Parmi les hameaux, outre le quartier du Planty devenu agglomération, Lessart est historiquement le plus important en raison de sa double position : sur le Clain et sur la route d'accès nord de Poitiers.
Le hameau de Lessart constitue le poumon économique et démographique de la paroisse de Buxerolles sous l'Ancien Régime et jusqu'au début du XXe siècle. Son importance et son ancienneté, bien antérieures à celle du bourg, sont alors dues à la présence de moulins sur le Clain, la rivière étant alors l'un des principaux axes de circulation entre Tours et Poitiers.
Lessart est mentionné pour la première fois en 962 sous le nom de "Sartus", puis en 1077 sous le nom de "Xartis", " Essartis " en 1211 et enfin "Lessard", " L'Essart ", " Lessart "….
C'était une population de vignerons et de meuniers dont des maisons peuvent être encore repérées, ce fut aussi un port sur le Clain, navigable entre Poitiers et Châtellerault ; on y chargeait vin des coteaux et céréales.
C’était aussi au XVIIIe siècle le centre administratif de la commune; les premiers actes d’état civil, y furent enregistrés.
Deux témoins majeurs du passé : le moulin subsistant, à gauche, et l'ancienne usine hydroélectrique, à droite.
✏︎ L'ancien moulin
Si les moulins de « l’Exart » apparaissent mentionnés dès 1077 dans des archives, à la fin du XIXe siècle, seuls deux restaient encore en service : ceux ceux de M. Orillard et de M. Métivier.
Le site de Lessart, Pierre Bernard, Gazette des Buis, HS n° 1, 2015, p.41
L'ancien moulin à blanc ( blé ) subsistant se présente sous la forme d'un bâtiment de deux étages de plan carré surmonté d'un étage de combles avec un toit en pavillon.
Ses façades Nord-Est et Sud-Ouest sont éclairées par une travée se prolongeant par une lucarne sur le versant du toit.
La façade Nord-Ouest ouvre par une baie chanfreinée au rez-de-chaussée, et par une autre au second étage.
Ancienne vanne toujours visible au pied du bâtiment.
( Cliché collection A. et M. Sapin ) .
Une carte postale des années 1900 permet de se rendre compte de la circulation d'eau entre les deux constructions ; l'emplacement de la roue sur la façade nord-ouest de l'ancien moulin est ici perceptible.
✏︎ L'ancienne usine hydroélectrique
L'activité économique du village rebondit dans la seconde moitié duXIXe siècle lorsque un ancien moulin est transformé en usine hydroéléctrique. Cette dernière créée en 1898 a fonctionné jusqu’en 1950, fournissant du courant à Buxerolles et aux communes voisines.
Carte postale début du XXe siècle ( Cliché collection A. et M. Sapin ).
L'ancienne usine hydroélectrique se compose d'un bâtiment en forme de V ouvert vers le Sud-Est.
L'aile Sud-Ouest quant à elle est construite en briques, sur une base en pierre de taille. Sur cette façade les panneaux de briques s'inscrivent dans une armature métallique visible de l'extérieur. Cette aile ouvre au Nord-Ouest par deux fenêtres hautes et larges, à arc segmentaire, et par une autre au Sud-Est.
L'aile Est est construite en pierre. Au Nord on observe quatre grandes fenêtres alignées…
Au Sud, le pont en béton, l'extension en briques rouges et l'ancien bâtiment avec ses trois autres fenêtres cette fois accolées. Ces trois baies correspondent aux trois turbines qui se trouvaient à l'intérieur.
Toutes ces baies possèdent un linteau mouluré à arc segmentaire. Elles sont reliées par un bandeau mouluré qui file sur les façades. Une corniche couronne celles-ci.
Arc surbaissé ou semi-circulaire pour la large porte ; à noter également les fines moulures.
Le bras du Clain qui coulait au-dessous de l'usine a depuis été comblé en 1977 par un remblais pour aménager un parking et un "coin de promenade ". La passerelle en béton qui reliait l'ancienne usine à la rue témoigne encore de cette ancienne présence.
C'est depuis la rive gauche de la rivière que l'on a le meilleur point de vue sur toute une série de déversoirs formant le charme de la balade.
En amont du dernier moulin encore visible aujourd'hui, un barrage sur le Clain indique l'ancienne présence d'un port et d'une écluse, témoins avec les moulins de la prospérité de Lessart du temps où la rivière était utilisée pour le commerce, et où ce village de meuniers était le cœur économique de Buxerolles.
