Des femmes de la Bible
et autres femmes de foi


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 Entre modèle et contre-modèle :

Ave versus Eva
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A l'ère médiévale, Eve fut perçue comme le symbole d'un dangereux naturel féminin et du péché de luxure alors que la Vierge Marie, femme faisant figure d'exception, est considérée comme la Nouvelle Eve. Mère de l'humanité elle a su rester vierge et n'a donc pas péché par la chair. Ave s'oppose radicalement à Eve.
Les mêmes lettres peuvent indiquer ce que la femme représente de plus pur et de plus impur. Les trois lettres Eva
symbolisent en effet la perte de l'humanité ; leur inversion l'Ave de l'ange évoque l'image de la mère du Rédempteur. ( J. Verdon, 1999-2015, p. 8 )

✏︎Eve
Dans la perspective chrétienne , la femme porte le poids de ses antécédents ; Eve, première femme, a succombé au mal ; elle a perdu le genre humain. Une certaine rancune va rester liée à la condition féminine. La tentation devient sa spécificité, les hommes doivent s'en méfier…
La séduction qu'elle exerce sur l'homme est similaire à celle du serpent sur elle.


Notre-Dame et Saint Castor, Nîmes, Gard.

Adam et Eve de part et d'autre de l'arbre autour duquel est entouré le serpent tentateur présentant le fruit défendu. Pour les théologiens du Moyen Âge, Eve est la grande responsable de la chute et de l'expulsion du paradis terrestre. Elle s'est laissée séduire par le démon en prenant le fruit défendu et l'a fait manger à Adam.


Peinture murale de la voûte de la nef, abbatiale Saint-Savin-sur-Gartempe, Vienne.
Eve à la quenouille (condamnation au travail).

Santa Maria de l'Estany, Catalogne.

Scène de la condamnation au travail : Eve attend, le fuseau à la main, Adam qui revient des champs derrière son attelage.


✏︎Marie
 Si un thème est largement représenté dans l'art roman c'est celui de la Vierge à l'Enfant. Hiératique, assise sur une cathèdre, en majesté, la tête droite, le regard lointain, fixant un Ailleurs, elle tient sur son genou gauche l'Enfant à tête d'homme qui bénit et tient le Livre. Le type de vêtement dissimule la féminité. Ces vierges en majesté figurent le mystère de l'Incarnation et tendent à dépasser les seules réalités terrestres. Elles ont la position de Sedes Sapientiae, c’est-à-dire qu’elles siègent en « Trônes de la Sagesse. »


Façade de l'église de Zamora, Espagne.
Vierge en majesté entourée d'anges ; l'Enfant a perdu sa tête.

A la période romane Marie va être reconnue comme médiatrice privilégiée entre le Ciel et la Terre, avocate du genre humain. En 431, au concile d'Ephèse, la définition dogmatique de Marie mère de Dieu est proclamée. L'Eglise multipliant les dévotions à la Vierge ce n'est plus seulement une sainte comme une autre. C'est la " nouvelle Eve " qui met fin au péché originel en mettant au monde le Christ.
Les auteurs médiévaux ont chanté Marie qui changeait en Ave le nom d'Eva. Ainsi, " A Eve le deuil, à Marie la liesse. Eve, dans son sein, portait les larmes, Marie la joie, puisque l'une mettait au monde l'homme pécheur, et l'autre l'homme innocent. La malédiction qui pesait sur Eve cède la place à la bénédiction de Marie " ( Ave gratia plena, Zodiaque, 1961, p. 140 ).
Alors, en majesté, avec l'Enfant sur les genoux tenant le Livre, Marie est proposée comme modèle de perfection spirituelle ; elle fera figure de " Reine des Cieux ".




Ancienne abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes, Deux-Sèvres.

La Vierge, médiatrice la plus efficace auprès du Tout-Puissant, porte l'habit des grandes dames du XIIe siècle. A droite deux pèlerins à genoux demandent l'intercession de Marie.


✏︎Autres femmes de foi et contre-exemples


Cloître de Saint-Trophime, Arles, Bouches-du-Rhône.
La reine de Saba. ( 1 Rois 10, 1-13 ).


La Vierge est le modèle idéal et parfait donné mais hors de portée à toutes les femmes par l'Eglise médiévale ; la nouvelle Eve en mettant au monde son Fils a sauvé l'humanité tombée jadis par la faute d'une femme et surtout elle est la médiatrice la plus efficace auprès du Tout-Puissant.

A l'instar du couple Eve/Marie l'opposition générale modèle-contre-modèle est une des caractéristiques majeures de l'imagerie médiévale. L'usage des images de contre-modèle par l'Eglise institutionnelle le place de facto dans un rapport de symétrie avec le bien.
La complexité de l'identité féminine se révèle par le comportement de divers personnages féminins dans les Saintes Ecritures. La femme ne doit pas seulement être perçue sous son aspect démoniaque ; elle peut-être également humaine, bienfaisante.

 Dans l'Ancien Testament Dalila livre Samson aux Philistins, Jézabel monte un stratagème pour faire éliminer Naboth alors que Judith libère sa ville.
Dans le Nouveau Testament Salomé réclame la tête de Jean-Baptiste alors que Marie-Madeleine essuie ses cheveux sur les pieds de Jésus…

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