Eglise St-Pierre, Curzay-sur-Dive, Vienne.
Eglise St-Pierre, Curzay-sur-Dive, Vienne.
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Eglise St-Pierre, Curzay-sur-Dive, Vienne.

LA FACADE OCCIDENTALE
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Aux temps romans le portail, voire la façade tout entière, constitue, au même titre que les chapiteaux de la nef et du chœur, l'emplacement privilégié où s'observe la sculpture.



La façade dispose de deux contreforts et de deux colonnes engagées. L'ensemble du niveau inférieur de la façade est malheureusement rongé par les intempéries.
Le rez-de-chaussée adopte une composition traditionnelle : une structure tripartite; la porte centrale est accostée de deux arcades latérales aveugles.



Le portail est en arc brisé ; les voussures retombent de chaque côté, sur des colonnes à chapiteaux et à larges tailloirs.


Les voussures du portail sont sobrement ornées de moulurations à tores.


L'état de dégradation des chapiteaux coiffant les colonnes engagées de part et d'autre du portail laisse, par ses côtés, deviner la sobriété de l'ornementation initiale.


Les modillons paraissent soutenir la corniche des murs, mais en fait ce sont de purs ornements ; ici la verve des tailleurs de pierre ne s'est pas vraiment exprimée…


Les chapiteaux du portail D'une façon générale la singularité et la beauté et des portails, en font de véritables manifestes d'art roman.
La porte d'une église attachante, isolée en pleine campagne, est intéressante, comme le sont les portails des fleurons de l'art roman - toute proportion gardée naturellement- car elle témoigne de l'inventivité des tailleurs de pierre de l'époque.



Les chapiteaux supportant les voussures du portail : côté droit.




Projections buccales de créatures / oiseaux -forces spirituelles délivrant un message aux oreilles du masque humain ?? Le tailleur de pierre entendait-il donner une signification particulière autre qu'ornementale, à cette singulière composition scénique située à l'entrée de l'église?
Comme souvent, le sens général, s'il existe, demeure vague ou obscur. Il restera toujours difficile de cerner en toute certitude la part qu'il faut attribuer à l'ornementation ou au symbolisme.




L'imagier a placé entre les deux scènes animalières des corbeilles végétalisées ou ornées de rinceaux.


Dans l'imagerie romane les complexités de l'homme sont en accord pour parvenir à un même but : se rapprocher de la la coupe - la bonne parole, l'eucharistie - et y boire afin d'y puiser des énergies spirituelles positives. C'est ce qui est fréquemment représenté dans la sculpture romane ; mais ici, si deux oiseaux sont bien affrontés il est difficile de dire que l'on est bien en présence classique du breuvage d'immortalité, représenté par les oiseaux buvant dans un calice ; les oiseaux ne picorent-ils pas seulement un même fruit ? Ne seraient-ils pas plus seulement ici simplement classiquement affrontés…


Frise classique de rinceaux sur le tailloir.

Les entrelacs sont des éléments de décoration, produits par l'enchevêtrement ordonné d'un ou plusieurs brins continus n'ayant ni début ni fin, qui forment des dessins variés en se croisant ou bien en se nouant en passant alternativement les uns au-dessus des autres. Les imagiers briseront la rigueur primitive des schémas de composition par l'insertion d'éléments végétaux. Lorsque les rubans sont métamorphosés en tiges végétales luxuriantes stylisées le système classiquement fermé sur lui-même tend à éclater. Le système d'entrelacs apparaît ainsi tout à la fois abondamment modifié et métamorphosé par une impulsion nouvelle générée par l'emprunt au monde végétal.
Les rinceaux sont des motifs ornementaux constitués de tiges végétales sinueuses desquelles se détachent de part et d'autre des rameaux portant des feuilles stylisées ; différents de forme et de caractère ils peuvent être habités par des figures diverses on chercherait en vain à relier les proliférations végétales des rinceaux à la botanique régionale ; le plus souvent, tiges, feuilles et fleurs sont exclusivement l'objet de stylisation.




