Le portail du Jugement dernier
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Le portail central de la façade Ouest, installé dans les années 1220 -1230, est fréquemment appelé le portail royal. Son programme iconographique, dédié à l'Apocalypse et au Jugement dernier, se développe sur le tympan et les voussures. Ce portail a subi des modifications importantes aux XVIIIe et XIXe siècles.
Vue d'ensemble du portail principal dit souvent royal : tympan, double linteau, voussures, trumeau et ébrasements.
♦️Représentations figurées du tympan
Par la présence des instruments de la Passion, J: la représentation de l’Enfer a d’ailleurs quitté le tympan pour seulement occuper les registres inférieurs des voussures. Christ juge des tympans romans fait ici place au Christ de douleur.
Le tympan du Jugement dernier (1220-1230) met en scène le Christ en majesté, montrant les plaies de ses mains et de son côté tandis que les deux anges qui l’entourent portent les instruments de la Passion ( croix, lance et clous ). De chaque côté, la Vierge couronnée et saint Jean à genoux implorent la miséricorde du Seigneur en faveur des pécheurs. Le Christ rédempteur a les pieds reposant sur la Jérusalem céleste.
♦️Représentations figurées des linteaux
En-dessous, sur le linteau inférieur refait au XIXe siècle les morts ressuscitent et sortent de leurs tombeaux au son des trompes jouées par deux anges. Parmi ces hommes et ces femmes de toute condition, tous vêtus, on peut voir un évêque, un roi, des guerriers.
Sur le linteau supérieur est figuré saint Michel pesant les âmes. De part et d’autre de saint Michel et de Satan, est représenté le cortège des élus et des réprouvés.
L’archange Michel pèse les âmes des morts qui sont conduits soit vers le Paradis (à la droite du Christ) soit vers l’Enfer. Des démons trichent pour faire pencher la balance du mauvais côté et ainsi d'influencer le verdict.Par dessous un diablotin essaie lui aussi de faire pencher la balance du mauvais côté, du côté de l’enfer !
Les élus ayant su manifester amour envers Dieu et les hommes tournent leur regard vers le Seigneur.
Les réprouvés vêtus et enchaînés s'éloignent du Christ conduits par deux démons laids aux pieds crochus vers les lieux infernaux. La terreur et le désespoir se lisent sur les visages des hommes et femmes de toutes conditions.
Les voussures présentent des figurations ( datant du XIIIe siècle ) complémentaires de l'imagerie du tympan avec de rares scènes de l'enfer sur les claveaux inférieurs au Sud et les images des élus pour l'essentielles claveaux. Le Christ de la Passion apparaît moins comme le juge des tympans romans, que comme le Rédempteur. Faut-il émettre l'hypothèse qu'il n’est plus question autant d’impressionner les populations avec les images de terreur des tympans du siècle passé.
** Saynètes de l'enfer
Un diable enfourne les damnés dans un chaudron d'eau bouillante.
Des diables cornus torturent de pauvres humains.
La composition la plus originale est celle où un démon couronné et rondouillard écrase de toute sa corpulence trois réprouvés : un avare avec sa besace pendant à son cou, un évêque et un personnage royal.
** Saynètes du paradis
Ces représentations des anges et des élus occupent ici l'essentiel des claveaux des voussures comme sur ces extraits ci-dessous.
Voussures second registre de gauche
Voussures premier registre de gauche
Détail de l'extrémité inférieure de la deuxième voussure gauche du portail : Abraham au paradis recueillant trois âmes sous forme de petits enfants dans son giron ; ce faisant une thématique bien connue à l'époque romane a été ici reprise.
♦️Représentations figurées du trumeau et des ébrasements
Lors de la grande campagne de restauration à la moitié du XIXème siècle, Viollet-le-Duc rétablira l’état d’origine du portail en faisant refaire, le trumeau et les statues des douze apôtres placées aux ébrasements de même que les effigies des vierges sages et des vierges folles.
" Un Beau Dieu " sur le trumeau, sur les piédroits les vierges sages à gauche et les vierges folles à droite et les apôtres sur les ébrasements.
Plan rapproché sur le " Beau Dieu "
♦️Images des apôtres debout et tournés vers le Christ au niveau supérieur des ébrasements
On reconnaît successivement de droite à gauche : Pierre avec sa clé, Jean tenant un calice, André portant sa croix, Jaques le Mineur avec un bâton, Simon tenant le Livre, Barthélémy.
On a de gauche à droite : Paul tenant un glaive, Jacques le Majeur avec une coquille sur sa besace, Thomas tenant une règle, Philippe portant une croix, Jude avec un pieu et Matthieu soutenant le Livre.
♦️Images des vices et des vertus sur le niveau inférieur des ébrasements
Au XIIIe siècle dans les grandes cathédrales françaises apparaît un programme iconographique nouveau.
Les artistes de l’époque gothique abandonnent les grandes figures symboliques au profit des petites saynètes évocatrices. il reprend un langage neuf .
Les artistes des temps romans figurèrent le dénouement du drame entre ce qui est bien et ce qui ne l'est pas en sculptant les Vertus, sous forme de vierges accoutrées comme des guerriers, armées de pied en cap, triomphant des Vices représentés sous forme de petits monstres à leurs pieds.
Eglise dSaint-Nicolas, Civray, Vienne.
A l'âge gothique les couples Vice / Vertu ne sont plus représentés par des vierges combattantes écrasant des créatures monstrueuse plus ou moins semblables, mais ils sont représentés sur deux niveaux : les Vertus, occupent l'étage supérieur représentées sous la forme de femmes assises, chacune dotée de médaillon où sont rappelés leurs attributs méritoires ; les Vices correspondants occupant le niveau inférieur sont figurés dans leurs mauvaises actions relatives à la vie quotidienne.
En décembre 2018 l'accès au portail royal étant interdit la journée pour des raisons de sécurité, nous emprunterons ces sculptures d'origine à l'auteur du site http://hermetism.free.fr/cathedrale_paris_ouest.htm
Au Sud, de gauche à droite on peut observer les six associations de vices et de vertus. Premier couple, la force ou le courage et la lâcheté ( personnage s'en fuite devant un animal et abandonnant son épée ). Deuxième couple, la patience et la colère (femme esquissant le geste de frapper un moine). Troisième couple, la douceur et la dureté (femme renversant un valet). Quatrième couple, la concorde et la discorde (homme et femme ivres se battant). Cinquième couple, la gentillesse et l'esprit de révolte (personnage insultant son évêque). Sixième couple, la persévérance et l'inconstance (moine quittant son monastère).
De même au Nord, sont associés de gauche à droite, l'humilité et l'orgueil ( cavalier tombant de sa monture ), la sagesse et la folie ( personnage hagard errant dans la campagne ), la justice et l'injustice, la charité et l'avarice ( femme se penchant vers un coffre ), l'espérance et le désespoir ( homme se passant une épée à travers le corps ), la foi ( croix ) et l'impiété ( personnage semblant adorer une idole ).
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