Femmes et société médiévale
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Il n'est pas inutile de rappeler, d'abord, qu'à l’époque romane le corps en tant que tel n’existe pas. L’âme lui est toujours étroitement associée et le souci de l’au-delà est largement partagé. Les pierres romanes traduisent naturellement les valeurs religieuses, l’emprise du monde d’en haut et la quête du salut, mais elles dénotent aussi d’une non moins certaine ouverture au monde. C’est ainsi qu’elles révèlent aussi un vif intérêt pour les choses de la terre, les rêves et les peurs des hommes, la quotidienneté et la violence, l’imaginaire prédominant du temps et le corps dans tous ses états...
Au Moyen Age le corps chrétien est l’objet d’une tension entre l’exaltation et le refoulement. D’un côté, le christianisme glorifie le corps; du fait de l’incarnation de Jésus l’humanité a été rachetée.
De l’autre, le christianisme institutionnalisé réprime le corps. Le salut passe par une pénitence corporelle. Il faut garder présent à l’esprit le projet moralisateur d’exhortation du chrétien au respect des prescriptions de l’Eglise et à l’attente du Jugement.
Les tensions entre le monde d’en haut et le monde d’en bas, entre l’âme et le corps laissent entrevoir les tensions propres au corps. Sur le bruit de fond continuel du combat entre les choses de la terre et les préoccupations d’ordre spirituel, entre Carême et Carnaval, le corps chrétien médiéval est partagé entre exaltation et refoulement.
La mémoire des pierres romane révèle cette oscillation permanente entre le profane et le sacré autant que ce balancement du corps entre vénération et répression.
Dans cette perspective la femme à l'époque romane se dévoile sous une pluralité de visages : la femme-mère, l'amante, la séductrice voire, bien que plus rarement, sous forme de figures à caractère allégorique.
Musée lapidaire de l'église de Souvigny, Allier.
Une très belle représentation féminine... dont on ne connaît pas l'identification.
Tympan de l'abbaye Sainte-Foy de Conques, Aveyron.
Evocation de la luxure ou de la femme adultère liée par le cou avec son amant.
Collégiale Saint-Ours, Loches, Indre-et-Loire.
Figure de l'Arithmétique.