TORSAC
EGLISE SAINT-AIGNAN
En 852, un cartulaire mentionne l'église de Torsac, mais il ne reste aucun vestige de cet édifice. Certaines parties basses de l'édifice actuel semblent remonter au XIe siècle, mais la plupart des éléments datent de la première moitié du XIIe siècle. Le clocher octogonal est remarquable et les chapiteaux de la croisée du transept retiendront toute l'attention des visiteurs.
La tribune qui surplombe l'entrée au début de la nef, date également du XVe siècle. La façade et le portail ont été refaits au début du XIIIe siècle mais restent en harmonie avec les parties romanes.
Bien qu'elles datent du XVe siècle, il faut prendre le temps de regarder les peintures de l'abside montrant un grand Christ en Majesté entouré du Tétramorphe. Ce sont des œuvres de grande qualité..
Le clocher octogonal est très élégant. La souche est couronnée d'une imposte ornée de trois rangs de billettes. A l'étage, deux baies géminées occupent chaque face. Les arcs en plein cintre s'appuient sur des colonnes dont la base est ornée de tores. D'autres tores superposés se substituent aux chapiteaux. Le rouleau de chaque arc est enveloppé d'un cordon orné de dents de scie. En retrait de ces arcades s'ouvrent les fenêtres proprement dites, en plein cintre également.
La nef, voûtée en berceau brisé, comporte quatre travées séparées par des doubleaux s'appuyant sur des colonnes sans base et des chapiteaux lisses. Deux grandes arcades ont été ouvertes au XVe siècle, peut-être pour donner accès à des chapelles. Elles ont été obstruées au XIXe siècle.
La croisée du transept est couverte d'une coupole sur trompes reposant sur des arcs à deux rouleaux dont les supports complexes sont faits de piliers et de colonnes engagées couronnées de chapiteaux sculptés. Au sud et au nord un troisième rouleau s'appuie sur de larges pilastres sans chapiteaux.
Le décor sculpté se trouve sur les corbeilles des chapiteaux de la croisée du transept et se prolonge sur les piliers dans lesquels sont engagées les colonnes. On peut voir des palmettes et des acanthes liées en gerbes, la plupart à feuilles grasses. Dans les végétaux apparaissent des lions aux corps entrecroisés réunis en une seule tête, ainsi qu'un dragon.
Il n'y a qu'un seul chapiteau historié, au sud-est de la croisée du transept. Sur une face de la corbeille, un homme, de profil, joue d'un instrument à cordes en marchant parmi des tiges végétales. Derrière lui, un oiseau, perché dans les feuillages, pose sa patte gauche sur l'épaule droite de l'homme. Sur l'autre face de la corbeille, devant l'homme et lui tournant le dos, un dragon dressé sur ses pattes semble prisonnier des tiges végétales. Jean George pensait qu'il s'agissait d'Orphée charmant les bêtes sauvages. Mais il peut s'agir aussi de David. L'homme a les cheveux bouclés. La pupille visible est marquée au trépan. Il est vêtu d'une cape et d'une robe courte dont la ceinture retombe souplement entre ses jambes. Certains détails évoquent les sculptures de Saint-Pierre d'Angoulême.
Sur la façade et en haut des murs gouttereaux, on peut voir des modillons au charme un peu barbare. Nous les signalons, mais nous n'avons pu trouver aucune documentation à leur propos pour le moment. Ils présentent des têtes humaines et animales très stylisées, mais aussi des motifs simplement géométriques.