Chapelle de l'ancien PRIEURE DE LONGEPONT:
une restitution pierre par pierre réussie
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Notre-Dame de Longefont, située dans une courbe de la Creuse, est un ancien prieuré appartenant à l'ordre de Fontevraud fondé au XIIe siècle. Il s'élève dans sa solitude sur la commune d'Oulches entre Saint-Gaultier et Le Blanc.
Il s'agit d'un prieuré de moniales fondé dans les années 1110 -1115 par le seigneur Pierre Isambert de Cors. Ce dernier en fait don au fondateur de l'ordre fontevriste, Robert d'Arbrissel. L'établissement porte alors le nom d'Abbatia Longi Fontis, abbaye de la Grande Fontaine.


A noter que la source « Font-Bleue », dénommée ainsi pour les reflets bleuâtres de son eau, jaillit toujours dans le parc, en contrebas du monument.
Le prieuré est ravagé par un incendie criminel en 1638 (7 foyers d’incendie), dans la nuit du 19 au 20 février 1638.
La Révolution, là comme ailleurs, n’épargna pas l'établissement monastique qui fut désaffecté en 1792, et vendu comme bien national en 1793 et 1796. Il ne subsiste bientôt plus des bâtiments réguliers que l'église. Laissée à l'abandon cette dernière tomba en ruines ; la voûte finit par s’effondrer en 1830. Le comblement de l’église, eut alors lieu, jusqu’au sommet des colonnes extérieures, avec des monceaux de terre et de gravats. Ses portes furent murées.
Après avoir passé entre plusieurs mains le prieuré finit par être acquis par le poète Prosper Blanchemain vers 1855. Le logis prieural devint alors un château romantique.
En 1997, son descendant François Chombart de Lauwe hérite de Longefont et restaure le « château » qui reprend son aspect de manoir prieural du XVIIIe siècle.
En 2005, le gel provoque l’éboulement de la porte romane de l’église, donnant sur le cloître. La restauration de la chapelle romane est alors envisagée.
En 2006, commence le déblaiement  de 600 m
3 de pierres et de terre et de gravats sous lesquels sont enfouies les pierres de l'édifice écroulé. Au cours de cette opération quarante-huit chapiteaux, sculptés de décors romans, furent retrouvés ainsi que des colonnes tant extérieures que du chœur et de l'abside.
Le prieuré fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 22 février 2007.
Grâce à la ténacité de la famille Chombart de Lauwe, propriétaire du site, l'année 2015 vit l'aboutissement des efforts de reconstruction ou plutôt de véritable restitution de l'ancienne chapelle romane prieurale.
Le grand trophée de la plus belle restauration 2016 a été attribué au prieuré.




L'ancien prieuré est invisible de l'espace public; situé discrètement derrière de hauts murs il ne s'offre s'offre au regard qu'une fois franchie la grille d'entrée à proximité du logis.


C'est en arrière-plan des vestiges d'un ancien four qu'il laisse découvrir sa façade occidentale très dépouillée. L'extrémité occidentale de l'édifice fut rasée après la vente du monastère comme bien national.



L'ensemble du prieuré vu depuis le jardin paysagé réalisé à l'emplacement du cloître détruit.



La face Nord présente de robustes contreforts rectangulaires et comporte la porte d'accès au cloître des religieuses.
La façade Ouest plus tardive comporte une porte en arc brisé au niveau inférieur et une fenêtre plein cintre au pignon.


Au milieu du mur Nord s'ouvre la porte des moniales permettant la communication avec le cloître.

En voyant cette petite église romane du XIIe siècle nichée dans son cadre paysager le visiteur a peine à croire qu’elle n'était que ruines il y a encore quelques années. Aussi pour saisir toute l'importance du travail fait par les propriétaires il est indispensable de rappeler le triste état de dégradation de l’église de l’ancienne Abbatia Longi Fontis.


Les vestiges de l'église avant les travaux de restitution. © A. de Lauwe.

En arrière-plan c'est le logis de la prieure construit en 1702 qui apparaît surplombant les ruines. Au milieu du XIXe siècle, le propriétaire, Prosper Blanchemain, a transformé le manoir prieural en un petit château romantique surmonté d'une toiture à la Mansart et doté de tourelles.


