Des femmes du Nouveau Testament
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Parmi les femmes qui ont  retenu l’attention des commanditaires et des imagiers à la période médiévale on peut retenir notamment la fascinante figure de Marie-Madeleine, l'image de la démoniaque Salomé dansant et les incontournables saintes femmes.

Salomé et Hérodiade

L’histoire de l’arrestation du prophète qui avait baptisé le Christ, de la danse de Salomé lors du festin d'Hérode et de la décapitation de saint Jean-Baptiste ont  retenu l’attention des commanditaires et des imagiers.
Mère de Salomé, belle-sœur puis épouse d’Hérode, c’est à son instigation que Jean est arrêté. Car Jean avait dénoncé l’union entre Hérodiade, mère de Sqlomé, et Hérode : « Il ne t’est pas permis de garder la femme de ton frère». Aussi, Hérodiade le haïssait et voulait le faire mourir, mais elle ne le pouvait pas, car Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait. Quand il l’avait entendu, il restait fort perplexe; cependant il l’écoutait volontiers. 2
La fille de cette Hérodiade vint exécuter une danse et elle plut à Hérode et à ses convives. Charmé, par la danse de la jeune fille, ce dernier s’engagea alors à donner à la belle tout ce qu’elle souhaitait et même « la moitié de son royaume ». Poussée par sa mère, la jeune fille réclama la tête du Précurseur sur un plat.


La Sauve-Majeure, Gironde.

Ce fameux chapiteau de la Sauve Majeure, Gironde relate comment Salomé en séduisant le roi Hérode par une danse lascive obtint la tête de saint Jean Baptiste.
Le corps cambré, Salomé, fille d'Hérodiade, danse devant Hérode qui se frise la moustache de plaisir. A l'instigation de sa mère Salomé demande à Hérode la tête de Jean.
La tête du saint martyr est présentée au roi sur un plateau. Des anges l'encensent.


La Sauve-Majeure, Gironde.

La danse de Salomé. L’artiste la représente dans une posture acrobatique ; le corps est cambré et offert de façon suggestive.


La Sauve-Majeure, Gironde.

Face latérale droite de la corbeille. Hérodiade va suggérer à sa fille Salomé de demander à Hérode la tête de Jean Baptiste.
Le musicien accompagnant la danse acrobatique de Salomé frappe sur un tambourin.


Cathédrale Saint-Etienne, Toulouse.©Photothèque Musée des Augustins, Toulouse, photo : Daniel Martin. Salle romane ME 31

Cette représentation de Salomé évoque moins la performance physique de la danseuse qu'elle ne suggère une relation plus personnelle, peut-être aussi plus trouble, avec le maître des lieux.
Salomé se présentant à Hérode séductrice, parée de ses plus beaux atours, une robe moulant les formes, s'offre à la concupiscence
d'Hérode qui lui caresse, de sa main gauche, le menton.
Par rapport au chapiteau de la Sauve-Majeure il semblerait que l'on assiste à un changement de registre : l'enjôlement ne se fait plus seulement par la vue, mais aussi par le toucher.


Marie-Madeleine


Parce qu'elle est pécheresse repentie, parce que les Evangiles la montrent proche de Jésus un portrait contrasté a pu être fait de cette belle figure de femme.
 Marie-Madeleine est d'abord appelée Marie de Magdala, du nom du village où elle est née, au bord du lac de Tibériade. La Bible raconte qu'elle se débat avec « sept démons », sortes de maladies de l'esprit qui l'empêchent de vivre dans la paix jusqu'au jour où elle rencontre Jésus. Pris de compassion pour cette femme qui pleure à ses pieds, Il la guérit. 

Dès lors, Marie Madeleine suit le Christ partout... jusqu'à Jérusalem où Il doit être crucifié. À l'heure de sa mort, le Vendredi saint, elle reste au pied de la Croix, fidèle et aimante, alors que d'autres se sont enfuis. 
Elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus. Trois jours après, elle se rend au tombeau de Jésus. Surprise : la pierre qui obstruait l'entrée a été enlevée ! En pleurs, elle regarde à l'intérieur et découvre deux anges assis à la place du Christ. Elle se tourne et Le voit sans le reconnaître. Elle pense que c'est un jardinier, et lui demande où il a mis le corps du Christ. Alors Jésus lui dit : « Marie ! » Elle le reconnaît enfin et s'exclame « Rabbouni ! » (« Maître », en hébreu). Dans sa joie, elle tente de le toucher. Mais Il la repousse : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie-Madeleine court donc annoncer aux disciples la grande nouvelle : le Christ est ressuscité ! 
Les artistes l'ont souvent représentée au cours du repas chez Simon le Pharisien, à Béthanie. Elle se plaça sous la table et oignit les pieds de Jésus avec l'huile de Nard.



Eglise de Foussais-Payré, Vendée.

