I - LES ANCIENS PUITS, TEMOINS SILENCIEUX DU PASSE
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Puits à l'Orbras.



Un puits est un forage le plus souvent circulaire et à parois maçonnées, entouré le plus souvent d'une margelle ( mardelle voire marzelle en patois poitevin ), creusé dans le sol pour atteindre une nappe aquifère.



♦️CONSTRUCTION DES PUITS

Lorsque les anciens avaient décidé de creuser un puits, se posait la question : où creuser pour trouver de l’eau ? Là intervenait, et intervient encore, le sourcier : en utilisant des moyens rudimentaires, un morceau de bois en forme de Y (coudrier…), un pendule, parfois sa montre de poche, celui-ci trouvait une nappe phréatique, l’emplacement idéal pour creuser, grâce à « son magnétisme » (légende pour la plupart des scientifiques). Certains estimaient même la profondeur du trou à entreprendre.

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Encyclopédie Diderot


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Pour creuser le puits, il faut au minimum deux puisatiers : l’un creuse le tube et descend, l’autre remonte les gravas à l’aide d’une chèvre à treuil. La largeur du puits doit être assez large pour qu’un homme puisse y travailler (0,80 m. ?). Si la nappe n’est pas profonde, on utilise la pioche ; pour forer plus profondément dans la roche, des explosifs sont employés. La profondeur est déterminée par celle de la nappe phréatique permettant un approvisionnement régulier et suffisant en eau ; elle peut atteindre plusieurs dizaines de mètres ( 44 mètres à l’Orbras ). Si le niveau de la nappe diminue, le puits peut être approfondi.
Une fois le puits creusé, une personne est descendue au fond à l’aide d’un baril coupé dans sa longueur et attaché à une corde ; elle descend des pierres, celles extraites du trou et d’autres, taillées pour construire le mur en le jointoyant. Cela permet de sécuriser la structure et d’assurer sa pérennité. Parfois, on trouve des encoches le long de la paroi, à intervalles réguliers, pour permettre la remontée des ouvriers.
Les puisatiers d'autrefois mettaient en place une chèvre faite de trois rondins liés en haut et fichés en bas dans le sol autour du trou à creuser. Une poulie y était attachée.

Il peut être dangereux de descendre au fond d’un puits, pour un curage par exemple, à cause de la proximité de l’eau, des risques d’éboulement et des gaz qui peuvent s’être accumulés au fond : du monoxyde de carbone, toxique et inodore. Les professionnels descendent avec une bougie allumée qui s'éteint en cas d’absence d’oxygène.

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'Illustration Européenne - 1881 -peintre Emile Sacré (1844-1882) rapporté par loki11 wikipedia


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Un maçon travaillant dans l'intérieur d'un puits : soudain le sol mouvant et sablonneux cède, renverse les étançons et renferme le travailleur.Tous les secours ont été inutiles. Le corps inanimé est là , étendu sur la terre , au milieu d'hommes et de femmes. On cherche si quelque battement de cœur ne viendra pas donner un peu d'espoir de vie. Les physionomies de tous les personnages sont d'une expression réunissant à la variété une vérité frappante.




Un bon captage est un captage protégé des infiltrations de surface. Son installation doit être réalisée à l'écart de tout risque de pollution ou d'infiltration directe des eaux de ruissellement, notamment celles chargées en matières fécales provenant des bâtiments d'élevage, fosses à lisier, fosses septiques…


De même que pour la construction souterraine on utilisait les roches du sous-sol propre à chaque secteur géologique pour l’appareillage de moellons de ce petit édifice maçonné.

A l’extérieur, le maçon construit la margelle de forme variable, surmontée ou non d’une structure plus ou moins ostentatoire, abritant un système pour puiser l’eau.
La
margelle est généralement circulaire ; curieusement, à Buxerolles, celles que nous avons photographiées sont édifiées sur un plan sensiblement carré.

♦️ SYSTEMES DE PUISAGE  cate
La corde : un seau est attaché à une corde, on jette le seau dans le puits et on le remonte à la force des bras sans l'intermédiaire d'un mécanisme; parfois, la margelle porte des traces de l’usure due aux frottements.

La corde et la poulie 
: Le plus simple appareil d’un puits est la poulie accrochée à une potence au centre du puits, hissant le seau à la hauteur de la tête de celui qui tire l’eau. La corde où pend le seau se loge dans la gorge de la poulie. Il suffit de tirer sur la corde pour faire remonter le seau chargé d’eau.