Sans aucun plan, sans aucun dessin, sans aucune archive permettant de reconstituer les pièces de ce gigantesque puzzle "ce sont les pierres, vieilles de 900 ans, qui ont parlé! » pourra écrire Agnès Chombart de Lauwe. C'est dire qu'un travail méthodique d'anastylose devra être mené ; il s'agit de relever un édifice avec ses propres matériaux et, lorsque ceux-ci font défaut, à les remplacer par des éléments neufs à l'identique. A Longefont les pierres ont été étudiées une à une afin de restituer, plus que de reconstruire, chaque partie de la chapelle avec les matériaux d'origine ; dans cette perspective on a cherché à établir l'ajustement des diverses pièces architecturales.


Le cliché montre bien les deux parties du monument réhabilité : une nef robuste et un élégant chevet.


Porte Sud dite " du desservant " en plein cintre disposant d'une archivolte ornée de pointes de diamant. Par cet accès le prêtre officiant entrait dans le lieu de culte sans passer par le chœur des moniales fontevristes ( l'actuelle nef ).
Rappelons que le jubé est un aménagement liturgique destiné à séparer le chœur et les prêtres des fidèles assemblés dans la nef.




CHAPITEAUX EXTERIEURS


L'abside et le chœur disposent de cinq fenêtres en plein cintre.




Fenêtres Sud ornées de cordons à pointe de diamant.
Douze des chapiteaux d’origine du chevet retrouvés sur le site ont été replacés.




Quadrupèdes monocéphales adossés ; leurs queues sont en plus entremêlées.


Deux fauves monstrueux aux crinières volumineuses, les têtes réunies en volute d'angle.


Scène de baladin à vocation décorative ou dans une lecture au second degré intention symbolique : l'existence humaine est une lutte continue ; le pécheur est celui qui a perdu son aplomb; ici le personnage, se tenant ses deux jambes par les chevilles, pourrait être en train d'effectuer le contrôle de sa démarche…

Les corps dits « en ponts » des contorsionnistes formaient des figures acrobatiques qui ont envahi non seulement des chapiteaux mais aussi les corniches des toitures.


A l'intérieur de Saint-Pierre de la Tour, Aulnay-de-Saintonge, Charente Maritime, un chapiteau représente deux acrobates, la tête passée entre les jambes.



Une position analogue, la tête entre les jambes, se retrouve aussi sur un chapiteau de l'abbaye de Tournus, Saône-et-Loire …



… tout comme chez cet acrobate des corniches. Modillon de l'église de Rioux, Charente-Maritime.

Simples exercices de contorsionniste ou dans cette entreprise délicate de projection en l’air de la partie basse de son corps faut-il voir, au second degré, un effort pour changer radicalement, une tentative de « retournement intérieur » selon l'hypothèse conceptuelle de A. et R. Blanc?

En tout cas dans la figuration romane, tout désordre du corps, toute attitude insolite, toute torsion ou contorsion doit être interprétée le plus souvent négativement ; les acrobates sont souvent mis en scène pour figurer la déchéance. Tout déséquilibre est signe de péché ou de châtiment. Perdre son équilibre c'est perdre sa raison sa dignité ou son espérance de salut.

Il ne faut pas oublier que de tout temps le geste fait langage. D’un côté, le geste est codifié et valorisé par la société, de l’autre la gesticulation - contorsions, déformations- est assimilée au désordre et au péché. La gesticulation évoquant la malignité, rire et jongleurs n'accèdent guère à la dignité aux yeux de l'Eglise institutionnalisée médiévale, soupçonnés qu’ils sont d’être inspirés par le diable.
Les baladins ont toujours été considérés comme des représentants de l’esprit de frivolité et agents de dissipation par les papes et les évêques fulminant contre l’engeance maudite qui élevait le trouble dans les consciences par les chants, les fêtes, les danses et les jeux.



De deux masques maléfiques reposant sur l'astragale sortent les branches et les racines du mal qu'un personnage éliminerait ? Telle est l'hypothèse interprétative qui a pu être proposée pour essayer de dégager la dimension symbolique de ce tableau singulier.


Le même type de voussures se retrouve sur la fenêtre Sud-Est .