Détail de l'ornementation des chapiteaux ( côté gauche ) recevant les voussures du portail.


Malgré l'usure du temps le tailloir comporte encore les restes d'une élégante frise.

L'imagerie romane ne montre pas seulement une dépendance des rinceaux et des hommes, mais comporte également une vigoureuse alliance des rinceaux et des créatures les plus diverses.

Ici c'est une figuration diabolisée au front muni de cornes que l'on découvre.

Représenté sous de nombreux aspects, Satan, tentateur rusé et multiforme, est une des figures les plus familières des édifices des XI-XIIe siècles. Depuis les tympans et les chapiteaux, grimaçant ou ricanant,- à la fois ange déchu, humain, animal et créature monstrueuse - le Mauvais poursuit l'homme médiéval qu'il ne cesse d'interpeller.
Quelle que soit la crédibilité qui lui est de nos jours reconnue
Satan est omniprésent dans la culture du temps qui rapporte ses effrayantes manifestations. Il est à l'époque une allégorie du Mal. L'homme roman craint le Malin qui est pensé guetter en permanence l'occasion de saisir les moindres faiblesses humaines.


Bel oiseau à queue s'épanouissant en feuillage.
C'est parce que l'homme est un être complexe que le sculpteur  utilise des oiseaux pour représenter la part spirituelle de l'homme (et des quadrupèdes divers pour évoquer son animalité ). Les oiseaux grâce à leurs ailes s'élèvent au-dessus des vicissitudes strictement terrestres ; c'est pourquoi ils symbolisent le spirituel.
Les ailes des oiseaux, comme celles des représentations angéliques, symbolisent la légèreté de l'esprit en comparaison de la lourdeur de la matière.

L'homme sur terre a les pieds englués dans la glèbe ; partant de la matière, de l'animalité il peine à s'élever vers une dimension spirituelle supérieure.
L'oiseau illustre ainsi les phases particulières de l'évolution spirituelle de l'homme progressant de la lourdeur de la matière vers une spiritualité plus grande. Si les feuillages - qui reverdissent tous les ans- évoquent le renouvellement, un oiseau représenté avec une queue en feuillage évoque probablement un renouvellement humain.



Ce groupe de chapiteaux, à côté du précédent, présente une corbeille sculptée de feuillages et une autre comportant des créatures affrontées.



Ici ce sont deux oiseaux affrontés qui sont l'œuvre du ciseau du tailleur de pierre.


Détail. L'oiseau repose bien sur ses pattes encore visibles mais la dégradation de la pierre laisse un doute sur la queue végétalisée comme précédemment ou faut-il voir, à la limite, une hybridation serpentine de sa queue comme on en trouve un exemple à l'église Saint-Nazaire de Corme-Royal ( Charente-Maritime ) ?



Les arcatures aveugles.


Le portail central est encadré par deux arcatures aveugles ornées de scènes sculptées.




L'arcature droite laisse voir un ecclésiastique debout : probablement un évêque ou même même saint Pierre puisque l'église lui est dédiée mais il n'aurait pas les clefs avec lesquelles il est généralement représenté?



Sous les pieds du religieux un masque humain.


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Les corbeilles des chapiteaux coiffant les petites colonnes sont ornés de motifs végétaux.




L'arcature gauche accueille un groupe de trois personnages, tous mutilés : l'homme assis au centre aurait pu être un Christ ( parfois représenté dans cette position ) mais un des personnages debout est complètement disparu de telle sorte qu'il est impossible de formuler une hypothèse tant sur l'attitude de l'autre homme que sur l'ensemble de la composition. La fragilité du tuffeau rend la scène dégradée difficile d'interprétation.


Cette arcature est supportée par des colonnettes dont les chapiteaux sont ornés de feuilles plates.


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