SAINT-AMANT-DE-BOIXE
EGLISE SAINT-AMANT
Cette grande église abbatiale bénédictine abritait les reliques de saint Amant (un ermite du VIe siècle). L'église du XIIe siècle fut ravagée par un incendie au XIIIe siècle. Le chœur, le chevet et le bras méridional du transept furent reconstruits aux XIVe et XVe siècles. L'église a également beaucoup souffert pendant les Guerres de Religion au XVIe siècle. C'est pourtant un des édifices romans les plus intéressants de l'Angoumois. Le décor sculpté extérieur et intérieur est d'une grande qualité. Sa façade imposante présente une structure complexe, caractéristique de la région Poitou-Charentes.
Les amateurs d'art roman ne doivent pas négliger les éléments gothiques (crypte, piscine à accolade, ossuaire, voûtes, choeur, etc.)
Construite sur un plan en croix latine, elle comporte une nef de cinq travées et deux collatéraux de six travées. Sur le transept, seules sont conservées les deux absidioles du bras nord. A l'extérieur l'attention se concentre sur la structure de la façade et son décor. Il faut aussi examiner les sculptures du bras nord du transept et le clocher.
Comme à Saint-Pierre d'Angoulême et Saint-Pierre de Châteauneuf, la façade complexe comporte des divisions horizontales et verticales où toutes les arcatures sont en plein cintre. Le portail, dont les cinq rouleaux forment une voussure profonde, est flanqué de deux arcades aveugles non symétriques. L'arcade nord abrite un tombeau; certains ont pensé que le sarcophage avait contenu les restes de saint Amant, retrouvés en 1125. Au sommet, le petit fronton surbaissé est moderne. Les arcs et les oculus sont très richement ornés de motifs géométriques. Les corbeilles et les tailloirs des chapiteaux présentent un décor végétal et animal. En passant rapidement sur la flèche qui, bien qu'élégante, n'est pas romane, on regardera attentivement la structure du clocher
Il faut descendre un escalier de treize marches pour atteindre le niveau du sol intérieur. La nef et les collatéraux sont voûtés en plein cintre. Les piliers sont renforcés par des colonnes qui supportent les arcs doubleaux des trois nefs et les grandes arcades à deux rouleaux. La dernière travée n'existe qu'au niveau des collatéraux. De chaque côté un mur percé d'une baie en arc brisé à deux rouleaux et colonnes à chapiteaux, sépare la nef des collatéraux. Dans cette partie, la voûte de la nef n'est pas renforcée par un doubleau à ce niveau et les collatéraux sont, ici, couverts par des voûtes d'arête.
La coupole s'élève au-dessus d'un tambour circulaire couronné par un cordon et constitué par une arcature de douze arcades obstruées, en plein cintre et à deux rouleaux. Les rouleaux intérieurs de chaque arcade retombent sur des colonnettes doubles à chapiteaux lisses. Ce tambour s'appuie sur un cordon porté par des pendentifs à la base desquels on peut observer des traces de reprise de chantier. Le dôme s'étant effondré, les nervures aboutissant à l'orifice annulaire des cordes de cloches ont été refaites au XVe siècle.
A l'extérieur, sur le bras nord du transept, on peut voir deux tympans dans les arcades aveugles. On peut y voir deux groupes de trois apôtres partant évangéliser les nations. Leurs attitudes évoquent celles des apôtres du rez-de-chaussée de la façade de la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême. Au-dessus, trois saints personnages, dont un évêque qui a perdu sa tête, se tiennent debout dans les arcades aveugles. Leur style rappelle aussi celui des grands personnages de la façade de la cathédrale.
A côté des arcades aveugles, s'ouvrait un portail aujourd'hui obstrué. Les deux rouleaux sculptés reposent sur des colonnes à chapiteaux. Sur l'intrados du premier rouleau, on peut voir un Agnus Dei accompagné des symboles des évangélistes. Les rouleaux des arcades aveugles de bras de transept offrent un décor de haute qualité.
Sur ce même bras nord, les thèmes végétaux et animaliers qui dominent. De petits personnages sont présents sur les frises des deux arcades aveugles. Ce décor est incontestablement différent de celui de la façade et il confirme que cette partie de l'abbatiale, y compris les deux absidioles restées en place, relève d'un chantier antérieur. Tout le décor de cette partie de l'église est imité de celui de la façade de la cathédrale Saint-Pierre.
Les chapiteaux extérieurs de la façade et du bras nord sont ornés de motifs animaux (lions, griffons, têtes humaines ou animales, etc.) dont l'exécution est très soigneuse. Les tailloirs et les impostes offrent des décors végétaux (acanthes, palmettes) ou géométriques (entrelacs, oves, etc.) A l'intérieur, on trouve des végétaux à feuilles grasses, des animaux fabuleux. Un chapiteau de la grande absidiole du bras nord montre un cavalier muni d'un bouclier long combattant des fantassins armés d'épées.