Masque feuillu ou " green man ".
Ce motif se rencontre fréquemment dans les églises romanes .


Ainsi, le même type de projections buccales se retrouve, pour ne citer que celui-ci, sur la corbeille d'un chapiteau de l'église de Marignac, Charente-Maritime.




Créature hybride tenant sa queue bifide. Une certaine analogie se présente sur un chapiteau de l'église de Paulnay.



Les mêmes caractéristiques architecturales se retrouvent en ce qui concerne la fenêtre Est .


Quel sens exact faut-il donner à cette scène constituée d'un être à la longue chevelure dans un environnement végétalisé peuplé d'oiseaux?


Un motif purement décoratif sur le chapiteau coiffant lac colonnette. voisine. La raison plastique l'emporte sur la fonction symbolique.


La fenêtre Nord comporte, à l'égal des précédentes, des chapiteaux supportés par de fines colonnettes lisses.


Les deux faces du chapiteau représentent classiquement deux colombes picorant un fruit . Souvent les oiseaux s'abreuvent à un calice ; la symbolique est la même : l'eucharistie.


Pour vous qui suis-je ? Ou plutôt que pensez-vous que " l'ymagier " a voulu signifier exactement lorsque avec son ciseau et son maillet il m'a mis en scène en tant que personnage barbu avec ce vêtement, une petite croix sur sa coiffure et dans cet environnement ?
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La corniche est supportée par des modillons dont deux seuls sont d'origine…


…tel ce masque humain très fruste d'expression.

Ce chapiteau aux motifs végétaux stylisés coiffant cette colonne est d'origine…



… tandis que ce chapiteau est une copie du précédent ainsi que ces modillons à motifs humain, animalier, végétal et géométrique inspirés de modillons d'époque. C'est dire qu'une partie de l'ornementation sculptée faisant défaut il a fallu la reconstituer.



L'INTERIEUR DE L'EGLISE




Porte Ouest en arc brisé de la chapelle.

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La façade occidentale, plus tardive que les autres, a révélé une porte gothique avec deux petits culs de lampes.
Ces petits masques-culots à la mine rigolote vous accueillent comme le font leurs cousins de la chapelle de Saint-Benoît de Décené, remontée à l'abbaye de Fontgombault.






Les vestiges de la chapelle ont fait l'objet d'un programme de restauration visant à restituer les volumes intérieurs et le réaménagement des sols. La nef une dispose pas de collatéraux et le chœur se termine par une abside en hémicycle.
36 colonnes ont été retrouvées, en place et en bon état, sous la terre de comblement des ruines, dans le chœur et l’abside, en place et en bon état. Les arcs doubleaux, petit et grand, ont retrouvé leurs pierres à 80%.
Des vestiges d’un jubé, vraisemblablement ajouté au cours du XVIe siècle. Lors des travaux de fouille l’emprise d'un jubé, sans doute ajouté au XVIe siècle séparant le chœur de la nef, a été circonscrite permettant ainsi la mise en valeur du dénivelé entre le sol tardif de la nef et celui du chœur, 40 cm environ plus haut.
Par ailleurs, les murs intérieurs de la chapelle comportent des fragments de décors peints. Ainsi, comme le montre le cliché, des peintures murales, présentes à l’articulation du mur du jubé avec la nef, étaient en cours de restauration en septembre 2020.



  • Vue du choeur de l’église et de sa voûte en cul-de-four depuis le fond du monument.
  • On peut remarquer que l’eau et le bleu sont omniprésents dans les vitraux, comme un écho de la «Font-Bleue». Posés en juillet 2015 sur toutes les baies, ils sont l’œuvre de Pierre Lecacheux et des Ateliers Loir à Chartres.

  • Le parti-pris de réaliser une voûte en cul-de-four, surplombant le chœur et l’abside, la décision de la chauler a été prise.
  • A part les colonnes hautes soutenant les arcs doubleaux, toutes les autres colonnes ont été retrouvées sous la terre et les gravats qui comblaient les ruines de l’ancienne église.


La voûte de la nef a été couverte d'une charpente, dont les fermes apparentes sont en chêne et le parquetage en châtaignier.

