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Portugal, route romane 2
Portugal, route romane 2
  • * Janvier 2024 joël jalladeau Courriel 0

Portugal, route romane 2

Monastère Santa Maria d'Alcobaça


Le monastère d’Alcobaça, par l’ampleur des dimensions, le style architectural, est un chef-d’œuvre de l’art gothique cistercien. Il témoigne de la diffusion d’une esthétique née en Bourgogne du temps de saint-Bernard et de la survie de l’idéal ascétique qui caractérise les premières fondations de l’ordre comme Pontigny et Fontenay.


Malgré les transformations successives apportées au fil des siècles on peut percevoir la simplicité originelle de la superbe réalisation architecturale située entre Lisbonne et Porto. Le monastère est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l'Unesco depuis 1989. Il est déclaré en juillet 2007 comme une des sept merveilles du Portugal.


Le monastère déploie sa longue façade baroque devant une immense esplanade.
Il est constitué de trois corps : l'église dont la façade s'élève à 43 mètres, les ailes nord et sud qui accueillaient respectivement les appartements du roi et de la cour, et les logements de l'abbé et des moines.
Vus de l'extérieur les bâtiments du XVIIIe siècle ne laissent guère soupçonner les splendeurs de l'architecture cistercienne qu'ils recèlent.

L'église

De la façade originale, altérée par des remaniements, ne subsistent que le portail et la rose.
Le réaménagement de la façade dans le style baroque a été achevé en 1725. Tout en haut dans une niche on trouve Notre-Dame de l'Assomption.



L’imposant fronton baroque et les clochers ont été ajoutés au XVIIIe siècle.
Les statues qui ornent la façade représentent de bas en haut saint Bernard et saint Benoît, puis les quatre vertus cardinales (la Force, la Prudence, la Justice et la Tempérance).



La rosace de la façade a conservé son style originel, gothique. Ici elle est vue de l'intérieur.



L'église, à la fois grandiose et austère, a été construite en trois étapes, entre 1178 et 1233-52.
Elle mesure plus de 100 mètres de long.
Les voûtes de la nef et des bas-côtés sont pratiquement de la même hauteur à quelques 20 mètres au-dessus du sol.

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Le chœur : vue d'ensemble.


Le chœur : détails.
La prédominance des teintes blanches est obtenue grâce à la pierre calcaire usitée comme matériau de construction.



Le déambulatoire.



Dans le déambulatoire, il y a neuf chapelles radiales.


Les cloîtres

Le cloître du Silence est au centre du monastère médiéval puisque c'est à partir de ce lieu que les moines accédaient aux divers espaces conventuels.


Le cloître du Silence est encore appelé cloître du roi Dinis car construit à la demande de ce dernier.
Le rez-de-chaussée a été achevé en 1311.
L’étage supérieur du cloître est plus tardif.


Galeries du cloître du Silence.


Les arcatures au tracé brisé et leurs motifs ornementaux.











Les rosaces sont toutes différentes.


L'étage supérieur du cloître du Silence.


Il a été construit au début du XVIe siècle.


Galeries du cloître supérieur.




Le cloître du Cardinal.


Les bâtiments conventuels

La salle capitulaire.
La construction a commencé au XIIIe siècle et a fait l'objet de travaux entre 1308 et 1311.
Les archivoltes en plein cintre reposent sur de fines colonnettes.



Elle se compose de trois nefs à trois travées.



Sur le côté de la salle du chapitre se trouve le
parloir : seul petit espace où la conversation était permise.


Les corbeilles des chapiteaux disposent de feuillages stylisés correspondant à l'esprit cistercien.



Sculpture et inscription sur le mur de la galerie.



Le réfectoire.


Trois nefs de même largeur et des voûtes à la même hauteur.


Variété du traitement des chapiteaux de cette grande salle voûtée d'ogives.


La chaire du lecteur.
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Au centre de la galerie nord du cloître du roi Dinis se trouve le réfectoire. Il était précédé d’un bassin, où les moines accomplissaient leur rituel de lavage des mains avant le repas : le lavabo.


Cette fontaine en pierre richement sculptée est œuvre de la Renaissance.



Le lavabo vu de l'extérieur.


La cuisine.
Salle monumentale reconstruite au XVIIIe siècle haute de 18 mètres aux parois revêtus de céramique blanche.


Cet espace surprend par ses énormes
cheminées.


A noter la présence d'un bassin, alimenté par canalisation souterraine par le bief, bel exemple d'infrastructure hydraulique.


