II - LES CITERNES D'HIER ET AUJOURD'HUI
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Quand il n'y a pas de nappe phréatique, que les cours d'eau sont éloignés de la ville, du château ou de l'abbaye ou quand un puits se révèle insuffisant, que faire ? Utiliser des citernes.`
Celles-ci existent depuis l'Antiquité dans les régions sèches mais aussi dans les villes susceptibles d'être menacées de sièges. Ce sont des cavernes naturelles ou, surtout, des constructions humaines.
Une citerne est un réservoir souterrain qui sert à recueillir et à conserver les eaux pluviales. Elle doit être formée de murs solides, épais, imperméables, faits de matériaux insolubles dans l'eau et maçonnés avec des ciments hydrauliques.
Cet aménagement, doit permettre une utilisation régulière, quotidienne (bien souvent domestique à l'origine), ou une exploitation plus exceptionnelle en cas de sécheresse.
1. Une citerne à l'Ormeau.
Une belle citerne de plus d'un siècle toujours en état de fonctionnement.
La surface effective du toit et les précipitations locales annuelles déterminent le volume d’eau de pluie qui peut être piégé.
Le système de puisage.
Gros plan sur la partie aérienne joliment hexagonale de la citerne.
2. Une autre citerne à l'Ormeau
La collecte de l'eau de pluie par les toitures est ici bien évidente.
La margelle est taillée dans un monolithe de pierre calcaire ; elle est usée par le frottement des seaux.
Le trou de puisage procurant un bouchon central parfois entier à l'exemple de celui ci.
3. Encore des citernes à l'Ormeau
Une ancienne cour de ferme dispose de trois citernes non observables depuis la rue.
Cette citerne se trouve sous un hangar mais le tuyau de collecte des eaux pluviales est bien visible.
Plan rapproché montant l'appareillage de puisage : tambour et manivelle.
Un autre coin de la cour recèle une belle surprise : une citerne sous un grenier soutenu par un superbe pilier qu'on ne s'attend pas à trouver dans une exploitation agricole ; il s'agit probablement d'un réemploi fort ancien. Noter également l'escalier d'accès à l'étage.
La citerne, le tuyau d'arrivée des eaux de pluie, la poulie de la structure aérienne et la pompe.
Gros plan sur la poulie.
" Citerne-réservoir-abreuvoir " abritée par un autre bâtiment avec son tuyau de descente des eaux pluviales.
Pompe aspirant l'eau de la citerne pour la déverser dans deux abreuvoirs pour le bétail.
Vestiges d'une citerne dans un jardin route de l'Ormeau.
4. Citerne habillée en puits rue de la Barre.
Margelle carrée à angles coupés.
5. L'édicule dit du " puits de l'église " au Bourg.
Ce puits, qui est en fait une citerne, se trouve dans l'ancienne cour du presbytère, située dans le jardin de l'abbé Colin.
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La margelle du puits est constituée de deux blocs de pierre de forme trapézoïdale, dont les bords sont taillés en biseau, posés l'un au-dessus de l'autre, le bloc inférieur étant retourné. Les côtés longs de chaque bloc sont moulurés. Le mécanisme est supporté par une armature métallique, et abrité par un toit en bois à longs pans. Selon la tradition orale cette margelle serait constituée par un remploi des tables des deux autels latéraux de l'ancienne église détruite en 1868. Ces tables étaient, en effet, selon les descriptions de l'époque, taillées en biseau.
6. La fameuse bouteille de la rue de la Vincenderie.
La cimenterie Brunet, installée boulevard du Grand Cerf, spécialisée dans la fourniture de buses, auges, poteaux, cuves, produisait également du faux bois en ciment armé, avec écorce, nœuds (voir le pignon de la maison, la poutre et la balustrade). Cette entreprise possédait une annexe à cet endroit ; la réalisation de ciment est gourmande en eau. Que faire ? récupérer les eaux pluviales fut la solution.
Les toits en terrasse de l’atelier permettaient de recueillir l’eau dans des citernes (au fond de la cour). Une pompe électrique l’envoyait dans la bouteille de champagne, avec son bouchon caractéristique, posée sur un guéridon ; lorsque la bouteille était pleine, le trop-plein se déversait dans la coupe (la tuyauterie est dans le pied central) ; puis elle repartait par un autre circuit vers les utilisateurs.
Cette bouteille est donc…un château d’eau construit en 1925 !
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* A côté des citernes présentant l'apparence de puits que nous avons présentées on pourrait mentionner l'existence de citernes avec pompes.
Plan rapproché de la pompe de la citerne de l'Ormeau précédemment observée.
Pompe rue Hippopolyte Véron. ( Photo André Sapin ).
Pompe en remploi observable depuis la rue de la Barre.
* L’adduction d’eau potable a entraîné l’abandon des citernes excepté pour l’arrosage du jardin. L’eau de pluie est bonne pour les plantes !
Depuis quelques années, les citernes bénéficient d’un regain d’intérêt en tant que dispositif de récupération de l’eau de pluie ; elles sont maintenant en polypropylène.
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