A la redécouverte du Quercy roman 

Souillac, abbatiale Sainte-Marie
Fleuron roman du Haut-Quercy
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La tradition attribue à saint Eloi la création d'un monastère à Souillac. Mais ce sont les moines bénédictins d’Aurillac qui remplacèrent cette communauté au début du Xe siècle. De cette époque ne subsiste qu’une tour porche. L’abbatiale, initialement dédiée à ND de l’Assomption fut appelée ensuite Sainte Marie. Elle a été consacrée en 1140 et devient une abbaye à part entière en 1508. A la fin du XVIIe siècle la congrégation de Saint Maur, a fait reconstruire l’abbaye qui n'avait pas échappé aux destructions causées lors de la guerre de Cent ans et celles des guerres de Religion. Elle devint à la Révolution bien national. La réhabilitation de l'édifice commença au milieu du XIXe siècle. L'église romane constitue la seule partie conservée du prieuré médiéval.

La couverture en lauzes de l'abbatiale est caractéristique avec ses trois coupoles surplombées par leur lanternon. Avec sa file de coupoles elle s'apparente aux cathédrales de Cahors et de Périgueux.


Perspective sur le chevet de l'abbatiale.
Avec ses deux niveaux de baies cintrées séparées par une corniche l'abside présente un bel étagement.

Autour de l'abside sont édifiées trois chapelles rayonnantes polygonales restaurées du chevet.

La façade occidentale de l'église avec sa tour pouvant être considérée comme vestige de l'édifice carolingien. Une longue baie cintrée ouvre à mi-hauteur. La partie haute avec ses baies est récente.

C'est l'ancien portail, dorénavant placé à l'intérieur de l'église, qui retient particulièrement l'attention. Ces reliefs disposés au revers de l'élévation occidentale de la nef devaient se trouver à l'origine au pied de la Tour-porche côté Nord et avaient été détruit pendant les guerres de Religion. L'abbatiale comporte deux ensembles sculptés : 1° Les reliefs disposés au revers de l'élévation occidentale de la nef avec notamment la superbe figure du prophète Isaïe et un curieux pilier/ancien trumeau. 2° Les quelques 22 chapiteaux de la croisée du transept et des chapelles.

LE PORTAIL
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Après les dévastations subies lors des guerres de Religion et après les démolitions du XVIIe siècle lors de la restauration de l'église, les parties conservées de ce qui'a été, semble-t-il, un projet inachevé d'un grand porche qui aurait pu avoir des affinités avec celui de Moissac et qui ne fut jamais réalisé, furent placées à l'intérieur de l'édifice. C'est ainsi que les cinq fragments retrouvés du tympan extérieur se retrouvent sur le tympan intérieur séparant la tour de la nef. Ces éléments qui auraient été réalisés " dans les années 1140 n'auraient été mis en place qu'à l'extrême fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle lors de la réalisation de l'élévation occidentale".

Le tympan
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Le relief relatant la légende du diacre Théophile est encadré par deux saints personnages.

Coiffé d'une triple arcature le panneau central de la composition comporte trois saynètes.


Déçu par son évêque qui lui a refusé la charge de trésorier d'une église Théophile conclut un pacte de vassalité avec le diable.


Satan saisit la main du diacre en signe de possession.


Tenaillé par le remords Théophile prie la Vierge et la supplie e l'arracher des griffes du diable. Malgré la gravité de sa faute Marie lui pardonne et reprend la charte par laquelleThéophile s'était fait homme lige de Satan. Ici, Théophile endormi voit en songe Marie descendant des Cieux, escortée par un ange, lui redonner le mauvais parchemin, lequel semble extrait de la tête même du diacre. Il mourut ensuite en odeur de sainteté.


Saint Benoît tient sa crosse abbatiale d'une main et de l'autre le livre de sa Règle.
Saint Pierre, quant à lui, est classiquement représenté avec sa clef.

