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Regards sur l'au-delà : Hier et actuels
Regards sur l'au-delà : Hier et actuels
  • © 2024 joël jalladeau Courriel 0

Regards sur l'au-delà : Hier et actuels


L'AU-DELA A L'EPOQUE MEDIEVALE

Si de nos jours, à la limite, dans une perspective chrétienne, l'idée d'un Dieu tout amour pourrait se substituer à celle d'un Dieu Juge, au Moyen Âge les commanditaires et les artistes n'ont pas hésité à dramatiser le thème du Jugement dernier.
Aussi il peut ne pas apparaître inopportun de revisiter, dans notre déjà longue réalisation de sites sur les vénérables pierres romanes, les images du Jugement dernier des X-XIIe siècles.


Des Au temps des grandes angoisses médiévales la question de l'après-mort surplombait de façon prédominante les croyances des populations : il y aurait une étape à franchir non seulement de l'ordre du jugement singulier mais aussi du Jugement dernier à la fin des temps.

  • Pour l’homme des temps romans le monde est marqué par le péché et la vie sur terre est une lutte constante contre la tentation et les œuvres de Satan.
    Saisir l'enjeu de la vie humaine dans l'espace spirituel roman suppose de partir du présupposé que le cheminement vers la patrie céleste est empêché lorsque les actions humaines sont moins régies par le spirituel que par la dimension animale de l'homme qui tire l’être complexe qu’est ce dernier vers le bas.
  • Au final, selon que l’attraction vers le haut ou la pesanteur vers le bas l’emportera ce sera, pour l’homme roman, l’élévation glorieuse ou la déchéance et la chute spirituelle ; en d’autres termes, jusqu’au XIIe siècle, l’après-mort du fidèle débouche pour l’éternité sur le bonheur au jardin des délices ou sur les tourments de l’enfer.
  • Les compositions scéniques du Jugement dernier observées dans les églises romanes, aux XI et XIIe siècles, sont des témoignages du fait, pour l'être profond de chacun, que la crainte de la mort conduit à poser la question du salut.
    Les images romanes présentées ont montré que l’iconographie du Jugement dernier a plus retenu l’intérêt des commanditaires et des artistes par ses figurations des souffrances post-mortem que par ses représentations paradisiaques. Autant les visions infernales des scènes diaboliques offrant aux fidèles une évocation potentielle terrifiante, et qui se voulaient par là-même édifiantes de leur avenir, génèrent un profond émoi, autant les perspectives paradisiaques plus sereines des processions d’élus jouissant de la vision béatifique n’ont pas le côté spectaculaire des premières.

  • ** Une fois réalisée la pesée des âmes au jour du Jugement dernier les justes sont séparés des mauvais.
    Alors que les premiers vêtus sont guidés vers les portes de la Jérusalem céleste où les attendent les joies paradisiaques, les seconds nus et terrifiés sont conduits par les êtres démoniaques vers les feux infernaux.

    Aux tourments de l'Enfer associés à une mauvaise conduite terrestre s'opposent toujours les modèles du bon fidèle admis au Paradis.

    Guillaume Durand de Mende, évêque du XIIIe siècle, écrivait : «  Parfois, on peint le paradis dans l'église, afin que sa vue invite à l'amour et à la recherche des récompenses célestes ; parfois, aussi, on y représente l'enfer, afin de détourner les hommes des vices par la terreur des supplices " ( 2005, p. 76 ).
    Au cœur du message chrétien, au Moyen Âge, se trouve l'espoir d'être sauvé et l'angoisse d'être condamné lors du Jugement Dernier. Les morts seront alors jugés par Dieu selon leur foi et leurs œuvres (les actions accomplies pendant leur vie) : les élus iront au paradis, les réprouvés en enfer.
  • Pour les chrétiens l'aspiration au salut éternel se concrétise dans la vision de la Jérusalem céleste "ayant la clarté de Dieu" et "ne manquant ni de Soleil ni de Lune". À la fin des temps, le livre de l'Apocalypse laisse espérer la descente de la Jérusalem céleste sur Terre. Ces figurations qui prirent la forme d'une église, d'un palais ou d'une ville entière reposent sur la transposition de l'église comme édifice à l'Eglise comme assemblée générale des croyants, puis de cette dernière au regroupement des bienheureux dans la Jerusalem d'en haut. " Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. s'est parée pour son époux.... Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne. Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. Son éclat était semblable à celui d'une pierre très précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël: à l'orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l'occident trois portes. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l'agneau. Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d'or, afin de mesurer la ville, ses portes et sa muraille. La ville avait la forme d'un carré, et sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau, et trouva douze mille stades; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. Il mesura la muraille, et trouva cent quarante-quatre coudées, mesure d'homme, qui était celle de l'ange. La muraille était construite en jaspe, et la ville était d'or pur, semblable à du verre pur. Les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce: le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d'émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d'hyacinthe, le douzième d'améthyste. Les douze portes étaient douze perles; chaque porte était d'une seule perle. La place de la ville était d'or pur, comme du verre transparent. Je ne vis point de temple dans la ville; car le Seigneur Dieu tout puissant est son temple, ainsi que l'agneau. La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer; car la gloire de Dieu l'éclaire, et l'agneau est son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n'y aura point de nuit. On y apportera la gloire et l'honneur des nations. Il n'entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'agneau." ( Apocalypse 21,10- 27 )
    ** Images de la pesée des âmes
    A la fin des temps, lors du dernier Avènement, suite à la pesée des âmes, les mauvais seront séparés des justes. D'un côté, les boucs seront l'objet des tourments infernaux, de l'autre, les brebis connaîtront les joies célestes.

