Balade nez au vent à la découverte
du petit monde virevoltant des girouettes
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Au cours des siècles les girouettes ont été les témoins de l'Histoire et de la vie locale dans nos régions. Ces anciens dispositifs météorologiques toujours en mouvement et pirouettant dans le vent peuplaient les toitures de nos villages. Aussi s'attend-on à les trouver surplombant uniquement les vieux toits grisailles, tout moussus qui renferment tant d'histoires. Détrompez-vous, le petit monde savoureux et virevoltant de la girouette se retrouve encore sur certaines toitures bien modernes de notre espace communal. C'est à la re-découverte de cet art populaire qui se joue du vent et du temps qu'est la girouetterie que ce site entend vous offrir.
D'abord un peu d'histoire et un rappel du principe de fonctionnement de la girouette.
♦️Un bref retour historique…
Dans Le célèbre dictionnaire raisonné de l'architecture française (1854 à 1868) de Viollet-le-Duc, l’objet nommé girouette est décrit comme "plaque de fer-blanc qui est mobile sur une queue ou pivot, qu’on met sur les clochers, les pavillons, les tours et autres édifices, pour connaître de quel côté le vent souffle".
Le terme de girouette a été emprunté à l'ancien scandinave veðr-viti qui peut se traduire par « qui montre le temps ». Le mot est également attesté en normand sous les formes wirewire et wirewitte ( virevolte ou girouette ) à l'époque médiévale.
- Le droit de girouette
- Pendant le Moyen Âge, il n’était pas permis à tout le monde de placer des girouettes sur les toitures des habitations. Le château, seul avec l'église, pouvait posséder des girouettes. Signes de noblesse, leur forme n’était pas arbitraire et variait en fonction de la hiérarchie nobiliaire. A cette époque, la girouette était une marque de prééminence, un privilège réservé essentiellement aux nobles en général, une distinction pour services rendus.
- Les girouettes sont en pointes comme les pennons, pour les simples chevaliers, et carrées ou rectangulaires comme les bannières, pour les chevaliers bannerets, c'est-à-dire suzerains d'assez de vassaux sous leurs bannières, donc sous leurs ordres. La girouette récompensait ceux qui avaient arboré en premier leur bannière sur les remparts des châteaux assiégés.
- Historiquement la disposition d'une girouette était donc un privilège. Il va sans dire que le droit de girouette de l'Ancien Régime finit par susciter de nombreuses polémiques de la part des bourgeois souhaitant orner de cet objet du vent leurs riches demeures. Un arrêt du parlement de Grenoble en date du 22 février 1659, donna l'autorisation aux vassaux d'arborer au même titre que les seigneurs une girouette sur leur château.
- La Révolution Française proclamant l'abolition des privilèges de l'Ancien Régime entraîna la fin de cette prérogative des nobles d'arborer des girouettes.«Le droit seigneurial et exclusif d'avoir des girouettes sur les maisons est aboli et il est libre à chacun d'en placer à son gré et dans telle forme qu'il jugera à propos». Le droit de girouette, libéré des privilèges nobiliaires, se répandit chez les bourgeois, les artisans et les formes de ces objets du vent se diversifieront de même que les thèmes traités : chimères, gueules béantes, animaux mythiques et fantastiques firent leur apparition sur les toits. …
Les girouettes devinrent des messagères des toits du peuple
Si la girouette est bien un instrument qui sert à donner la direction du vent, c'est aussi, à la manière des étendards des armées d'autrefois et des enseignes commerciales, un objet qui dispense une information aux passants souvent en rapport avec le travail, la vie quotidienne, voire la passion du propriétaire des lieux.
C'est ainsi que sont apparus d'amusants objets du vent qui indiquent non seulement d'où le vent souffle mais qui remplissent souvent avec verve une fonction pratique de renseignement sur l'activité du maître du logis pour le voyageur qui les découvrait de loin.
Ainsi l'oeil était immédiatement attiré par les girouettes-enseignes surmontant les toits de certains villages ruraux : celles du forgeron, du laboureur avec son attelage, de l'éleveur, du relais avec son cheval cabré ou la calèche, du meunier avec son moulin, mais aussi indiquant le lieu de vie du vigneron, du tonnelier tout comme l'emplacement de la taverne…
Si bravant les siècles, quelques girouettes messagères des toits ont ainsi résisté aux ans, aux intempéries et à la destruction des hommes participant ainsi d'une culture régionale il n'en est malheureusement pas ainsi sur notre territoire communal. Aussi faut-il aller dans les départements voisins pour avoir un aperçu de ce qui ornait les toits de certains villages.
Laboureur poussant son araire coiffe la maison de maître de L'Ebeaupin à Mézières-en-Brenne, 1807.
@ http://www.indre.fr/patrimoine
Éleveur de Dolus-le-Sec (Indre-et-Loire) conduisant ses porcs à la foire, fin XIXe s
.@http://www.indre.fr/patrimoine
Grâce au talent d'aquarelliste de Cléa Rossi et à la culture de terrain d'Hervé Fillipetti de précieuses représentations d'anciennes girouettes-enseignes surmontant les toits d' habitations rurales d'antan nous sont proposées. ( Eyrolles 2007 )
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Maréchal-ferrant préparant un fer avec son apprenti.
Bas-Maine, Mayenne.
Girouette surmontant le toit d'une ancienne auberge .
Thouarsais.Deux-Sèvres.
Enseigne de vigneron.
Val d'Anjou, Maine-et-Loire.
L'usage de la girouette singulière disparaîtra peu à peu lorsque la société industrielle produira en nombre les décors de toiture.
♦️Le principe de fonctionnement d'une girouette
- Cet objet du vent en métal qu'est la girouette, mobile autour d'un axe vertical et fixé au sommet d'un édifice, indique, par son orientation, la direction du vent.
- Le principe mécanique d'un tel appareil est simple ; il repose sur une structure asymétrique. Deux parties disposées de part et d'autre de la tige centrale composent une girouette. En revanche, la partie arrière ( le corps ), comportant un motif, présente une surface plus importante que la partie avant ( pointe ou tête ), l'ensemble évoluant librement autour d'un mât.
- En bref, le vent oriente l'empennage. La pointe face au vent ( flèche ) indique la direction d'où provient le déplacement d'air. L'empennage sur lequel s'appuie le vent est sous le vent.
Après avoir rappelé comment le coq est devenu la girouette dominante de nos clochers nous verrons que dans notre ciel communal ces objets, un moment délaissés dans notre monde moderne et dont le sens s'est perdu, revêtent trois formes : soit de grands classiques notamment à l'effigie d'animaux familiers, soit de petites scènes de vie, soit des objets à technologie avancée qui tournent au vent et le mesurent.
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