Une faune et une flore
résultant de l'alliance de l'eau avec la terre
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En parcourant les marais de l'île de Noirmoutier vous serez surpris par de longues pierres, mouchetées de lichens jaunes et dorés, qui semblent monter la garde aux portes des marais et des champs, impavides devant les coups de boutoir des tempêtes d'hiver. Percées de leurs grands yeux ronds laissant percer des perches de bois - les barrons - en guise de clôture, ces grandes pierres dressées, à défaut d'être les témoins d'un culte passé, révèlent le savoir-faire des gens du marais. En l'absence d'arbres, les vaches se frottaient contre ces portails insolites que sont les esseppes.
En maîtrisant la mer dans les marais les hommes ont certes agi pour leur intérêt mais aussi indirectement pour le profit de la faune et de la flore. Les milieux très spécifiques qui en ont résulté sont devenus des havres pour les oiseaux, la flore aquatique ou terrestre.
Les hôtes des marais
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Au gré des saisons, en fonction des cycles de va-et-vient des oiseaux, il n'est pas rare de rencontrer dans les marais des pensionnaires familiers à plumes.
Les marais salants et gâts de l'île sont des espaces de vie exceptionnels. La faible profondeur d'eau permet en effet à la lumière de pénétrer jusqu'au fond des bassins, de réchauffer l'argile et de favoriser le développement du plancton qui est la base indispensable de la chaîne alimentaire du marais.
Cette richesse alimentaire ( poissons, insectes, graines…) , associée à la douceur du climat, fait du site noirmoutrin du Grand Müllembourg notamment un lieu de prédilection pour le repos, l'hivernage et la reproduction des oiseaux. Des espèces d'oiseaux migrateurs se succèdent et y trouvent refuge chaque année.
Dans l'île, la Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique ( ZNIEFF ) comprend plus largement les marais salants, la Bosse et Luzéronde.
Battements d'ailes au-dessus d'un marais salant.
Les avocettes fouillent habituellement la vase, les pattes d'un gris bleuté dans 10 à 15 centimètres d'eau.
Avocette élégante au long bec recourbé en l'air.
Avocette au nid. Ce limicole niche dans une simple dépression moulée dans la terre ou la vase durcie. La cuvette est remplie de simples débris trouvés sur place.
Ici, près de son nid, elle est mécontente de la présence de l' intrus qu'est le photographe !
L'échasse blanche avec ses immenses pattes rouges et son fin bec droit se reconnaît aisément.
Les échasses sont toujours très actives et bruyantes.
Vous entendez régulièrement les bruissements d'ailes d'un autre hôte des marais : le héron cendré.
Mais, c'est peut-être en tant que patient pêcheur que vous découvrirez ce grand solitaire.
Attention dans votre approche car le héron vous repère de loin et a vite fait de s'envoler !
Héron en compagnie de trois foulques.
Longs cous, longues pattes. Les blanches aigrettes gazettes sont toujours actives en quête de nourriture.
Aigrette gazette à la pêche en étier.
On peut aussi les voir rassemblées en groupes nombreux pour passer la nuit sur un reposoir ou dans le feuillage des cyprès.
Si les aigrettes gazettes sont des habitants à plumes familiers de nos marais, on a remarqué depuis l'hiver 2001, la présence d'un groupe d'ibis sacrés du Nil. Etaient-ils échappés d'un parc ornithologique ? En décembre 2004 c'est en nombre qu'ils sondent la vase à la recherche de nourriture.
Ils se sont sédentarisés rapidement au point de devenir envahissants au risque de perturber l'équilibre des marais !!!!….
Regroupement hivernal d'ibis sacrés du Nil et d'aigrettes garzettes.
Vol d'aigrettes gazettes, d'ibis et de goélands au-dessus des marais.
Les colorés tadornes de Belon sauront attirer votre attention.
Couple ( ? ) de tadornes de Belon.
Bernarches Cravant en balade sur un talus.
Rassemblement de bernaches Cravant sur leurs reposoirs.
Enfin la zone humide de la pointe du Devin abrite un petit amphibie : le pélodyte ponctué.
Crédit photo : http://www.allo-grenouille.fr/
Flore des marais
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En empruntant les charrauds qui traversent les marais vous découvrirez cet ouvrage dit " pont du marais neuf " . Les charrauds sont des chemins de terre élevés avec la vase provenant du curage des chenaux, où cahotaient les charrettes.
Les marais gâts, c'est-à-dire gâtés faute d'entretien, redeviennent sauvages. Milieu où le chronomètre n'a pas sa place, le marais à l'abandon invite à vivre selon le rythme naturel. Ainsi, le jaune des moutardes en fleurs l'orne de ses lumières printanières.
Les marais hébergent des espèces liées aux milieux humides ; la flore des marais est adaptée à l'eau et au sel.
L'amie du sel : la salicorne.
La salicorne, plante halophile (qui aime le sel) pousse en grande quantité sur les bords des marais.
C'est une composition en vert et rouge qu'offrent les marais à la période estivale. Lorsque le long des diguettes les petites pousses d'un vert tendre des salicornes prennent leur couleur pourpre, l'été est déjà avancé. Il est trop tard pour les récolter : elles sont devenues trop ligneuses.
Les jeunes pousses tendres, récoltées en mai et juin sont comestibles, riches en vitamines, en minéraux et en oligo-éléments et font aujourd'hui l'objet sur l'île d'un petit commerce sous différentes présentations : fraîches pour être cuites comme des haricots verts ou préparées à des fins condimentaires avec du vinaigre blanc comme les cornichons.
Salicorne et obione.
Obione.
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Soude commune.
Soude arbustive maritime utilisée autrefois dans la fabrication du verre ou de la lessive.
Aster maritime.
Aroche étalée.
Armoise maritime
Certains marais salants de l’île sont des sites exceptionnels où prolifère une plante rare et protégée, l’absinthe ou armoise maritime: Artemisia Maritima. Cette plante médicinale était bien connue des Noirmoutrins comme vermifuge, les sauniers en mâchonnaient la tige amère ou s’en frottaient la peau contre les moustiques.
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