L'abbaye de Solignac, 87110.
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L'abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul de Solignac est devenue, depuis la Révolution, église paroissiale sous le vocable de Saint-Michel.
L’abbatiale de Solignac - parmi les plus anciennes et les plus remarquables des églises limousines - a connu une histoire très mouvementée. C’est dans la première moitié du XIIe siècle que fut édifiée la nef de l’église, puis le chœur et le transept, après un incendie en 1178. Elle sera ruinée à nouveau au XVIe siècle lors des guerres de Religion et des révoltes paysannes. L’abbaye se relèvera au XVIIe siècle.
Vue d'ensemble de l'église abbatiale. A droite on aperçoit une partie des bâtiments monastiques actuels du XVIII e siècle au fond du jardin.
Découvrir l'extérieur
L’ancien clocher-porche carré a été relevé au XIIIe, mais a été remplacé par un clocher-mur après son effondrement en 1783.
En façade le clocher-pignon est épaulé par des contreforts.
Un grand portail composé de quatre voussures.
Trois voussures disposent de restes de tores tout en n'ayant plus leurs colonnettes.
L'élévation du mur extérieur de la nef côté nord montre de larges contreforts peu proéminents.
Par ailleurs chaque travée comporte une demi-colonne séparant deux groupes de quatre arcs.
Les retombées des arcs se font alternativement sur des pilastres sans décor et sur des culots sculptés de personnages accroupis et de créatures monstrueuses.
Une des quatre fenêtres avec tore supporté par des chapiteaux sans tailloir.
Le croisillon nord du transept présente un portail surplombé par une fenêtre limousine.
Le cliché permet également d'observer le fort soubassement sur lequel prennent appui les de la nef.
Le portail brisé comporte deux voussures limousines; il est entouré de trois arcades ( une à droite et deux à gauche ).
Les petits chapiteaux calcaires des voussures représentent des sujets habituels : personnages et créatures monstrueuses.
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Eléments du décor sculpté.
Un panneau calcaire est enchâssé au-dessus de la porte.
Il représente un Christ nimbé et bénissant. Des niches l'entourent laissant deviner un ange et un aigle.
En plus, des arcades avec colonnettes torsadées complètent le panneau.
Découvrir l'intérieur
Dans le chœur, les chapiteaux, en calcaire, sont d'un style relativement avancé : rangées superposées de palmettes, griffons saisis au col et à la queue par deux hommes, personnages luttant avec des serpents entrelacés.
Vue axiale de la nef et du chœur prise du haut des marches du narthex.
Les deux travées carrées disposent de coupoles hémisphériques. La coupole de la croisée est en tous points semblable aux autres.
Crédit photo : Michel Claveyrolas
https://www.romanes.com/Solignac/Saint_Pierre_et_Saint_Paul_de_Solignac_.html
La croisée du transept, l'ouverture du chœur et le bras sud du transept.
Le chœur sans déambulatoire est terminé par une abside à trois absidioles voûtées en cul-de-four.
De chaque côté de la nef des arceaux supportent une coursière.
Les arceaux retombent selon les travées sur des pilastres, des demi-colonnes et alternativement sur des culots.
Il faut souligner une particularité du monument : de chaque côté de la nef les motifs des chapiteaux et culots sont les mêmes.
Dans la première travée les chapiteaux en tronc de pyramide sont en losange et ne comportent pas d'astragale. Ici un motif de feuillage et d'entrelacs.
Les corbeaux montrent notamment des personnages levant les bras …
… et des animaux réunis.
Aux chapiteaux toujours en granit de la deuxième travée on observe la modification des corbeilles et la présence d'astragales.
La peinture murale de saint Christophe
La peinture murale de saint Christophe, du XVe siècle, découverte en 1950 a été restaurée après avoir été décollée du mur et placée sur un support inerte, évitant ainsi les effets néfastes des remontées d'humidité dans son pilier support.
Cette œuvre reprend librement la "légende dorée" du dominicain Jacques de Voragine (1264 ) à laquelle elle ajoute ce qui semble être le rappel d'un incident et peut-être d'un voeu ainsi que des armoiries de donateurs.
Selon cette légende, Saint Christophe, de son véritable nom Reprobus (le réprouvé) était originaire du pays de Chanaan où vivaient des géants.
Résolu à ne servir que le maître le plus puissant, il alla tout d'abord chez un prince.
Mais ce prince avait peur du diable et Reprobus le quitta pour se mettre au service du diable, plus puissant. Au détour d'un chemin, tous deux rencontrèrent une croix et la voyant, le diable prit la fuite.
Tout à sa recherche, Reprobus rencontra un ermite du nom de Babylas auquel un corbeau apportait quotidiennement du pain.
Tout à sa quête Reprobus rencontra un ermite.
Un ermite est ici figuré sortant d'une chapelle surmontée d'une cloche ; un oiseau noir figure le corbeau qui lui apportait son pain quotidien.
Mais Reprobus ayant servi le diable l'ermite lui imposa à une pénitence : faire traverser le fleuve aux pélerins en les transportant sur ses larges épaules puisqu'il n'y avait pas de pont.
Un jour qu'il transportait un enfant très lourd ( Jésus portant le poids du monde ) Reprobus faillit se noyer. C'est ainsi que Reprobus devint Christophoros " celui qui porte le Christ ".
Après cette aventure Christophe alla prêcher le christianisme. Mais le préfet le fit jeter en prison.
A la fenêtre d'un palais apparaît un prisonnier; le préfet ayant fait jeter Christophe en prison.
Un chevalier en prière, mains jointes, a devant lui un casque avec une plume verte.
Au-dessus figure un écu portant les armes d'un des donateurs de la peinture et qui fit également sculpter les stalles.
Les stalles du XVe siècle
A l'intérieur du chœur les religieux chargés de la prière au nom de l'Église, se réunissaient dans les stalles aux différentes heures de la journée. A Solignac elles ont été réalisées entre 1457 et 1484.
Les stalles sont constituées d'une suite de sièges en bois séparée par une cloison destinée à recevoir un clerc au cours des offices.
Les stalles comportent des panneaux séparant verticalement deux stalles ( parcloses ), et des jouées, panneaux situés aux extrémités de chaque série de stalles.
Quelques accoudoirs-appuis-mains
L'accoudoir sert à reposer les coudes des personnes en position debout.
Prolongement de la parclose, l'appui-main de forme arrondie est bien souvent sculpté de feuillage, d’une tête, d’un personnage ou d’un animal lové.
Quelques sellettes/miséricordes
- Chaque stalle comporte non seulement un dossier, des accoudoirs mais aussi un fond mobile, la sellette, sous laquelle est fixée une miséricorde, qui permet de s'asseoir tout en paraissant être debout.
Apparaissent aux yeux des visiteurs des figures amusantes, grimaçantes, moqueuses voire licencieuses, propres au registre profane.
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