LES CHAPITEAUX INTERIEURS


Les chapiteaux d'arcs doubleaux, de grandes et de petites colonnes sont ornés de motifs romans variés : personnages, corps monstrueux, créatures hybrides, feuillages, autant de compositions scéniques laissant parfois place à toutes les hypothèses interprétatives.


Chapiteaux des colonnes soutenant l'arc triomphal côté Nord.


Détail. Une belle composition végétale sur cette corbeille.
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Ce chapiteau figuré de la colonne soutenant l'arc triomphal comporte deux tableaux. La composition de gauche, représentant un personnage campé avec assurance, pourrait être interprétée comme une évocation de l'orgueil.


La deuxième scène est une représentation classique de l'être humain aux prises avec ses passions. Une femme nue, assise, membres inférieurs écartés, a les seins mordus par deux énormes serpents qui enserrent ses jambes dans leurs énormes anneaux : une évocation de la luxure.


Détail. Le visage révulsé de la femme semble pousser un cri d'horreur ; sa longue chevelure se dresse de façon rigide sur le sommet de sa tête.


Chapiteaux d'une petite arcature aveugle Nord du chœur.


Chapiteaux de la deuxième arcature aveugle, mur Nord du chœur: rinceaux et rosaces, diables.



Diable hirsute singulier à double queue serpentiforme dont les extrémités se terminent par des masques démoniaques hérissés dont le diable saisit les langues.




Des restes de polychromie demeurent visibles sur ces chapiteaux du petit arc doubleau.


Les chapiteaux des colonnes du sanctuaire sont de type végétal.





Chapiteaux hauts du mur Sud, début du chœur, à droite du chapiteau du deuxième arc doubleau : des feuillages et une figuration festive avec acrobate et musicien.


Une composition scénique festive complexe avec trois acteurs. Au centre de la corbeille, un baladin contorsionniste dans la même position et la même vêture que sur le chapiteau extérieur. A sa droite, un musicien dont on voit son instrument à cordes au-dessus de l'astragale. A l'opposé de ce dernier, de l'autre côté de l'acrobate, une créature singulière du genre bovin pa
r son gros corps retourne sa tête humaine barbue vers l'arrière, en fait vers le personnage qui se donne en spectacle.


On peut rappeler que dans des sites précédents nous avons pu évoquer des tableaux de même inspiration. Ainsi en est-il de cette scène de baladins : une danseuse, les pieds sur le tailloir et le buste à la renverse est accompagnée par un joueur de viole. Chapiteau de l’église de Saint-Hilaire-la-Croix, Puy-de-Dôme.




Mais c'est un chapiteau de la nef de la Chaize-le-Vicomte en Vendée qui propose la plus riche composition scénique s'inscrivant dans cette perspective.
A gauche, un joueur de vièle à archet et un acrobate en équilibre sur la tête ou " un homme culbuté ". A droite des danseurs sont prisonniers d’un monstre diabolique : une femme chevauche un dragon qui essaie de la mordre ; un personnage, derrière la femme, est enserré dans les replis de la queue du monstre.L'existence humaine est une lutte continue ; le pécheur est celui qui a perdu son aplomb pour s'être laissé envoûter par un musicien diabolique ? Ne serait-ce pas une évocation du désordre et de sa condamnation ?

En dernière analyse, pour les autorités ecclésiastiques de l’époque, la figure du baladin apparaît comme une sorte de contre-modèle moral. Dans une société médiévale normalisée sur l’ordre chrétien les jeux - la danse, la musique - sont largement considérés comme perturbateurs de l’ordre social. Force est de constater que la danse a toujours posé problème aux instances religieuses - papes et évêques - tout au long du Moyen Âge.
Malgré le bon exemple de David dansant autour de l’Arche d’Alliance à titre de louange divine, dans la sculpture romane la danse est le plus souvent perçue de façon négative.
Musique et danse demeurent des activités pouvant induire des attitudes déplacées, indécentes ; à ce titre, la danse comme la jonglerie n’accéderont jamais à la dignité aux yeux de l’Eglise médiévale qui condamne les contorsions et les gesticulations corporelles dans lesquelles elle voit des manifestations de désordre, de trouble et de vanité. En bref, ces prouesses sont purement physiques et non spirituelles. Dans la pensée médiévale la musique profane risque de mener à la luxure.          Pour les moralistes la danse constitue une passion redoutable. « Etienne de Bourbon essaie de montrer que les jeunes filles qui s’adonnent à la danse pèchent contre les sept sacrements, notamment contre l’ordre, en imitant les processions des prêtres et contre le mariage, en répétant des refrains qui invitent la femme mariée à trouver un ami. » ( Jean Verdon, La vie quotidienne au Moyen Age, éditions Perrin, 2015, p.336). Toutefois ces condamnations ne semblent toutefois n’avoir eu guère d’effet… On avait beau répéter qu’elle était d’origine païenne, la danse a été passionnément aimée par le peuple, au grand désespoir des moralistes qui la détestaient.



