenté par une femme avec une arme qu'elle dirige vers sa poitrine pendant qu'un serpent enroulé autour de son bras droit cherche à l'attirer.
** En Bourgogne romane des Vices commencent à être identifiables grâce à de petites saynètes.
Ces petits tableaux montrent des Vices caractérisés par des attributs spécifiques à l’instar de la bourse de l’avare.
Ces modes différents d’expression des Vices et desVertus peuvent être figurés par exemple par deux chapiteaux d’Autun et de Vézelay :
Cathédrale Saint-Lazare d’Autun, Saône-et-Loire.
Chapiteau déposé de la salle capitulaire. Debout sur la tête de l’Avarice et de la Colère trônent la Charité portant un calice et la Patience, proclamant ainsi leur victoire.
Basilique de Vézelay, Yonne.
Châtiment de l'avare tenant ses sacs d’argent et du calomniateur.
________________________