Humbles évocations d'un grand questionnement
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Donner du sens à l'existence
✏︎Les vanités ou allégories de la fuite du temps
https://theoriaart.wordpress.com/2018/06/09/lallegorie-de-la-vie-humaine-ou-le-labyrinthe-de-lamour-tintoret/
détail
En effet, le sous-titre Le labyrinthe de l’amour renvoie à la pièce centrale de cette allégorie de la vie centrée autour de l’amour.
Le Labyrinthe est symbole du chemin intérieur que parcourt l’homme sur terre.
Le centre de la composition - la table de la sagesse- représente le bien à atteindre, ici l’engagement accessible seulement à ceux qui prendront le chemin le plus long. Ainsi, les deux amants pressés, qui courent dans le rayon central du labyrinthe, n’atteindront jamais l’amour véritable de l’engagement. La vertu suit les détours pour fuir le vice.
L’entrée du labyrinthe est occupée par deux amants enlacés qui feront le bon choix.
Au premier plan, les signes de débauche se multiplient : banquet, vin, cruches… Certains couples s’éloignent même du labyrinthe, et donc sortent du tableau, contrairement à tous les autres qui s’y rendent en bateau.
La vie n’a de sens qu’en fonction de la mort, et sans elle n’aurait aucune valeur. La seule conscience de notre finitude suffit à rendre la vie plus belle.
Sur un fond noir trois objets sont représentés côte à côte.
Au centre de la composition, un crâne dont les trous noirs des orbites happent le regard. Figure emblématique de la mort il est tout ce qui reste de l’être humain. Il nous rappelle une mort inévitable et la perte d'humanité qu'elle cause.
A droite, le sablier : matérialise l'écoulement du temps, de son passage qui nous rapproche de notre terme. Le sablier, comme la montre, représente l'illusion vaine que l'homme a de vouloir maitriser le temps.
A gauche, une fleur qui déjà se fâne dans un vase . Un pétale s'en détache évoquant la beauté éphémère et la fragilité de l’existence.
La composition évoque ainsi allégoriquement la vanité de l’homme, représentée par le crâne, accentué par le caractère éphémère de la plante en train de dépérir et du sablier dont les grains de sable s’écoulent, rappelant lDonner du sensationnalismes l'existence e temps qui passe…
* Le dict des trois morts et des trois vifs
Eglise Notre-Dame d’Antigny, Vienne.
Sur le mur nord de l'église, « le Dict des trois morts et des trois vifs », trois élégants jeunes et riches chevaliers à cheval partent à la chasse avec leurs chiens et leur faucon. En chemin ils rencontrent près d’une croix de cimetière trois cadavres putrides grouillant de vers. Les trois vivants sont terrifiés par cette rencontre au cours de laquelle les morts leur rappellent combien la vie est brève et les invitent à se préoccuper de leur salut. La mort te crie de son sépulcre : « Ce que tu es, je le fus, ce que je suis, tu le seras » (saint Césaire d’Arles, sermon au peuple ). Richesse, honneur et pouvoir sont dépourvus de valeur au moment du trépas.
C’est une réflexion sur la brièveté de la vie, une mise en garde contre les vanités de l'existence terrestre et l'importance de la recherche du salut de l’âme.
✏︎Une figuration imaginaire et allégorique du ciel chrétien illustre la perspective médiévale du monde.
Dante Alighieri présente sa " Divine comédie " ( écrite entre 1307-1321 ) .
Le poème de Dante est tout entier fondé sur le symbolisme de l’ascension du fond du purgatoire jusqu’au paradis terrestre, puis de celui-ci jusqu’à l’empyrée de « pure lumière » où demeurent Dieu, les anges et les bienheureux. Le voyage du poète, accompagné de ses guides successifs, est une ascension vers la rose céleste et la contemplation béatifique. Après avoir parcouru neuf sphères célestes concentriques dans lesquels demeurent selon leurs mérites les hommes sans péchés, Dante parvient au dixième ciel ( l’empyrée ) et s’éteint totalement en Dieu, « l’Amour qui meut et le Soleil et les autres étoiles ».
Au terme de l’ascension qui a conduit Dante du purgatoire à l’éden, la figure de Béatrice est apparue, lumière vivante destinée à le faire entrer dans un monde radieux de chants et de danses et où les notions d’espace et de temps telles que nous les concevons n’existent plus : le «Paradis», dernier volet de «La Divine Comédie», est cette représentation de l’éternité à laquelle le poète aspire et à l’expérience de laquelle il convie tous les humains.
Les représentations évoluent au gré de nos préoccupations et questionnements.
L'aventure humaine peut être considérée à un double point de vue selon que l'on se situe dans une optique de foi ou non :
- ou bien il n'y a rien après la mort, nous vivons à l'ère de "la culture du ici et maintenant " pour reprendre l'expression de Timothy Radcliffe.
- ou bien il y aurait, par la mort, un passage vers un au-delà, si mystérieux soit-il.
Si l’on reste, pour l'objet de notre étude, à l'intérieur de la perspective chrétienne, une grande distance sépare les deux formes d’évocation d'antan et actuelle de l'au-delà .
L'évocation de la vie éternelle médiévale imagée, de par son rapport physique avec le firmament, se voulait descriptive et extériorisante.
Saint-Trophime d'Arles, Bouches-du-Rhône.
Appréhendé pendant des siècles comme un « lieu » et situé comme tel dans les sphères célestes supérieures, l'au-delà finira, du fait des cheminements intellectuels et des avancées scientifiques des siècles suivants, par ne plus coïncider avec le firmament. A l’épreuve de la culture scientifique et de la modernité, elle a fini par s’éroder au cours du temps : elle s’est trouvée de plus en plus déstabilisée par les valeurs sécrétées par le mouvement de sécularisation qu’ont connu les sociétés occidentales.
La représentation contemporaine de l'au-delà, de par son appartenance au seul langage de la foi, est indicible.
L'imaginaire avait " situé " le Ciel en haut, l'Enfer en bas. Avec le développement de la pensée scientifique, le ciel et la terre ont été compris comme étant régis par les mêmes lois. Le Ciel doit alors être saisi comme un "non-lieu "; c'est, pour le croyant, " un avenir par-delà la mort ou plus précisément par-delà la résurrection", les Béatitudes y étant pleinement réalisées ( Jean Delumeau, idem, pp. 467-468 ).
Non-représentable en tant que « non-lieu », elle offre moins de prise aux lourdes modifications sociales et culturelles des derniers siècles.
Le mystère de l’au-delà du monde reste entier ; dorénavant les images font le plus souvent défaut pour évoquer le bonheur ineffable de l'au-delà paradisiaque.
Au final, l'espérance chrétienne, catégorique sur le fait de la Béatitude est fort discrète sur son mode. Les Cieux signifient, selon la foi chrétienne, " l'au-delà " avec tout l'indicible qui lui est associé.