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La Cène
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Le dernier repas que le Christ prend avec ses disciples. Jésus y annonce la prochaine trahison de Judas et, in fine, sa propre mort. Rompant pour la dernière fois le pain et partageant le vin avec les Apôtres, il institue l’Eucharistie.

La Cène d’après le récit de Luc :«  Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit; et ils préparèrent la Pâque. L'heure étant venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il leur dit: J'ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir; car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Et, ayant pris une coupe et rendu grâces, il dit: Prenez cette coupe, et distribuez-la entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu. Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. » Luc, 22.13-30•

La Cène d’après le récit de Matthieu 26.20-28 « Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze. Pendant qu'ils mangeaient, il dit: Je vous le dis en vérité, l'un de vous me livrera. Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire: Est-ce moi, Seigneur? Il répondit: Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c'est celui qui me livrera. Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né. Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: Est-ce moi, Rabbi? Jésus lui répondit: Tu l'as dit. Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. ‘


Saint-Gilles-du-Gard, Gard.

La table est ici un long rectangle comme c’est le cas le plus fréquent. Elle est recouverte d'une nappe blanche à laquelle le tissage de la toile a donné un aspect gaufré.

Crédit photo : Olivier Bauer/ Eglise de Neuilly-en-Donjon, Allier.
Riche représentation de la Cène où apparaît curieusement le geste de la pécheresse. Le Christ est attablé avec les apôtres. Certains tiennent un livre, pendant que les autres ont en main un flacon de vin ou du pain.



Crédit photo : Cedidoca. Beaucaire (Gard), église Notre-Dame-des-Pommiers. Frise romane de la façade, vestige du sanctuaire roman. XII-XIIIè.

Table rectangulaire recouverte d’une belle nappe; sans doute est-ce pour les artistes un élément essentiel de la table et du mobilier du Moyen Âge.



Crédit photo : Cedidoca.Beaucaire (Gard), église Notre-Dame-des-Pommiers. Frise romane de la façade, vestige du sanctuaire roman. XII-XIIIè.
Détail de la partie droite du linteau. L’artiste nous offre une composition pleine de vie ; la gestuelle des apôtres est différenciée et dynamique.


Crédit photo : Cedidoca. Beaucaire (Gard), église Notre-Dame-des-Pommiers. Frise romane de la façade, vestige du sanctuaire roman. XII-XIIIè.
Détail de la partie gauche du linteau. Certains apôtres se tranchent du pain, d’autres tiennent un poisson ou se versent à boire. C’est bien la composition qui montre le mieux à la fois les ustensiles et les mets.

Chapiteau de l’église Saint-Austremoine, Issoire, Puy-de-Dôme.
Une évocation originale de la Cène qui a dû inspirer d’autres tailleurs auvergnats. C’est la grande nappe plissée entourant la corbeille qui attire l’attention.


Crédit photo : P.J. McKey . Eglise saint julien, Chauriat Puy-de-Dôme.
Le Christ bénissant se différencie par une auréole et une tête plus grandes que celles des apôtres en fonction sans doute de son importance hiérarchique. Pains et poissons attirent le regard autant que les pieds serrés, semblables dépassant sous une nappe étroite.

Crédit photo : Michel Boisset
Eglise Saint-Jacques des Guérets, Loir-et-Cher.

La Cène : dernier repas pris par le Christ avec ses apôtres. Les personnages assis de chaque côte du Christ sont ses apôtres. A sa gauche, St Pierre est reconnaissable à sa clé. A sa droite, St Jean, penché sur sa poitrine. Judas est agenouillé devant le Christ. Sur la droite de la table on discerne encore miche de pain, poisson et cruche.


Fresques de l’église Saint Martin de Nohant-Vic - Indre - XIIe siècle.
Les apôtres aux joues fardées de taches rouges portent des vêtements aux plis accentués, assis aux côtés du Christ, ne se résignent pas à rester immobiles : ils parlent entre eux et gesticulent. Comme le remarque Emile Mâle : « Le peintre de Vic a une passion du mouvement, une fougue tout à fait extraordinaire pour le XIIe siècle.

Crédit photo : Cedidoca. La dernière Cène. Cathédrale Santa-Maria-Nuova de Monreale (Sicile). Mosaïque du transept Vers 1175.

Sur le riche décor de mosaïques à font d’or des murs de l’édifice se détache une table en arc de cercle richement nappée sur laquelle est une profusion de boules de pain et de poissons. Comme souvent Jean est représenté tendrement penché sur l’ épaule du Christ.
Quant au poisson, c’est le symbole antique du Christ car les lettres du mot IXTUS   « poisson » en grec,  sont les initiales de la phrase  "Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur" en grec.

Ce parcours imagé ne peut passer sous silence les travaux du professeur Olivier Bauer de l'Université de Montréal.
Dans le cadre du Groupe de recherche sur l’alimentation et la spiritualité l’auteur cherche à identifier les aliments figurant sur les représentations de la Cène et à comprendre leurs valeurs symboliques.
Il recense ainsi sur des Cènes du XIV, XV, XVI e siècles des concombres, cerises, écrevisses, oranges, poireaux…
Quatre compositions tirées des recherches de l’auteur sur « une théologie au quotidien » retiendront ici notre attention car elles relèvent de notre champ d’observation.

Olivier Bauer. École de Monte Casino (1072-1087). Sant’Angelo in Formis (Capoue, Campanie, Italie); basilique (fresque)

Ce serait la première viande semble-t-il représentée sur une Cène: la partie arrière d’un animal peu identifiable de façon précise. Elle date de la fin du 11e siècle. La viande n’est pas représentée de manière uniforme dans tous les pays d’Europe occidentale mais elle tendrait à supplanter le poisson dans les représentations de la Cène.`

Olivier Bauer. Anonyme (1225-1274). Lectionnaire enluminé: g. 44, fol. 80r. New York, The Morgan Library and Museum

Là ce sont des bretzels, au lieu de miches de pain, qui sont représentés ; la culture de l’Europe germanique explique sans doute cette particularité.

Olivier Bauer. Anonyme (12e siècle). Orvieto (Ombrie, Italie); église San Giovenale (détail d’une fresque)

Sur cette œuvre entre quatre miches de pain et à côté de côtelettes, le verre transparent pourrait contenir de l’eau.Ce qui ne paraît pas forcément étonnant dans la mesure où la liturgie mélange l’eau et le vin, en rappel de la mort du Christ.

Olivier Bauer. Anonyme (1043-1046). San Lorenzo de El Escorial, (Espagne); Colecciones del Real Monasterio, Biblioteca Real: Codex Vitrinas 17, 153 (miniature dans l’évangéliaire d’Henri III)
Olivier Bauer a trouvé une miniature dans laquelle à côté des coupes figurent ici des hosties sur la table du dernier repas. C’est bien évidemment une manière pour l’imagier de montrer l’équivalence entre Dernier Repas et Eucharistie.

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Le retour du Christ à la fin des temps.
Faut-il rappeler qu’au delà de ce qui était notre objet d’étude-l’évocation des gestes et des ustensiles du quotidien d’une époque- les repas de la Bible, bien sûr, disent plus qu’ils ne paraissent : ils préfigurent les temps derniers à venir! Le Christ convie largement ses hôtes au repas des noces éternelles. Le banquet céleste de l'éternité, puisque L’image du banquet est enfin celle, dans l'Apocalypse, celle de la joie des saints dans la Communion qui les rassemble éternellement pour la contemplation mystérieuse de Dieu. (Ap. 19, 9) : " Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l’Agneau".


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