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    Tympan du Jugement dernier. Cathédrale Saint-Lazare, Autun, Saône-et-Loire.

    Voici venue l'heure du Jugement dernier, la main de Dieu tient la balance: c'est la pesée des âmes ; Saint Michel Archange fait pencher la balance du côté des élus : c'est que, dans ce contexte, l'âme des élus pèse plus lourd que celle des damnés. Malgré les efforts du monstre infernal la balance penche du côté de l'archange saint Michel. A sa gauche,  côté damnés, cuirassés comme des insectes, les affreux démons grimaçants à longues pattes hurlent leur fureur de voir échapper leurs proies ... Le petit monstre dans la balance a l'air de grogner: "si j'avais su !"

    La balance de la pesée des âmes - dont le fléau a disparu - est installée au-dessus d'un sarcophage d'où dépasse une tête humaine. Bien qu'un démon appuie sur un plateau de la balance cette dernière penche malgré tout en faveur du paradis. La pesée des âmes inspirera les tailleurs de pierre tant des grandes que des petites églises. Chaque vie aboutit aux plateaux de la balance ; le résultat de la pesée n’est pas connu à l’avance.

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    Eglise Saint-Trophime, Arles, Bouches-du-Rhône.

    Un superbe archange saint Michel effectue la pesée des âmes. Un petit personnage nu est une âme en attente du Jugement.

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    Abbaye aux Dames, Saintes, Charente-Maritime.

    Une très belle pesée des âmes.

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    Eglise de Saint-Révérien, Nièvre

    Ici c'est la main divine elle-même qui tient la balance. Malgré les efforts du monstre infernal la balance penche du côté de l'archange Saint-Michel qui attire à lui les justes.

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    Réemploi roman de l'église de Saujon, Charente-Maritime.

    Remarquable version saintongeaise de la pesée des âmes avec un curieux démon tout tacheté.

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    Eglise Santa Maria de l'Estany, Catalogne.

    La même inspiration et le même type de représentation se retrouvent de l'autre côté desPyrénées. Ainsi saint Michel majestueux et le diable affreux tiennent la balance.

    Des représentations chrétiennes originales romanes du chemin de la vie.
    * L’église de Saint-Jouin-de-Marnes ( Deux-Sèvres ) offre une belle page sculptée - ci-dessous - relatant le cheminement médiéval du croyant vers Dieu avec le modèle des saints ( Pierre, Jouin et un autre non dénommé ) et l’intercession de Marie. Cette dernière fait ici figure de médiatrice entre les pèlerins de la vie et son divin fils.

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  • Lors du Jugement dernier, la Vierge est représentée en position d'intercession auprès de son fils en faveur d'hommes et de femmes après leur pérégrination terrestre.
  • A droite deux pèlerins à genoux demandent l'intercession de Marie. A gauche deux autres pèlerins sont figurés debout tenant leur bâton de marche : l' homme porte un vêtement court.

    *L'échelle du Salut

    L'abbaye Sainte-Marie-des-Dames de Saintes est passée à la célébrité sous l'appellation d'Abbaye-aux-Dames.
    La nouvelle façade occidentale du XIIe siècle, tripartite, comprend un portail central sans tympan et deux arcades latérales aveugles.

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    L'arcade aveugle nord à gauche du portail de l'abbaye-aux Dames de Saintes serait une mise en scène du thème iconographique de l'Echelle du Salut afin d'exalter les vertus de la vie spirituelle.

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    Les figures des âmes nimbées tenant un livre s'élèvent dans les rinceaux pour s'approcher du Christ.

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