MARCILLAC-LANVILLE
EGLISE NOTRE-DAME
Notre-Dame de Lanville fut l'église d'un prieuré de chanoines réguliers de saint Augustin fondé vers 1120. L'église date du milieu du XIIe siècle. Elle a beaucoup souffert des Guerres de Religion. Il ne reste plus que l'église et un logis du XVIIIe siècle. Le cloître, datant de la fin du XVe siècle n'est plus qu'une ruine sur le côté nord de l'église.
Construite en belle pierre de taille calcaire parfaitement appareillée, elle est édifiée sur un plan en croix latine. Elle comporte une seule nef, un transept sur les bras duquel s'ouvrent deux absidioles, un court sanctuaire et une abside en hémicycle. La croisée est couverte d'une coupole sur pendentifs surmontée d'un clocher. Le transept et l'abside ont été surhaussés et fortifiés à l'époque de la Guerre de Cent Ans. C'est peut-être à ces fortifications que Notre-Dame de Lanville dut sa survie car, pendant ces guerres, l'église et le château de Marcillac furent détruits.
La façade romane s'est effondrée en 1903 et sa reconstruction archéologiquement insatisfaisante a eu le mérite de contribuer à la sauvegarde de l'édifice. A l'origine, la nef comportait trois travées carrées mais n'en a plus que deux. Les voûtes à croisées d'ogive avec liernes de l'époque gothique se sont effondrées à plusieurs reprise effondrées à partir de 1625. On ne sait pas quel était le couvrement d'origine: coupoles ou berceau. Des colonnes sur dosserets séparent les travées. La nef est éclairée par deux fenêtres en vis-à-vis dans chaque travée.
Les bras du transept, large et débordant, sont voûtés en berceau légèrement brisé. Le bras nord n'est pas éclairé. Dans le bras sud s'ouvre la porte d'entrée surmontée de deux baies à remplage rayonnant qui ont remplacé les fenêtres romanes. Les absidioles semi-circulaires qui s'ouvrent sur les bras sont éclairées chacune par une fenêtre axiale en plein cintre. Des cordons ornés prennent place entre les voûtes et les murs dans le transept.
Des vestiges de peintures murales gothiques ont été mis à jour dans la nef ainsi que dans le transept et l'absidiole sud. Deux bretèches restent en place dans le surhaussement sud du transept, au-dessus des fenêtres.
Une courte travée droite précède l'abside semi-circulaire. Le mur de cet ensemble est orné d'une haute arcature reposant sur des demi-colonnes à chapiteaux, sculptés pour la plupart. Les quatre arcades aveugles de la travée rectiligne sont plus étroites que les cinq de l'abside. Ces dernières sont percées de fenêtres encadrées de colonnettes à chapiteaux décorés. Un cordon orné de billettes s'interpose entre l'arcature et la voûte. A l'extérieur, les fenêtres sont aussi encadrées par des colonnettes à chapiteaux décorés. Une rangée de modillons ornés couronne l'ensemble. Au-dessus s'élève un mur de fortification, datant de la Guerre de Cent Ans, montant à la même hauteur que celui du transept et percé de fenêtres rectangulaires. Des corbeaux de bretèches restent visibles dans l'axe de ce surhaussement.
Dans la nef, certains chapiteaux sont lisses, avec des motifs végétaux stylisés aux angles. Les chapiteaux et les tailloirs de la croisée du transept sont ornés de feuillages gras, particulièrement soignés. A l'angle nord-ouest on peut voir un personnage monstrueux et des animaux fabuleux. A l'intérieur du chevet, les chapiteaux des colonnes et colonnettes offrent également un décor de feuillages gras très bien réalisé mais on remarque davantage d'animaux que dans la croisée.
A l'extérieur, les chapiteaux du chevet présentent un décor assez riche: un homme entre deux griffons, un autre qui enserre le cou de deux lions dont la queue s'achève en palmette, des végétaux, etc. Les tailloirs sont ornés de feuillages. Malheureusement, la pierre calcaire très tendre a souffert des intempéries.
Bien que certains semblent avoir été refaits, il reste une belle collection de modillons romans autour du chevet: des béliers, des têtes humaines stylisées plus ou moins grotesques, des personnages difformes, un tireur d'épine, un homme assis qui soutient sa tête d'une main dans une attitude pensive, un autre portant une lourde charge, une tête de bête monstrueuse dévorant un animal dont on ne voit plus que l'arrière-train, un monstre grimaçant de façon effrayante, etc.
Sur le mur extérieur de l'abside, on peut lire des inscriptions funéraires concernant des chanoines enterrés au pied du mur. Certaines inscriptions datent du XIIe siècle.
Signalons que l'excellente acoustique de cette église lui permet d'accueillir tous les étés des concerts de très haute qualité.