La cathédrale Vieille de Coimbra " Sé Velha "
L’architecture de la Sé Velha de Coimbra présente des éléments de style roman et des influences mauresques et gothiques, héritées de la Reconquista (= la période médiévale correspondant à la reconquête de la péninsule ibérique par les chrétiens), reflète le dynamisme et la diversité culturelle du Portugal naissant.
La construction de Sé Velha a commencé en 1146, mais a progressé lentement en raison du manque de financement. La partie principale du bâtiment a été achevée au début du XIII e siècle. Des transformations importantes ont été réalisées au XVIe siècle (Décoration avec de la céramique, création de la Porta Speciosa au nord et les modifications de l'absidiole au sud).
L'Extérieur
La cathédrale se présente curieusement comme un grand édifice trapu et austère en pierre calcaire surmonté d'un parapet avec créneaux faisant penser plus à un ouvrage de défense qu'à un bâtiment religieux. Sans doute faut-il voir dans cette modalité de construction la volonté des bâtisseurs de défendre cet espace ecclésial au besoin par les armes.
Seuls le portail et la grande fenêtre axiale réduisent quelque peu le caractère hostile de cette façade occidentale ne comportant pas de hautes tours.
En montant un escalier comportant deux volées de six marches on parvient au portail caractérisé par l'absence de tympan.
Les archivoltes en plein cintre sont ornées de boules.
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Richesse de l'ornementation des fûts de colonnes et des socles les supportant.
La décoration des chapiteaux reprend des thèmes propres à l'art roman: motifs végétaux et animaliers.
Certains chapiteaux ayant trop subi l'usure du temps ont dû être refaits au XIXe siècle.
Une belle représentation de deux lions en compagnie de serpents se détache des chapiteaux du côté droit du portail.
Une corniche-larmier avec modillons sépare la partie inférieure de la façade et la grande fenêtre.
La fenêtre en plein cintre est d'une facture analogue au portail mais est d'une plus grande sobriété. Elle se compose de quatre archivoltes en plein cintre encadrées d'un boudin extérieur.
Motifs végétaux et animaliers ornent là encore les chapiteaux coiffant les colonnes non décorées
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La façade septentrionale attire le regard par un avant-corps en marbre de facture Renaissance italienne. ( Porta Especiosa).
La façade du transept n'a pas connu la transformation subie par la façade nord.
Elle comporte des arcs prenant appui sur des colonnettes sans décor aux chapiteaux à l'ornementation courante.
Au-dessus prennent place trois fenêtres sans décor.
Enfin la partie haute de la façade montre une arcade géminée, deux petites baies séparées par une colonnette jumelée.
Le chevet vu du nord-est avec à l'arrière-plan la tour-lanterne.
Coupole de la tour-lanterne érigée au-dessus de la croisée du transept qui surprend le regard par son type de couverture.
L'abside et l'absidiole nord. Les deux éléments architecturaux présentent une fenêtre ayant un arc enjolivé d'une ornementation de boules.
L'abside nord dispose encore de chapiteaux et de modillons intéressants.
Au-dessus de l'abside le mur oriental du transept prend place une galerie extérieure comportant six arcs supportés par de courtes colonnes aux élégants chapiteaux.
L'Intérieur
La Cathédrale s’organise autour d’une nef disposant de collatéraux exhaussés d'un étage, d’un petit transept et d’une abside dotée de trois chapelles.
La nef est voûtée en berceau. Les arcatures du rez-de-chaussée sont en plein cintre.
Vue de la nef sur le bas-côté nord.
Les collatéraux sont larges et dotés de voûtes d'arêtes.
Au-dessus des collatéraux prennent place des tribunes.
Tour-lanterne élevée à la croisée du transept comportant des fenêtres jumelées laissant pénétrer la lumière.
Les arêtes du voûtement sont munies de nervures simples.
Les branches de ces nervures reposent sur des masques grotesques situés dans les angles.
Le chœur et son retable en bois sculpté consacré à l'Assomption de la Vierge ( 1498-1508 ) rompt par son faste à la sobriété romane du monument.
Le panneau central évoque la montée au ciel de Notre-Dame.
Base de l'autel majeur constitué de divers éléments d'origines différentes découvertes en plusieurs lieux.
Quatre colonnes encadrent une cinquième plus forte. Les fûts cylindriques se dressent sur des bases comportant des tores.
Les chapiteaux présentent des palmettes situées dans des rameaux. Une inscription - qui aurait été rédigée en 1174 selon certains experts - peut être perçue sur la tablette.
Les chapiteaux de l'ordre de 380 se caractérisent par l'absence de figures humaines et de scènes historiées.
Les sujets abordés sont surtout des représentations végétales voire animales par paires confrontées, adossées, prises entre des rinceaux … Voici quelques exemples :
Des reptiles attaquent des oiseaux.
Des créatures fabuleuses affrontées dont les queues se terminent en panache feuillu.
Deux centaures affrontés portant barbes et cheveux émergent de rinceaux ornés de boutons.
A l'angle des corbeilles des atlantes dont seuls la tête, les épaules et les bras prennent appuis sur un feuillage. Deux harpies coiffées d'un bonnet complètent la scène.
Sur les trois faces quatre oiseaux de taille différente.
Deux oiseaux buvant dans un vase occupant la face centrale.
Deux quadrupèdes affrontés se partagent une denrée.
Au milieu de feuillages une tête de chat de la bouche auquel sortent des rinceaux .
Les variantes de motifs végétaux sont le thème privilégié par les artistes : feuilles s'élançant vers le haut, petites feuilles à nervure centrale, feuillages stylisés…
Le cloître
Le cloître construit entre 1180 et 1230 allierait facture romane et style gothique.
Chacun des grands arcs légèrement brisés abrite deux arcades géminées en plein cintre.
La structure des voûtes et leurs nervures sont de facture gothique. A la clef un ange porte le Livre.
Des chapiteaux relèvent encore de la sensibilité romane mais témoignent dans leur réalisation d'un esprit de transition.
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