Une scène de repas a lieu entre deux colonnes torsadées coiffées de chapiteaux sculptés supportant une structure architecturale formant trois dais en plein cintre sous lesquels ont pris place les convives.
Le Christ en gloire avance la main vers un personnage situé à sa gauche ( Simon ) et pointe l'autre main sur Marie-Madeleine ; celle-ci essuie les pieds du Seigneur avec ses cheveux.

Le Christ à demi retourné s'adresse à son hôte joignant le geste à la parole pour expliquer l'acte de Marie-Madeleine prosternée à ses pieds.


Eglise de Saint-Hilaire-la-Croix, Puy-de-Dôme.

Au tympan de la porte sud, évocation du repas chez Simon le pharisien. Jésus nimbé est attablé avec deux disciples à sa gauche et avec Simon à sa droite.
Marie-Madeleine allongée au pied de la table, et tenant les pieds de Jésus dans ses mains, est montrée du doigt par Jésus et Simon.
Un masque glouton, à droite, et une fleur ( dont l'arôme pourrait rappeler le parfum versé sur les pieds de Jésus ), à gauche, complètent la composition, par ailleurs assez naïve, comme en témoigne l'absence de perspective de la table.



Abbatiale Saint-Gilles-du-Gard, Gard.

Le Christ à la maison de Béthanie. Madeleine aux pieds du Christ qui la montre du doigt. L’artiste la représente dans une posture différente des corbeilles précédentes; elle est agenouillée.


Eglise de Foussais-Payré, Vendée.

Le matin de Pâques, le Christ apparaît à Marie-Madeleine ; il est séparé d'elle par par le tronc d'un arbre symbolisant le jardin du Sépulcre.



Cathédrale d'Autun, Saône-et-Loire.

Marie-Madeleine se prosterne devant le Christ ; les Saintes Femmes se rendent au Tombeau.


Cloître de San Pedro de la Rena, Estella, Navarre.

Jésus porte une croix et Marie Madeleine est à ses pieds : "Ne me retiens pas ".


Chapiteau provenant de la cathédrale de Pampelune. Musée de Navarre.

Marie-Madeleine tenant d'une main un flacon de parfum montre de l'autre le ciel. A ses côtés saint Pierre reconnaissable à ses clés émerge d'un feuillage tandis que la scène est complétée par d'autres disciples.


Eglise Santa Maria Magdalena, Tudela, Navarre.

Le Christ en majesté bénissant d'une main et tenant le Livre de Vie de l'autre est entouré du Tétramorphe.
Enfin, à chaque extrémité du tympan, apparaissent deux figures qui ont fait débat entre chercheurs. Si on reconnaît deux personnages féminins on pourrait être en présence de la Vierge (à gauche) en génuflexion et de Marie Madeleine (à droite) près de la tombe du Christ.




Eglise Santa Maria Magdalena, Tudela, Navarre.
Détails : Marie en génuflexion / Marie-Madeleine près du tombeau.

Les Saintes Femmes



Abbatiale Saint-Gilles-du-Gard, Gard.

Les Saintes Femmes (Marie Madeleine, Marie Jacobé, Marie Salomé) vont acquérir du parfum pour oindre le corps du Seigneur : deux marchands derrière leur étal sont même représentés.


Eglise abbatiale Saint-Pierre de Mozac, Puy-de-Dôme.

La visite des femmes au sépulcre ou l’évocation de la Résurrection du Christ. Au matin de Pâques, les Saintes Femmes se rendent au tombeau portant leurs fioles de parfum pour embaumer le corps du Crucifié.



Eglise abbatiale Saint-Pierre de Mozac, Puy-de-Dôme.

Gros plan sur deux saintes femmes.
A droite, le fin visage illuminé de Marie-Madeleine ; à gauche, une figure féminine plus âgée aux traits plus graves.



Abbatiale Saint Austremoine, Issoire, Puy-de-Dôme.
La visite des Saintes Femmes au tombeau du Christ.

Pilier de l'angle Nord-Est du cloître du monastère Santo Domingo de Silos, Castille.

Au-dessus de la grande dalle du couvercle du tombeau sur lequel est assis un ange le sculpteur met en place les Saintes Femmes.


Porte du Pardon, San Isidore de Leon, Castille.
Les Saintes Femmes au tombeau ; un ange soulève le couvercle du tombeau vide.


Portail Nord de l'église San Miguel, Estella, Navarre.
Les trois Marie face au sépulcre vide.


Abbatiale Saint Austremoine, Issoire, Puy-de-Dôme.
Apparition du Christ à Marie-Madeleine.


Eglise Saint-Eudoche, Saulieu, Côte-d'Or.

Apparition du Christ ressuscité possédant des moustaches gauloises aux fines pointes. A gauche, trois femmes tenant des vases : deux parlent entre elles ; une seule reconnaît le Christ.
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