Les êtres légendaires associant à un corps humain celui de divers animaux ont toujours peuplé les cultures antiques et leurs édifices.
Loin des temps et de leurs lieux d'origine, nombre d'entre eux se retrouvent dans les représentations sculptées romanes : il en est ainsi des centaures.
Personnages légendaires de la mythologie grecque, les centaures sont le plus souvent des créatures à la double nature.
Sans remonter aux premières représentations associant un corps d'homme entier à un arrière-train de cheval il suffit de rappeler, plus près de nous, les figures du centaure composé d'un seul buste humain rattaché au corps chevalin à hauteur du garrot.
Crédit photo : expositions.bnf.fr/bestiaire/it/centaure/01.htm
Les centaures formaient, selon les mythes grecs, une horde sauvage et cruelle qui habitait les montagnes de Thessalie (Nord de la Grèce). Ils étaient craints pour leur brutalité et se nourrissaient de chair crue.
Ainsi aux noces de Pirithoos, roi des Lapithes, ils s'enivrèrent et s'emparèrent de sa jeune épouse ! Mais ils furent vaincus et chassés de Thessalie.
Contée par Homère, la victoire des Lapithes sur les centaures symbolise le triomphe de la civilisation sur la barbarie.
Le centaure du bestiaire. Crédit photo : expositions.bnf.fr/bestiaire/it/centaure/06.htm
Le centaure est une figure si familière aux hommes du Moyen Âge qu'il devient un motif décoratif que l'on observe tant sur les façades que sur les chapiteaux.
Le centaure antique se trouve abâtardi dans les bestiaires médiévaux qui parlent d'onocentaure (moitié-homme moitié-âne). Pour les chrétiens, les hybrides mi-homme mi-animal incarnent la dualité de la nature humaine, et le centaure représente l'homme violent esclave de ses instincts.
Le de Avibus de Hugues de Fouilloy, théologien du XIIe siècle, contient une représentation de cet être hybride accompagné d'une sirène-oiseau.
Crédit photo : Sailko.
Le centaure est une figure maléfique qui, associée à la sirène, symbolise la fausseté et la perdition.
Sarcophage aux Centaures. IIe siècle. Provient des Alyscamps.
Deux centaures hybrides mi-hommes et mi-chevaux combattent un lion.
Si le centaure est un être fabuleux, dont le buste humain est porté le plus souvent par un corps de cheval, cette iconographie dominante s'enrichit toutefois à la période médiévale d'une pluralité de variantes morphologiques dans lesquelles le cheval est remplacé notamment par un taureau ou un lion.
Santa Maria de Ripoll, Catalogne.
Une belle réalisation de créatures hybrides.
Saint-Austremoine, Issoire, Puy-de-Dôme. Médaillon du sagittaire.
Les centaures ne doivent-ils pas être considérés non seulement au niveau de leurs formes constitutives mais aussi sur un possible registre symbolique en dépassant le simple niveau ornemental ?
Ces hybrides monstrueux, doubles dans leur configuration physique, le sont également dans leur nature profonde : humanité et animalité se trouvent juxtaposées.
D'où le parcours imagé proposé :
- Les types de centaures rencontrés dans les œuvres sculptées
- Les centaures-archers singuliers appelés sagittaires
- Les centaures et leurs possibles connotations positives ou négatives
- Le stéréotype du centaure-archer zodiacal des travaux des mois médiévaux.
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