Lucarnes-fenêtres et lucarnes-engagées
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Le manoir de Clotet et ses lucarnes-fenêtres.

Selon leur usage deux grands types de lucarnes peuvent être observés.
D'une part les lucarnes-fenêtres qui ne compromettent pas la continuité de la gouttière de par leur position en retrait de la façade.
D'autre part, les lucarnes dites pendantes ou engagées pour lesquelles la continuité de la gouttière est interrompue.


☞Les lucarnes-fenêtres, ouvertures de charme
Le plus souvent les lucarnes possèdent un toit à deux pentes ; leurs appellations ne manquent pas : en bâtière, jacobine, à chevalet… Le cadre de la fenêtre est surmonté d'un fronton triangulaire ou cintré. Le toit de la lucarne ne vient pas recouvrir la baie mais seulement ce fronton qui s’élève au-dessus d’elle. La baie est encadrée par les pans verticaux qui la relient au rampant du toit de la maison ( les joues ). Ces dernières sont maçonnées, recouvertes d’ardoises, de tuiles ou encore de bois …


♦️Les lucarnes à fronton triangulaire
Le linteau droit de ces lucarnes est surmonté par un fronton triangulaire, doté d’un cadre mouluré. Les styles sont variés.
Les frontons triangulaires sont classiques dans les réalisations des XVII ème et XVIII ème siècles.





Lucarnes-fenêtres dans une toiture à la Mansart du manoir de Clotet.

Un toit mansardé à la Mansart est une toiture à comble brisé dont chaque versant a deux pentes : la partie supérieure à faible pente (le terrasson) est brisée par une pente plus forte aux abords de la façade (le brisis) ; les deux versants sont articulés par la ligne de bris.



  • La lucarne-fenêtre est percée dans le brisis des toits mansardés. La lucarne centrale surplombant la porte-fenêtre est ornée d'une boule.



Rue de Lessart plusieurs maisons disposent de lucarnes à linteau droit surmonté d'un fronton triangulaire. Les joues et le chapeau sont ici ouverts de tuiles.




Rue de Lessart.

Cette variante de même style présente des jambages en pierre reposant directement sur le mur de façade.


Rue de Lessart.

Une vue rapprochée du mur gouttereau révèle la date de construction : 1760.



Rue de Lessart.
Belle lucarne aux jambages en pierre à contrefort.


Rue de Lessart.
Plan rapproché sur le renfort richement décoré d'un jambage.


Pour quelles raisons trouve-t-on de si belles lucarnes dans ce vieux quartier de Buxerolles ? C'est parce que historiquement Lessart a constitué longtemps le cœur économique et démographique de la paroisse jusqu’au début du XXe siècle. Village de vignerons et de meuniers dont il reste encore des maisons, c’était un port sur le Clain, navigable entre Poitiers et Châtellerault. On y transportait sur des barques tirées par des chevaux le long du chemin de halage, le vin des coteaux de Buxerolles, la pierre meulière, les céréales.


♦️Les lucarnes en bâtière


Ces lucarnes en bâtière du colombier de la Charletterie, remontant au XVIIe siècle, montrent bien la différence de structure avec les lucarnes précédentes à fronton triangulaire.


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Après et avant réhabilitation de la toiture du colombier de la Charletterie.

Ces lucarnes sont faites de trois pierres monolithes. Deux jambages, légèrement élargis à la base soutiennent un linteau à deux versants. Les joues sont en ardoises.

♦️Linteau cintré
Les courbures de certains linteaux donneront une certaine élégance à certaines lucarnes.


Rue de Lessart.

Le linteau en arc segmentaire est surmonté de moulures en saillie formant une corniche.


Rue de Lessart.

Le linteau repose sur deux jambages moulurés à contrefort sans décor. Les joues de la lucarne sont couvertes de tuiles.




Rue Hippolyte Véron.
Un autre exemple de fronton curviligne mouluré ; en revanche les joues, en accord avec l'ensemble de la toiture, sont couvertes d'ardoises.

♦️Linteau en chapeau de gendarme



Lucarnes en chapeau de gendarme sur une toiture à la Mansart.

