SOUFFRIGNAC
EGLISE SAINT-ANTOINE
Cette église fut donnée en 1155 à l'abbaye de Grosbot, située à quelques kilomètres au sud de Charras et fut rebâtie peu après. Deux grandes arcades brisées ouvrent au sud sur une chapelle latérale gothique, dédiée jadis à saint François. Cet ajout constitue actuellement une seconde nef à deux travées voûtées d'arêtes et portant à leurs clés un blason avec une silhouette de lion. La partie romane de cet édifice comporte une nef divisée en deux travées inégales s'achevant par un court sanctuaire à fond plat.
La nef romane unique est composée de deux travées très simples. La première est bien plus longue que la seconde. Cette dernière est délimitée par quatre colonnes engagées sur dosserets et couronnées par des chapiteaux décorés. Dans ces deux travées la voûte a disparu, remplacée par un couvrement en arc déprimé. L'existence, à l'origine, d'une voûte en pierre est attestée par les vestiges d'arcs qui demeurent au dessus des colonnes sur dosserets mentionnées ci-dessus. La nef s'achève par une très courte travée de sanctuaire abritant l'autel et couverte d'une voûte en berceau.
Les chapiteaux des quatre colonnes engagées sur dosserets sont ornés de tiges végétales liées, de pommes de pin, de palmettes. Le chapiteau situé au sud-est de cette partie de l'édifice présente, aux angles, deux personnages agenouillés dont les pieds reviennent en arrière à la hauteur des hanches. Les bras et les mains, dans une posture d'atlante, semblent soutenir le tailloir orné d'un damier se prolongeant en imposte sur le dosseret. La facture de ce chapiteau est assez fruste. Les tailloirs des autres chapiteaux sont lisses ou ornés d'étoiles à huit branches parfois inscrites dans un cercle.
Les fonts baptismaux, sont situés sous la tribune, dans l'espace réduit faisant désormais office de baptistère, là même où ils auraient sans doute été emmurés pendant la Révolution puis retrouvés. La qualité du décor est bien supérieure à ce que l'on peut espérer trouver dans une modeste église rurale. La partie haute est richement sculptée en semi-méplat au-dessus d'une bande torsadée. Le côté est présente un lion et un aigle pris dans un entrelacs de rinceaux de tiges de palmettes. Aux angles, deux visages en haut relief sortent du décor végétal. Celui de gauche est barbu, celui de droite semble glabre. A l'angle sud-ouest une bête féroce aux dents apparentes mord un rinceau. Le personnage, partiellement détérioré, qui se trouve au nord-ouest, a un bras nu baissé sur la face ouest et un bras couvert d'une large manche au nord. Cette main tient une sorte de disque ou d'écuelle. Il s'agit sans doute d'une femme car le visage semble sortir d'une coiffe et d'une partie de vêtement passant sous le menton.
En pénétrant dans le cimetière accolé à l'église, on accède à la face sud de la nef gothique. La première fenêtre est en plein cintre (ou en arc presque imperceptiblement brisé) et semble être faite d'éléments remployés, provenant peut-être d'une fenêtre primitive de la nef romane. Les piédroits et l'arc sont moulurés en boudin épais. L'archivolte, très saillante, est constituée de deux grosses pierres dans lesquelles sont taillées deux visages sommairement stylisées. Chacun d'eux est encadré par une sorte de coiffe, mais sans qu'on puisse en inférer qu'il s'agit de figures féminines, même si celle de droite semble peut-être un peu plus douce que l'autre.
Le clocher est de plan rectangulaire et s'élève au pied de la nef. Dans sa partie basse, ouvrant sur la nef, se trouvent les fonts baptismaux. Extérieurement, le clocher semble avoir été refait ou du moins très restauré à différentes époques.