De part et d'autre de la porte deux hommes sont sculptés en pied : il s'agit d'un côté du prophète Osée…


… et de l'autre de la remarquable représentation d'Isaïe, œuvre d'un maître-tailleur aux talents exceptionnels. Quel mouvement a su donner l'artiste à ce corps semblant esquisser un joyeux pas de danse pendant que la main touche les Ecritures sacrées.

Le regard du prophète " Isaias " invite invite le fidèle " à l'ivresse de l'âme et du corps de celui qui a rencontré son créateur et qui en témoigne par sa folie prophétique " (J. Loubatière, 2010, p.510 ).

Détail : broderies en bas du manteau du prophète.
Le" pilier de Souillac "
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Le chef-d'œuvre de sculpture qu'est le fameux " pilier de Souillac " est en fait le trumeau de l'ancien portail. Quelle signification peut-on donner de cet enchevêtrement de créatures diverses sculptées? Le secteur pastoral de la ville en propose une interprétation autour du thème du péché et de ses conséquences.


Le côté droit du pilier comporte trois séries de personnages. Un homme appuie de ses mains fortement sur la tête d'un autre qu'il semble de ce fait humilier.


Un homme et une femme ( ou un adolescent ) debout sont enlacés. Dans les deux représentations l'attitude est la même, la différence réside dans les traits vieillis ; un lien s'enroule autour de leur cou. Quelle symbolique voulait réellement exprimer l'artiste ?

Le pilier vu de face.
Sur le socle constitué de deux félins adossés prend place un grouillement extraordinaire de fauves de toutes sortes : une sculpture d'exception du point de vue de la taille de la pierre.

Enchevêtrement de créatures indifférenciées, intercalées, dans un mouvement ascendant ou descendant, se croisant et se tordant : violente expression de la vie ? bestiaire faisant allusion au caractère terrifiant des lieux infernaux ?

La tête d'un personnage est engoulée par un lion pendant que simultanément un oiseau de proie lui mange le foie.


Le côté gauche du pilier figure le sacrifice d'Isaac ; ce dernier, mains jointes, s'abandonne angoissé au geste paternel.

Un ange, plongeant du ciel, retient la main d'Abraham s'apprêtant à sacrifier son fils. Du même mouvement ce même ange apporte le bélier au curieux museau.


On trouve encore un fragment d'un ancien piédroit ou du trumeau ( ? ) placé en hauteur de l'autre côté de la porte. Il représente des félins dévorant un bélier.
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LES CHAPITEAUX
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L’abbatiale est en forme de croix latine comportant une grande nef coiffée de trois coupoles. L’abside dessert trois chapelles (absidioles pentagonales à pans) rayonnantes et de deux autres chapelles plus réduites. La croisée du transept et et les chapelles disposent de chapiteaux à sujet végétal et quelques chapiteaux figurés présentant bien des difficultés d'interprétation.

L'Annonciation : L'ange Gabriel s'avance vers la Vierge en la bénissant. Marie a les mains ouvertes dans une attitude d'acceptation ; derrière elle le sculpteur a fait figurer une servante tenant une quenouille. Chapiteau restauré au XIXe siècle.

Gabriel est accompagné d'un autre ange.

Daniel maîtrisant deux lions.


Chapiteau aux oiseaux aux ailes déployées ou non. On pense que le sculpteur a représenté des hiboux attaqués par des colombes : évocation de l'Esprit chassant l'oiseau de nuit ?


Un chapiteau figuré côtoie un chapiteau feuillu.


Détail : Des garçons semblant jouer avec des êtres fabuleux.

Chapiteau au décor finement ciselé et un autre visage humain en écoinçon.



Un bouquet de palmes et des personnages émergeant de feuillages.



Détail : Personnages assis, les mains posées sur les genoux.



Un masque humain pour cet écoinçon ; des feuilles d'eau pour ce chapiteau.


Une corbeille à motif ornemental végétalisé.
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