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Le treuil :

Un cylindre de bois d’une longueur quasi égale au diamètre du puits, placé horizontalement à la hauteur des épaules de celui qui tire l’eau, s’appuie sur la partie supérieure du puits.
Pour exhausser le treuil, les maîtres d’œuvre ont utilisé des murs maçonnés, des montants en fer forgé. A ses extrémités, une ou deux manivelles enroulent une chaîne sur le cylindre.
Il convenait d’éviter le bras de la manivelle qui pouvait s’emballer comme un moulinet sous l’effet du poids du seau qui redescendait alors sans contrôle. Souvenirs cuisants et douloureux (pour le corps et pour l’amour propre) pour des vacanciers néophytes par exemple !!!

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Le beau puits bien conservé sis passage entre les deux chemins. Les angles de la margelle sont à pans coupés.

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Plan rapproché sur le puits de l'impasse des deux chemins. L'eau est au moins à 38 mètres.


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Le mécanisme de puisage est en parfait état de fonctionnement.

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Ce puits bien entretenu de l'Ormeau dispose de deux manivelles pour actionner le tambour.

La mécanique à engrenage : la pompe à godets ou à chapelets :

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Une chaîne sans fin munie de tampons de caoutchouc ou de godets, de même diamètre que le tuyau, est entraînée par deux poulies à gorge actionnées par une manivelle ; les godets ou les tampons jouent le rôle d’ascenseurs et font ainsi monter l’eau du puits.



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Puits à la Vallée.



Puits avec élévateur chaîne-hélice

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Puits avec élévateur d'eau de type chaîne-hélice construit en 1914. L'eau est à 34 mètres. Rue du Planty.

Ce mécanisme se compose d'une chaîne centrale galvanisée, enveloppée de fils d'acier en forme de spirales (invention de M. Bessonnet-Favre des Roches-Prémaries, Vienne ).

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La chaîne-hélice forme une chaîne fin sans placée sur une poulie à gorge d'un élévateur. Elle est descendue dans le puits avec sa poulie contre-poids.
Si l'on fait tourner la poulie à gorge, chacune des parties de la chaîne-hélice, en traversant la couche liquide, se chargera de gouttelettes qui s'introduisent entre la chaîne centrale et les spires. Il en résulte une colonne liquide qui s'élève sans le concours d'aucun tuyau.


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* Appareil en fonte reposant sur deux colonnes boulonnées sur une plaque en fonte de dessus de puits.
Cet appareillage d'une grande simplicité présente l'avantage, d'après le constructeur, de supprimer les tuyaux dans le puits et ne nécessite pas de godets ni de tampons en caoutchouc.
* L'élévateur représenté sur le catalogue du fournisseur de janvier 1914.




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Un volant muni d'une poignée et une manivelle placée de l'autre côté de l'appareil en permettent la manœuvre par une ou deux personnes.


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Un poisson enjolive le bec d'écoulement de l'eau.

Le balancier : nous n’avons pas trouvé trace de ce système (chadouf en Egypte), utilisé pour l’exploitation des nappes superficielles ce qui n’était pas souvent le cas à Buxerolles (peut-être à L’Essart, Clotet ?) ; nous le rappelons pour mémoire.
Toutefois un puits à balancier existait en terre de Vienne à Saint-Sauvant comme cette carte postale ancienne le montre.

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Pour ce type de puits, un contrepoids situé à l'extrémité du levier permet de remonter le seau rempli d’eau. C’est un dispositif ingénieux reposant sur le principe du levier appuyé en son milieu sur un pivot et portant à un bout un récipient et à l’autre un contrepoids.

♦️QUELQUES AUTRES PUITS SAUVEGARDES
D’autres puits de jardin méritent d’être redécouverts ; certains restaurés et entretenus d'autres malheureusement négligés.

✏︎ 1. Puits dans les jardins


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L'Ormeau. L'eau est ici à 44 mètres de profondeur…


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Puits à La Dinière dans un environnement soigné.

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Puits route de l'Ormeau avec ses deux manivelles.

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Puits observable depuis la route de Bonneuil-Matours.




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Par opposition aux ferronneries et recouvrements classiques rencontrés ci-dessus on peut encore observer ci-après un puits à la ferronnerie fantaisiste en forme de chapeau chinois à la Dinière.


✏︎ 2. Puits protégé par le renfoncement d’une construction


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Puits à Lessart


✏︎ 3 . Si beaucoup de puits sont creusés dans le jardin, plus ou moins proches des habitations, dans certains cas, on peut en observer à l’intérieur même des maisons.


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Il en est ainsi de celui-ci situé non loin de la place de l'église du Bourg. Situé dans une servitude il est invisible de la rue…


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