L'EGLISE DE SAINT-GAULTIER
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L'église comme la ville doivent leur nom à Gaultier, abbé de Lesterps en Charente qui y fonda un prieuré. Cette église, construite à partir de la fin du XIe siècle et dont les principaux travaux ont été achevés avant 1140, va subir de nombreuses transformations.



Vue d'ensemble de l'église depuis son côté latéral Nord.

✏︎ L'extérieur



La porte Nord comporte un double rang de voussures que surmonte une archivolte en pointes de diamant. Les deux arcs en plein cintre sont constitués de claveaux de petite dimension comportant des motifs géométriques : entrelacs, rosaces, cercles entrelacés…Une analogie certaine peut être observée avec la porte occidentale de Saint Marcel.



En revanche ici un Agnus Dei dans son décor retient l'attention.


Portail sans tympan de type roman poitevin du XIIe siècle, restauré à la fin du XIXe puis à la fin du XXe. Une archivolte enveloppe les voussures ouvragées.


L'église surmontée de son clocher vue depuis l'Est.


Les plus beaux chapiteaux représentant un âne jouant du psaltérion faisant face à un musicien assis tenant une vièle à archet.

Dans l'art roman, ce ne sont pas seulement les hommes qui jouent de la musique, mais aussi les animaux. L’âne tenant une lyre est fréquemment figuré tant sur des chapiteaux que sur des modillons.

Lorsqu’on parle d’âne musicien on pense d’abord au fameux « l’âne qui vielle » de la cathédrale de Chartres ; en réalité, cet animal tient une lyre. Ce thème de l’âne musicien, évoquant couramment l’ignorance d’un lourdaud prétentieux, est fréquent dans le bestiaire roman. Il joue le plus souvent de la rote ou harpe-psaltérion et, dans quelques cas, de la vièle ou de la cithare. Ce thème de l’âne musicien était déjà représenté à Ur en Mésopotamie, 3 000 ans avant notre ère. Une fable de Phèdre, écrite au 1er siècle de notre ère, en donna une version.  " L'âne, voyant une lyre abandonnée par terre dans une prairie, s'approcha et essaya les cordes avec son sabot, elles résonnèrent dès qu'il les toucha : " joli instrument parbleu, mais c'est mal tombé dit l'âne, car je ne sais pas en jouer. Si quelqu'un de plus savant l'avait trouvé, il eût charmé les oreilles par de divines mélodies ".
Reprise par Boèce au VI e siècle, l’histoire se modifie et prend un sens chrétien. Un âne, dans une prairie, voit une lyre abandonnée par terre et essaye d’en jouer de ses sabots. Il reconnaît son ignorance et estime qu’un plus savant que lui pourrait mieux en jouer. Boèce y voit le symbole de l'ignorance devant la philosophie. L’âne caressant de ses sabots les cordes de son instrument c’est d’abord une scène drolatique.
Cependant ce thème n’est pas un pur amusement d’imagier, un sens peut lui être implicitement associé. On peut dire, ensuite, que la musique, sacrée ou profane, est une activité propre à l’être humain. Dans la mesure où l’on fait jouer un instrumentiste animalier le pas est franchi entre le genre humain et le monde animal. Dans la pensée chrétienne l’animal musicien symbolise l’ignorance prétentieuse et la paresse spirituelle au lieu et place de la recherche zélée du Tout Autre. Dans les termes de
Madeleine Zeller l’âne musicien « est l’emblème de l’homme charnel, qui ne peut pas comprendre ce qui vient de l’Esprit de Dieu, contrairement à l’homme spirituel qui est animé par le désir de l’Esprit ». Une relation étroite unit la propension aux plaisirs de la chair et la paresse spirituelle. En bref, la discordance voulue entre l’instrumentiste animalier et la musique sacrée traduit une opposition frappante de type parodique entre la nature animalière des musiciens et la musique sacrée que les instruments à corde ou à vent doivent produire. Le sujet de l’âne à la lyre ou de l’animal musicien invite, sur le mode de l’humour, le chrétien à maîtriser ses comportements et l’exhorte à suivre la voie étroite permettant de progresser sur « l ’échelle du Salut » en vue de la cité céleste.


Corniche à modillons animaliers du chevet.


✏︎L'intérieur



L’intérieur de style roman est d’une grande sobriété. La nef est voûtée en berceaux séparés par des arcs doubleaux reposant sur des piliers carrés. La nef est flanquée de deux collatéraux couverts par une série de voûtes en berceau.



La croisée du transept est couverte d'une coupole, le chœur est composé d'une travée droite voûtée en berceau terminée par une abside voûtée en cul-de-four.



Les colonnes engagées sont surmontées de chapiteaux ornés de feuillages et de figures allégoriques.



Quadrupèdes affrontés se détournant l'un de l'autre.


Chapiteaux avec atlantes.


Personnage assis enserré dans des feuillages.




Masques humains tirant une longue langue.
Représentation incongrue ou symbolisation de l'importance de la parole, meilleure et pire des choses chez l'homme puisque capable du bien….comme du mal. La langue est au Moyen Age l'instrument et le lieu de nombreux péchés. La langue peut mentir, induire en erreur et taire la vérité. Tirer la langue est toujours le signe d'un vice, d'un laisser-aller ou d'une méchanceté.



La langue peut mentir, induire en erreur et taire la vérité. Tirer la langue est toujours le signe d'un vice, d'un laisser-aller ou d'une méchanceté.



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