Aux projections buccales foliées déjà rencontrées sur un chapiteau extérieur s'ajoutent cet autre masque feuillu sur cette corbeille d'un chapiteau intérieur. On peut voir ce motif humanoïde et animal du "green man" comme purement décoratif ou comme une sorte d'amulette pour chasser le mal et, aussi peut-être, pour apporter la bonne fortune, particulièrement en ce qui concerne une garantie d'une bonne récolte et d'une riche procréation pourra avancer Julianna Leeds qui a longtemps étudié ce type de sculpture.



Baies Sud. Un chapiteau figuré entouré par deux chapiteaux à feuillage.


Détail. Lutte d'un serpent avec un lion à la superbe crinière et à la langue bifide.

Si l'on se souvient que l'animal signifie tout autant l'homme, n'a-t-on pas ici un rappel de l'importance de la parole, meilleure et la pire des choses chez l'homme ? Si ce qui sort de la bouche évoque les paroles, ne sommes-nous pas en face d'une représentation d'une créature tenant un double langage ?



La " collerette berrichonne " ne se retrouve sur aucune les corbeilles des chapiteaux tant intérieurs qu'extérieurs de ce prieuré.


Corbeille d'un chapiteau latéral haut du grand arc doubleau du côté Sud.
Un personnage système pileux important est assis au milieu de feuillages, vêtu d'un habit élégant, fait de rayures alternées lisses et à petits trous, ses pieds reposant sur l'astragale. Ce qui est singulier est que ces tiges foliées partent de son bas ventre et s'élèvent vers ses oreilles en s'écartant vers les côtés.


Un tableau de l'ancienne prieurale de Cunault, Maine-et-Loire, se rapproche à certains égards du nôtre. Un personnage barbu fort bien vêtu, debout dans un environnement végétal semble porter également à ses oreilles deux tiges foliées avec des fruits grenus. Le traitement du feuillage est différent de celui de Longefont puisque les branchages ne sortent pas de son ventre. Le végétal jouerait-il ici le rôle de support de message maléfique comme cela pu être proposé ? Notre petit homme de Longefont veut-il évoquer, à l'intention des moniales, la nécessité de ne pas laisser son existence dominée par les choses purement terrestres, la part animale que l'être humain a toujours en lui ?
L'interprétation des diverses gestuelles reste souvent malaisée ….



L'éventuel futur visiteur pourrait être surpris de ne pas retrouver ici présenté ce chapiteau du grand arc doubleau Sud, faisant face à celui de la luxure, représentant la Visitation … C'est qu'il est résolument moderne ; il a été réalisé, lors de la restitution de la chapelle, pour remplacer un chapiteau manquant.


Des témoins d'une époque où la nef était gothique :
des départs de nervures, des culots ont été reposés, à titre didactique, au milieu des murs gouttereaux Nord et Sud.




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A défaut de document laissant entendre le sens exact qu'il convient de leur donner, à Longefont comme dans tous les autres édifices romans, les interprétations de ces sculptures resteront toujours délicates. Compte tenu qu'on ne sait pas, la plupart du temps, ce qu'ont voulu exprimer exactement les imagiers romans il est difficile de donner une signification univoque à des figures médiévales qui resteront par définition ambivalentes, polysémiques. Au final, une univocité de signification n'est pas la caractéristique majeure des figures romanes. Il se pourrait que nombre d’images, non directement explicites, ne puissent être véritablement appréhendées qu'à des niveaux de lecture différents.
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