Ce type de lucarne est une variante du linteau curviligne. Les extrémités du linteau qui prennent appui sur le jambage sont droites alors que la partie centrale est incurvée. Cette double courbure très allongée, évoque le bicorne, modèle de couvre-chef masculin à deux " cornes " d'une époque.




 Une des belles lucarnes avec fronton en arc segmentaire. Le linteau en chapeau de gendarme prend appui sur des jambages à léger contrefort. Une moulure encadre la baie. 



Une vue rapprochée du chapeau de gendarme révèle la date de construction : 1762.


♦️Lucarnes à croupe
La lucarne à croupe est surmontée d'un mini-toit à trois versants : deux longs pans se raccordant avec la toiture du grand comble et un pan incliné en façade dénommé croupe.



Trois lucarnes à croupe du manoir de la Charletterie.


Manoir de la Charletterie.

La croupe ( plan incliné en façade ) et les joues sont couvertes d' ardoises naturelles ; le faîtage et l'épi sont en zinc.

Lucarne capucine



On parle de lucarne à la capucine lorsque la croupe déborde, avance en encorbellement par rapport à la façade.
A titre d'exemple, en voici une belle entièrement réalisée en charpente de l'Office du Tourisme de Noirmoutier-en-l'île, Vendée.
☞Les lucarnes engagées
Leur ouverture est découpée partiellement sur le mur de façade et en partie dans la toiture. Cette position implique donc une rupture de l’égout et éventuellement de la gouttière dans la couverture principale.
A l'origine les lucarnes-portes étaient des ouvertures d'accès aux combles.
Ultérieurement les lucarnes engagées dans le mur de la façade se rencontrent sur les toitures à faible pente lorsque le plancher de l'espace intérieur est situé très au-dessous du couronnement des murs gouttereaux pour gagner du volume dans cet espace.

  • ♦️Les lucarnes-portes anciennes servaient à faire monter les objets pesants dans les parties les plus hautes d'une construction.




Manoir de la Loubantière.

Cette lucarne-porte avec linteau monolithe et jambages en pierres reposant sur le mur de façade. observée sur une grange du logis, est sans doute la plus ancienne lucarne de la commune.
Les lucarnes-portes découlent directement de la fonction agricole des combles ; certaines dénominations sont explicites : meunières, gerbières voire feunières car permettent d’engranger le foin.


Exemple de dispositif de montée des sacs de blé encore existant sur la fenêtre de la pharmacie Giraud à Noirmoutier-en-L'ïle, Vendée.


Autre dispositif permettant d'élever des charges sur l'immeuble ancien occupé par l'Office du Tourisme de Noirmoutier-en-l'île, Vendée.


Début du chemin du petit Nieul à la Dinière.

Cette ouverture pratiquée dans la toiture permettait, semble-t-il, il y a encore quelques décennies, l’accès aux greniers.

  • ♦️De nouvelles lucarnes engagées dans le mur de façade
Ces ouvertures sont encore à l’honneur sur certaines constructions récentes, et les travaux d’aménagement de combles s’accompagnent souvent de la restauration de lucarnes sur la toiture d’un édifice ancien.


Chemin de la Loubantière.

Sur cette belle rénovation d'un bâtiment les lucarnes s’inscrivent bien dans le prolongement vertical du mur de la façade, et leurs parties inférieures se trouvent plus bas que l’égout de la toiture. La gouttière doit être interrompue avec nécessité de créer une descente d’eaux pluviales sur l’un des côtés de la lucarne. Comme pour l'ensemble de la toiture les joues sont en ardoises et le faîtage en zinc.


Rue Hippolyte Véron

Pour cette maison les deux versants de la couverture de la lucarne sont couverts de tuiles ainsi que que le faîtage ; les joues sont maçonnées.



Rue Hippolyte Véron

Variante de lucarne engagée à fronton triangulaire et jambages en pierres sur une habitation rénovée.


L'Ormeau
Variante sur une construction plus récente ; les joues de la lucarne à trois pans sont maçonnées.


Rue Hippolyte Véron

Pour terminer cet inventaire cette maison ancienne bien réhabilitée associe trois types de baies depuis l'œil-de-bœuf jusqu'au Vélux en passant par la lucarne pendante aux joues en bois.


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