Le corps féminin et sa parure
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Les évocations de la population féminine des XIe-XIIe siècles ne sont pas considérables dans l'art roman. Les imagiers de l'époque ne semblent pas avoir donné aux femmes toute la juste place qui leur revient.
C'est surtout dans le menu peuple des modillons que l'on rencontre le plus de figures féminines bien que celles-ci soient en moins grand nombre que les hommes, semble-t-il…
C'est en alternance avec des animaux ou des modillons à forme non figurée, que l'on observe le plus de représentantes anonymes de la gent féminine.
Sculpteurs et peintres représentent la mode de leur temps.
Eglise Saint-Jean, Bourg-Charente.
☞Les visages féminins montrent de fortes différences d'expressivité.
Dans nos douces provinces du Poitou et des pays Charentais, on observe davantage de représentations frustes, grossières, peu délicates, aux traits simples ou à la bonne mine campagnarde que des figurations plus achevées.
Quelques femmes de belle facture peuvent malgré tout être observées : des traits s'affinent exprimant une plus grande expressivité, des visages gracieux ou des regards traduisant une diversité de sentiments, des figures d'un fort réalisme au regard interpellateur.
Une extrême simplicité, une bonne mine procurée par l'air de la campagne prédominent mais l'imagier parvient malgré tout à donner une forte impression de vie à ces petites têtes peuplant les corniches et puis, il y a quelques gracieux visages à la fraîcheur certaine.
Ancienne priorale Saint-Gervais et Saint-Protais, Civaux, Vienne.
Eglise Notre-Dame de Vaux-en-Couhé, Vienne.
Modillon du chevet de l'église de Brux (Vienne).
Eglise de Jazeneuil, Vienne.
Eglise Saint-Michel, Saint-Michel-d'Entraygues, Charente.
Eglise de Surgères, Charente-Maritime.
Prieuré Saint-Maurice, Montbron, Charente.
Eglise Saint-Hilaire, Mouthiers-sur-Boëme, Charente.
Eglise Saint-Pierre, Chauvigny, Vienne.
Eglise Saint-Martin, Gensac-la-Pallue, Charente.
Eglise Saint-Michel, Saint-Michel-d'Entraygues, Charente.
☞Coiffures et modes vestimentaires
On sait que l'image romane se veut généralement moins réaliste en tant que telle et porteuse, en revanche, de connotations implicites. La coiffure joue un rôle majeur dans la tenue féminine.
Ainsi les jeunes filles portent une chevelure longue et apparente alors que la femme mariée ne montre pas ses cheveux qu'elle prend soin, au contraire, de dissimuler.
✏︎Des groupes d'âge différenciés par la coiffure
Chevelure visible ou cheveux cachés sous un voile : une manière qu'ont les imagiers d'évoquer deux groupes d'âge.
Les jeunes filles portent les cheveux longs laissés détachés et libres sur les épaules ou leur chevelure séparée en deux longues tresses ramenées sur le devant de la poitrine et pouvant descendre jusqu'à la taille.
Les femmes mariées ramènent leurs cheveux derrière la tête et portent un couvre-chef léger : la guimpe. C'est une pièce de linge couvrant la tête et encadrant le visage qui cache le cou et le haut des épaules.
Arborant une apparence vestimentaire commune les femmes représentées sur culots, chapiteaux, vitraux et surtout modillons portent des coiffures conformes aux usages du XIIe siècle.
On observe ainsi des jeunes femmes aux cheveux dénoués, portant nattes ou tresses, voire à chevelure exubérante transformée en entrelacs. Par ailleurs à côté de nombreux masques féminins guimpés, à mentonnière on peut même trouver de drôles de bonnets, voire une tête féminine couronnée.
Eglise de Chaix, Vendée.
Aulnay-de-Saintonge, Charente-Maritime.
Eglise Notre-Dame de Corme-Ecluse, Charente-Maritime.
Collégiale Saint-Pierre, Chauvigny, Vienne.
Ancienne abbaye Notre-Dame de l'Assomption de l' Ile Chauvet, Vendée.
Eglise Saint-Porchaire, Poitiers, Vienne.
Collégiale Saint-Nicolas, Civray, Vienne.
Eglise Saint-Arthémy, Blanzac Charente.
Baie murée, église de Velluire, Vendée.
Eglise Sainte-Colombe, Sainte-Colombe, Charente.
Eglise Saint-Sébastien, La Rochette, Charente.
Eglise Saint-Trojan, Rétaud, Charente-Maritime.`
Eglise Saint-Nicolas, Villognon, Charente.
Eglise de Saint-Mandé-sur-Brédoire, Charente-Maritime.
Eglise Saint-Michel, Saint-Michel-d'Entraygues, Charente.
Voussure du portail nord de l'église Notre-Dame de Villesalem à Journet ,Vienne.
✏︎Tenues vestimentaires
Trois pièces de vêtement constituent l’habillement à l'époque : près du corps, une longue tunique de dessous appelée chainse en toile fine ; puis une tunique de dessus, le bliaud, serré à la taille par une ceinture ou une cordelette.
Vers le milieu du XIIe siècle le vêtement des femmes tend à se différencier de celui des hommes en soulignant les attributs féminins ; la mode laissant la place à des bliauds très ajustés accentue la sensualité de la femme en mettant en valeur la poitrine et soulignant davantage la taille.
Les manches sont resserrées ou larges. Les manches longues et plissées démesurément allongées présentent une extrémité évasée venant presque effleurer le sol.
Nous verrons par la suite que hommes et femmes portent des chaussures aux extrémités très pointues nommées pigaches.
Eglise de Saint-Mandé-la-Brédoire, Charente-Maritime.
Chapiteau droit du portail, église de Vaux-en-Couhé, Vienne.
Femme tenant un linge. La tête est enserrée dans un tissu qui retient la chevelure. Cette coiffure est fréquente chez les femmes du peuple qui veillent à ne pas être gênées dans leur travail par leurs cheveux.
Frise d'imposte à droite du portail, église de Nuaillé-sur-Boutonne, Charente-Maritime.
Eglise Saint-Pierre-le-Vieux, Chalais, Vendée.
Chapiteau surmontant la colonnette droite de la baie centrale : une belle représentation féminine.
Eglise Saint-Hilaire, Ventouse, Charente.
Eglise Saint-Blaise, Givrezac, Charente-Maritime.
Eglise Notre-Dame de Marcillac-Lanville, Charente.
Eglise de Migron, Charente-Maritime.
Eglise Saint-Martial, Mouton, Charente.
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