Ancienne abbatiale Sainte-Marie,
Saint-Genou
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Saint Genou est un village à moins de dix kilomètres au nord-Ouest de Buzançais et 30 kilomètres de Châteauroux. Il conserve une ancienne église abbatiale qui, en dépit de la destruction de la nef au XVIIe siècle, est un bel exemple de l'art roman en Berry .
La construction de l'église a commencé vers 995 et elle a été consacrée en 1066 par l'archevêque de Bourges Aymon. De type roman, l'église faisait alors plus de 50 mètres de longueur, le grand clocher était au Sud du transept, un peu à l'écart de l'église.
Il subsiste de cette église le chœur, l'abside et le transept qui a été tronqué. La nef a été démolie en 1676 ; à cause de son état de dégradation elle menaçait d'effondrement.
L'église devient un édifice paroissial au début du XIXe siècle. Elle a été restaurée significativement au XIXe siècle, entre 1851 et 1886, avec le souci de la consolider et de maintenir son aspect d'origine.
L'intérêt de l'ancienne abbatiale de Saint-Genou réside dans la qualité de sa sculpture.
CHAPITEAUX INTERIEURS
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Les chapiteaux intérieurs de l'église sont romans même s'ils ont pu être repris. On observe sur leurs corbeilles des évocations bibliques, des épisodes de la vie légendaire de saint Genou, des saynètes de dressage et des évocations d'animaux fabuleux.
✏︎ Côté Nord du chœur
Vue d'ensemble des trois chapiteaux historiés Nord ; ils font suite à deux chapiteaux épannelés. Deux sont cerclés d' une " collerette berrichonne ".
1a. Daniel dans la fosse aux lions. Le prophète Habacuc est transporté par les cheveux par un ange qui lui fournit de la nourriture dans un pot. Un autre lion tient un homme abattu, étendu les bras en croix.
La main de Dieu domine la scène.
1b. L'Adoration des Mages apportant des présents à la Vierge assise sur son trône en tenant l'Enfant. L'étoile conductrice est au-dessus de la scène ; à l'extrême gauche à l'angle un ange, à l'envers, souffle dans une corne.
2a. Scènes de la légende de saint Genou : l'évêque chasse un démon de la bouche d'un jeune possédé. La mère de l'enfant tient son fils par le poignet de sa main gauche et lève la main droite en signe d'acquiescement à la volonté du saint. Derrière Genou, son père Génit
2b. Du côté gauche, sous un édicule, l'évêque jette de l'eau bénite sur deux autres possédés.
Une autre hypothèse serait qu'on serait en présence de la bénédiction de l'église de Cahors ; les deux personnages superposés seraient des ouvriers ?
2c. Baptême ou résurrection de trois enfants dans une cuve.
2d. Détail : A droite, le pape assis sur un trône envoie Genulphus et Genit en tenue de voyage ( bâton de marche et besace ) vers la Gaule.
3. Le demi-chapiteau présente des oiseaux aux ailes déployées nouant leurs cous sous les angles du tailloir ainsi que des feuillages.
Masque humain et êtres monstrueux dressés les têtes réunies en volutes d'angle sur une "collerette berrichonne ".
✏︎Côté Sud du chœur
Vue d'ensemble des chapiteaux figurés Sud.
Des feuilles dites "d'acanthe fouettées par le vent " sous l'influence d'un souffle qui les pousse dans la même direction cémergent de petits personnages et notamment ce curieux petit être qui semble regarder les fidèles depuis sa position élevée.
Les têtes de monstres dressés et cabrés sur leur train arrière se rejoignent sous les angles du tailloir.
Un chien bondissant devant un personnage les bras levés.
Sur la droite, les deux femmes qui s'embrassent sont serrées l'une contre l'autre sous une vaste capuche : une évocation de la Visitation de la Vierge Marie à Elizabeth.
La Visitation : Elisabeth et Marie se tiennent par les épaules.
Un gros personnage est assis tandis que deux hommes tiennent un quadrupède.
Montreurs de singes.
Une des bêtes enchaînées semble se protéger la tête de ses bras dans l'attente d'un coup de gourdin de la part du personnage drapé.
Plan rapproché sur un singe enchaîné et le bateleur tenant un bâton.
L’image du singe cordé ou enchaîné, est-il une simple composition de baladin présentant un animal ou une évocation symbolique de l’être humain prisonnier de son péché : l’homme spirituel-à droite- essayant de maîtriser ses passions bestiales incarnées par la représentation simiesque ?
Singe monté sur un porc. Au second degré pourrait-on voir une évocation du péché de luxure ?
✏︎Aperçu sur quelques autres chapiteaux
Vue partielle de l'abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four et de ses chapiteaux.
L'arc triomphal de l'abside est surmonté d'un mur-pignon comportant deux fenêtres, une triple arcature aux colonnettes annelées et une petite baie en losange.
Des colonnes engagées supportent l'arc triomphal. Leurs chapiteaux sont décorés de feuillages et montrent, à gauche, une tête achevant de dévorer un homme dont il ne reste plus que la main et à droite des animaux cabrés et adossés.
Parmi les chapiteaux de l'abside on peut remarquer, non seulement ce chapiteau à collerette berrichonne, mais aussi un chapiteau à l'iconographie complexe. On peut remarquer d'une part, trois têtes se mangeant les mains surplombant, d'autre part, une corbeille décorée de nombreux personnages agités.
Certains estiment que cette corbeille pourrait notamment évoquer, à gauche, une scène de la vie de saint Genou : le personnage tenant ne croix ressusciterait le fils de Dioscorus, préfet de Cahors, sortant d'un puits ou d'un tombeau ( ? ). Une autre interprétation serait de voir Joseph sortant de la citerne où il avait été jeté par ses frères; de sa main il pointerait le porteur de croix ( le Christ ).
A droite, deux personnages sont menacés par le fouet levé par un troisième : s'agit-il des officiers royaux punis par Pharaon et envoyés dans la même geôle que Joseph ? s'agit-il d'une représentation particulière d'Adam et Eve chassés du paradis ?
De curieux êtres hybrides peuvent être également observés dans l'abside !!!
Etres fabuleux adossés et représentations végétales ornent ces chapiteaux de l'abside.
Au second étage du chœur les petites arcatures aveugles en plein cintre sont supportées par des chapiteaux coiffant de petites colonnettes ( ici côté Sud ).
A l'étage supérieur on observe des fenêtres plein cintre accostées de colonnettes.
Les petits chapiteaux des colonnettes annelées des arcatures aveugles comportent des masques surplombant les collerettes berrichonnes.
CHAPITEAUX EXTERIEURS
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A l'extérieur les arcatures aveugles encadrées par des colonnettes engagées surmontent les fenêtres.
La plupart des chapiteaux extérieurs ne sont pas d'origine, ils ont été refaits en s'appuyant sur le modèle primitif qui était trop dégradé pour être récupéré ; aussi n'en ferons-nous pas ici une présentation.
Toutefois comme l'ensemble avec ses colonnades attire le regard nous renverrons à la présentation que nous avions faite précédemment :