Consommation et modes de vie

CONSOMMATION ET MODES DE VIE
ACTUALITE DE QUELQUES GRILLES DE LECTURE ?
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Le mode de vie est un fait social total, structurant et différenciant. Le mode de vie ne désigne rien de moins que l’architecture du vivre-ensemble. Les mécanismes de la routine et de l’imitation étant de puissants stabilisateurs du mode de vie. De la fin du XIXe au XXIe siècles transformations des sociétés ont suscité de nouvelles grilles d'analyse.

DE LA CONSOMMATION DEMONSTRATIVE ET STATUTAIRE…



Crédit photo : Gérard Mathieu. https://www.les-crises.fr/remuneration-pdg-3/

Thorstein Veblen reprochait à la théorie économique traditionnelle du consommateur de ne pas prendre en considération le jeu des influences sociales et d'ignorer notamment la dimension statutaire de la consommation. Dans la société américaine de la fin du XIX ème siècle, Veblen estimait que la richesse n'était pas suffisante en soi pour témoigner du succès économique, mais qu'il fallait encore en faire étalage par des comportements ostentatoires, c'est-à-dire en faire un usage démonstratif. Ainsi, le désir de parvenir à un certain statut social au sein d'une collectivité devient une motivation de la consommation de produits visiblement emblématiques de ce statut. La Théorie de la classe de loisir, publiée en 1899, reste une des références majeures sur le sujet; à un siècle de distance sa théorie de la consommation ostentatoire mérite d'être revisitée. Cependant, à l'aube du XXI ème siècle, on peut se demander si un ouvrage centenaire peut encore fournir des éléments d'analyse pertinents à la compréhension des problèmes économiques et sociaux d'aujourd'hui?

… A L' HYPERCONSOMMATION …


Illustrations Tiffet Julie Roussil Devoir de philo/Histoire
https://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de-philo-histoire/639210/devoir-de-philo-la-societe-d-hyperconsommation-n-a-pas-dit-son-dernier-mot

A l'issue des Trente Glorieuses vers la fin des années 70, et le début des années 80, une nouvelle configuration du capitalisme s'est mise en place : la société d’hyperconsommation. La consommation pour soi l’emporte sur la consommation commandée par le regard de l’autre. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que le souci de l’autre ait disparu. Il demeure mais encadré par tout un ensemble d’autres motivations qui ne relèvent pas de ce facteur.
L’époque de l’hyperconsommation coïncide avec le triomphe d’une consommation plus émotionnelle que statutaire, plus ludique que prestigieuse. C’est cela l’hyperindividualisme dans la consommation : moins de distinctif mais plus de recherches sensitives, distractives ou expérientielles.
L'entrée des sociétés occidentales dans l'ère de l'hyperconsommaion était inscrite dans la dynamique du capitalisme. En tant que débouché ultime de l'activité productive, la croissance continue de la consommation est nécessaire à celle de l'économie dans son ensemble. La consommation sert également de béquille idéologique au capitalisme, en lui fournissant une légitimité fondée sur la promesse du bonheur par l'accès aux félicités consommatrices. Le capitalisme ne peut se résoudre à la satiété des besoins conduisant à la saturation des marchés ; il est devenu expert dans la capacité à entretenir le désir d'acheter, tant par l'exploitation des différentes modalités de l'obsolescence programmée qu'en cultivant la composante symbolique des biens et des services.
Les effets négatifs de l'hyperconsommation sont de plus en plus visibles notamment pour la planète.

… ET DEMAIN QUEL PROJET ALTERNATIF POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE ?



Crédit photo : MCD, Jean-François Jaudon
https://mediascitoyens-diois.info/2021/03/le-decroissantisme-est-une-philosophie-etablie-sur-les-fondements-theoriques-de-la-decroissance-economique/

Aujourd'hui s’exprime la prise de conscience que le mode de vie contemporain dominant menacerait sérieusement les ressources et les équilibres vitaux de la planète : l’eau, l’air, les espaces naturels, le climat ou la biodiversité.
En mars 1972, déjà, des scientifiques du MIT publient le " rapport Meadows "plus connu en français sous le titre" des "limites à la croissance". L’ouvrage avait eu l’effet d’une bombe : des chercheurs alertaient sur les risques d’une croissance économique infinie : une société qui consomme et produit toujours plus, pollue aussi toujours plus et sera confrontée à la raréfaction des ressources. Mais en pleines Trente glorieuses, les usines tournaient à plein régime pour satisfaire les aspirations de la société de consommation. Dans ce contexte, une remise en question du modèle fondé sur une croissance infinie du PIB était peu audible pour le plus grand nombre. Ce best-seller tomba largement dans les oubliettes. Cinquante ans après sa parution le livre est devenu à nouveau une référence du fait du monde plus chaud qui s'annonce vers les années 2050 auquel nous devons nous préparer et d'une puissante vague de changements bousculant vies personnelles et sociétés. Nous vivions dans un monde qui avait oublié les risques de pandémie et de conflits. La pandémie mondiale du Covid-19 des années 2020 et la guerre en Ukraine pourraient faire bouger les lignes. La nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et aux ressources naturelles s'impose de plus en plus.
Si la civilisation industrielle est derrière nous la grille de lecture de la société doit changer. Vivre à l'ombre du Web transforme en profondeur les sociétés ainsi que les notions de proche et de lointain.
Le mode de vie fait figure d’enjeu au cœur des débats sur les questions sociétales contemporaines.
Pour une partie de la population française " la crise du Covid-19 doit être regardée comme un dernier avertissement avant l'effondrement des sociétés occidentales sous l'effet de la surconsommation, de l'exploitation intensive des ressources naturelles et de la destruction des écosystèmes. Cette population considère qu'il est plus urgent encore qu'hier de modifier en profondeur nos modes de vie et de donner un coup d'arrêt à l'hyperconsommation…
Environnements géographiques, culturels et socio-économiques, imaginaires politiques, visions du monde antagonistes et leaders d'opinion pour les incarner se déploient dans la France d'après, les modes de vie devenant progressivement le théâtre d'une bataille culturelle et idéologique tandis que le rapport à la consommation tend à se connoter politiquement." (Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely 2021, p. 475-476 )

La mise en mouvement de la société vers une transition écologique et sociétale, qui suscite beaucoup d’attentes et de craintes, va-t-elle entraîner des changements significatifs de mode de vie ? Lorsqu’il y aura 10 milliards d’individus sur la planète si l’humanité consommait comme un américain cinq ou six planètes seraient nécessaires! Avec l'urgence climatique et environnementale et l’impact négatif de la consommation sur l’écosystème des transformations sont donc inévitables…

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