La salle des moines
Vaste salle gothique les voûtes de ses trois nefs s'appuient sur deux rangées de colonnes.


La salle des moines hébergeait le noviciat.






Le dortoir







Les tombeaux du roi Pedro et d’Inès de Castro


La légende veut que la relation entre D. Pedro I et D. Inês de Castro ait commencé peu après le mariage du futur roi du Portugal avec D. Constança Manuel.
En raison de l'origine étrangère de D. Inês de Castro, le roi de l'époque, Afonso IV, s'est toujours opposé à la relation de son fils. Il a même fait exiler D. Inês de Castro en 1344, au château d'Albuquerque (à la frontière avec le royaume de Castille) !
Après des années de conflit avec son fils, le roi Afonso IV a ordonné à trois de ses conseillers royaux d'assassiner D. Inês de Castro en 1355.


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Les tombeaux du roi Pedro et d’Inès de Castro se font face.


Les anges étirent les bras afin de soutenir le gisant du roi Pedro.



Les roues de la fortune et de la vie.



Sur le
tombeau d'Inès, les motifs représentent l'incarnation du Christ.


Evocation de la destinée humaine, de la mort et de l’espérance chrétienne de la vie éternelle.
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Bref retour sur L'ART DE BÂTIR :

Le Moyen Age bâtit, sculpte et peint en vue du ciel. Cluny versus Cîteaux


Le voyage dans le temps, le temps des pierres, sera marqué par les sensibilités romanes, cisterciennes ou gothiques des époques de construction. En mettant en avant la majesté du Tout-Puissant, CLUNY entend édifier les âmes par une riche et foisonnante ornementation sculptée égayant les murs pleins et les arcs en plein cintre. En empilant et combinant des volumes, en construisant des absides multiples, en ciselant la pierre des tympans et des chapiteaux le monachisme clunisien a élevé des églises somptueuses. La transfiguration de la pierre, poussée jusqu'à la luxuriance, se voulait avant tout louange de Dieu. Sous cet angle, la maison de Dieu - l'église - ne sera jamais ni trop grande, ni trop belle !

Repoussant tout divertissement,
l'ESPRIT CISTERCIEN, en réaction, s'est démarqué de l'art clunisien par la simplification des plans et des formes de ses édifices ainsi que par son austérité et son dépouillement. En d'autres termes, c'est une quête de perfection formelle qui a été recherchée dans l'élévation de chevets plats, de murs nus, de piliers simples alliée à la reconnaissance de l'importance déjà accordée au jeu de la lumière.
Cet esprit de Cîteaux entendait appliquer dans l'art de bâtir les principes mêmes à la base de la réforme de l'ordre bénédictin : le rétablissement de la Règle dans toute sa pureté. L'esprit cistercien est un esprit d'austérité qui se manifeste par l'éloignement de toute agglomération, le travail manuel, la simplicité tant dans le vêtement que dans la nourriture. Il s'est traduit, dans l'art de bâtir, par l'équilibre des volumes et des proportions, et dans l'aménagement des bâtiments par la rigueur et la grande sobriété des applications décoratives.
On sait que
saint Bernard, se plaçant du point de vue de la pureté monastique, a vigoureusement critiqué " ces monstres grotesques, ces extraordinaires beautés difformes et ces belles difformités " que l'on rencontrait dans les édifices clunisiens. L'ornementation figurée - peinture et sculpture - non seulement n'est pas utile à l'homme spirituel, mais, plus encore, ne peut que le distraire de sa prière et de sa contemplation. " On déchiffre les marbres au lieu de lire dans les manuscrits, on occupe le jour à contempler ces curiosités au lieu de méditer la loi de Dieu " disait saint Bernard. Dans cette perspective cistercienne, seul le dépouillement tant architectural qu'ornemental serait propice au recueillement et à la prière.

Avec les croisées d'ogives soulevant les voûtes et les arcs-boutants épaulant des murs moins épais,
l'ART GOTHIQUE allégera les structures, fera monter vers le ciel les cathédrales en surélevant l'architecture pour y faire entrer pleinement la lumière.
Par ses voûtes ogivales bombées, le
STYLE PLANTAGENÊT, dit aussi ANGEVIN, marque la transition entre le ROMAN et le GOTHIQUE. Dans cette perspective, l'agencement architectural n'apparaît pas réduit à ses seuls aspects techniques et fonctionnels !
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