MONTBRON
EGLISE SAINT-MAURICE
Une petite abbaye clunisienne existait en ce lieu au XIe siècle. L'église a peut-être été reconstruite peu après l'inhumation dans ses murs de Guillaume de Montbron, évêque de Périgueux, en 1081. Au XIXe siècle, l'église a subi de profondes restaurations, mais les dessins de Paul Abadie antérieurs à ces travaux et le témoignage d'Edouard Warin nous assurent qu'ils ont été suffisamment respectueux de la structure d'origine pour qu'on puisse considérer cette église comme un édifice roman de grand intérêt.
L'église est édifiée sur un plan en croix latine avec deux absidioles sur les bras du transept et un chevet comportant cinq absidioles rayonnantes autour d'une vaste abside axiale. La croisée est couverte d'une coupole sur trompes au-dessus de laquelle s'élève un clocher dont la souche est romane. Un cloître, aujourd'hui disparu, s'appuyait sur le mur sud de la nef. La sacristie, qui cache une partie de ce mur roman sud, date du XIXe siècle. La partie haute du clocher a été remontée au XIXe siècle, mais la souche est romane. Elle est animée d'arcades aveugles et les angles sont abattus en talus dans leur partie supérieure pour passer du carré à l'octogone de l'étage des cloches.
La nef date de la seconde moitié du XIIe siècle. Elle comporte deux travées voutées en berceau brisé, séparées par un arc doubleau reposant sur deux colonnes engagées. Le transept constitue, avec le chevet, la partie la plus ancienne de l'église. Une absidiole en hémicycle s'ouvre dans chacun de ses bras. Dans le mur nord de la nef, on accède à une chapelle du XVIe siècle.
La coupole est portée par quatre piliers rectangulaires servant de dosserets à des colonnes engagées. La calotte repose sur de petites trompes surmontées par un encorbellement en degrés.
Le chevet se compose d'une abside principale en hémicycle dans laquelle s'ouvrent cinq absidioles, toutes ces parties étant voûtées en cul-de-four. De part et d'autre des fenêtres de l'absidiole centrale deux arcades aveugles sont coiffés d'arcs en mitre alors que tous les autres sont en plein cintre. A l'extérieur, le chevet offre un aspect riche et harmonieux, avec les deux absidioles du transept encadrant les cinq autres qui ceinturent l'abside proprement dite, cette dernière couronnée par une arcature aveugle.
Les chapiteaux des colonnes engagées soutenant le doubleau de la nef sont ornées de feuillages et de têtes humaines. Le décor de la croisée du transept est caractéristique de la fin du XIe ou début du XIIe siècle avec des corbeilles troconiques évoquant celles de Cellefrouin. Le registre supérieur est occupé par des animaux très étirés, des reliefs sinueux, etc. Sur la partie haute d'une de ces corbeilles, un homme nu très stylisé est assis à terre. Ses jambes sont relevées de chaque côté du corps et ses bras sont pris dans la gueule de deux fauves.
Au sommet du mur sud de la nef se trouve une intéressante collection de modillons constituée de têtes humaines ou animales.
Quatre tombeaux prennent place le long du mur extérieur de la nef sur le côté sud. Ils étaient inclus, à l'origine, dans le cloître. Les deux premiers, datant du début du XIIIe siècle, se trouvent actuellement enfermés dans la sacristie. Sur le même mur sud de la nef, mais à l'extérieur de l'église, on peut voir un enfeu contenant un gisant recouvert d'une dalmatique. L’inscription a disparu. Il s’agit soit de Robert III de Montbron qui s’illustra à la deuxième croisade en 1147, soit de Guillaume de Montbron, évêque de Périgueux, qui mourut en 1081. L'arc est orné de festons en faible relief, comme on peut en voir sur deux rouleaux du portail.
Un peu plus loin, un second enfeu contient le tombeau de Pierre-Robert Caille de La Motte et de ses fils. Une inscription prend place dans des arcades en plein cintre: + HIC REQUIESCUNT PETRUS ROBERTI CALLA DE LA MOTTA ET FILII EIUS PETRUS CALLA ET GERALDUS ROBERTI REQUIESCANT IN PACE (+Ici reposent Pierre Robert Caille de la Motte et son fils Pierre Caille et Gérald fils de Robert. Qu’ils reposent en paix.)