Le port de Lessart participa à " l'aventure éphémère pour le transport au moins de barriques de vin" pendant à peu près tout le XVIIe siècle, " mais les habitants du village et les meuniers eurent particulièrement à pâtir des travaux effectués à différentes époques pour améliorer le lit de la rivière " ( A. et M. Sapin, Gazette n° 12; janvier 2017 ).
La force motrice de l'eau contribué à l'essor de Lessart qui est resté jusqu'au XIXe le village le plus dynamique de la commune. Lessart n'a plus ni moulin ni usine électrique ni port en activité mais a conservé son barrage.
Le déversoir de Lessart vu de la rive droite n'est malheureusement plus accessible au visiteur.
Aussi est-ce de la rive gauche que le barrage-déversoir se voit le mieux.
✏︎ Lessart, jadis cœur commerçant et lieu de divertissement
Les maisons sont serrées les unes contre les autres, alignées le long de la route dans l'espace resserré entre le coteau et la rivière. Ce vieux quartier de la commune actuelle est en conséquence un des plus riches en éléments architecturaux. Il reste encore des témoins de cet habitat ancien où résidaient meuniers et vignerons.
** Du côté du coteau on trouve des maisons de bourg situées dans l'alignement des autres maisons en bordure de voie.
Alignement de maisons donnant directement sur la voie : témoins du XVIIIe et du XIXe siècles. Celle de droite abritait une ancienne boulangerie.
La maisons du XVIIIe siècle disposent de lucarnes à linteau droit surmonté d'un fronton triangulaire. Les joues et le chapeau sont ici ouverts de tuiles. Les jambages en pierre reposant directement sur le mur de façade.
Une vue rapprochée du mur gouttereau révèle la date de construction : 1760.
A côté s'élève une maison de 1879.
Bel exemple d'habitat ancien avec son puits timidement caché dans un renfoncement d'une maison. Le plus simple appareil d’un puits est la poulie accrochée à une potence au centre de l'ouvrage, hissant le seau à la hauteur de la tête de celui qui tire l’eau.
Un bel exemple de logis ancien construit en retrait par rapport à la voie. Il dispose d'une porte à arc en plein cintre encadrée par deux baies à appui saillant.
Détail. La maison a été construite en 1704 comme l'indique l'inscription gravée sur la clé de la porte cintrée à claveaux réguliers.
L'escalier extérieur en pierre dit " des meuniers" se laisse découvrir entre deux pâtés de maisons. Il débouche sur un sentier faisant le lien entre le bas du hameau et le plateau de Buxerolles.
** Du côté du Clain.
Ancien poumon économique de la commune, Lessart d'antan abritait commerces ( boulangerie, épicerie ), artisans ( menuisier, sabotier, meunier, maréchal-ferrant…) et des cafés-restaurants, guinguettes.
Porte à imposte d'une ancienne épicerie. Cette partie supérieure d'une baie de porte peut être vitrée ou non, fixe ou ouvrante et permet de combler une ouverture importante en hauteur.
Le Café-restaurant Roger Thévenet. Carte postale vers 1900.
( Dans Simmat, Gérard et Juchault, Pierre. Le Pays de Poitiers. Joué-Les-Tours :éd. Alan Sutton, 1999 )
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Cette" maison-alimentation " est suivie d'un ensemble de bâtiments rénovés où étaient installés autrefois le café-restaurant des frères Guyonneau, porche d'entrée du bal et la maréchalerie.
Peint sur le linteau de la porte charretière le mot "BAL" a été conservé.
( Cliché collection A. et M. Sapin ).
Après le café-restaurant prend place la maréchalerie Guyonneau.
Comme dans chaque bourg rural un maréchal-ferrant était nécessaire pour changer les fers des chevaux et pour remettre en état les socs des charrues.
Cliché avant rénovation. Porte charretière à arc en anse de panier très plat donnant accès au jardin permettant de parvenir à la rivière par un passage couvert.
A côté, les ouvertures de la boutique de la maréchalerie : une porte d'entrée et une large fenêtre horizontale.
On observe différents anneaux où l'on attachait les chevaux venant se faire ferrer à la maréchalerie.
** Une demeure de style original :" le Puy Mire"
© Région Poitou-Charentes - Communauté d’agglomération de Poitiers / Y. Suire, 2007.
Sur le coteau une maison isolée dite "Puy-Mire" a été bâti en 1876 et 1877. Plusieurs phases d'agrandissements et de travaux suivirent en 1907, 1920 et 1930. Le corps central du bâtiment est flanqué au sud d'une tour octogonale qui se termine par un lanternon.
Ce logis de style original s'inscrit dans un des types de l'architecture de villégiature, celui du cottage.
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